Rechercher : rêves
Autour du temps
Voilà le commentaire que j’ai déposé sur le blogue d’Alezandro il y a quelques jours:
Quel beau texte, de ceux que "l'on aimerait avoir écrit" tout en ce disant que l’on n’aurait pas fait aussi bien, aussi juste. A l'occasion et avec ton accord, j'aimerais bien le reproduire sur mon blogue.
Je le remercie d'avoir accepté ma demande.
Cadran solaire à Valbonne village, photographie Louis-Paul Fallot, juillet 2016
Les jours de joie.
La culture de l’immédiat a pris le pas sur nos existences en mouvement perpétuel et semble avoir banni pour longtemps, de nos pensées intuitives, la faculté même de nous projeter dans le temps, passé et à venir. Le temps peu à peu s’efface et notre horizon temporel, quant à lui, s’est considérablement rapproché. La vitesse rythme nos vies. Elle est devenue dans notre société un objectif constant de progrès. Toujours plus vite, se dépasser et dépasser les autres. Tel est le challenge affiché ! C’est ainsi que l’essentiel de nos activités, qu’elles soient de loisir ou de travail, est aujourd’hui basé sur l’urgence, la recherche du chemin le plus court et du résultat instantané. L’instantanéité est désormais notre grande affaire, obtenue bien souvent sous une pression qui n’en finit plus d’être inquisitrice, jusqu’au voyeurisme. L’urgence prime sur l’importance et la spontanéité sur la réflexion. C’est ainsi que vivent les hommes désormais. Nous avons inventé la civilisation du « court-termisme » et nous la célébrons tous les jours dans chacun de nos actes. Internet en est le principal vecteur et la génération qui est née avec cette technologie révolutionnaire ne peut admettre l’attente, habituée qu’elle est par l’instantanéité et la multiplication des réponses que lui propose la Toile suite à son clic inquisiteur.
Alors, par la force impalpable des choses, nous nous retrouvons emmêlés dans cet air du temps pressé que l'on a souvent bien du mal à respirer. Nous avons beau faire appel à notre mémoire quelque peu dévaluée et laissée en jachère, on ne retrouve plus facilement ces effluves d'une époque passée, qui semble, d’ores et déjà, faire partie de notre préhistoire. Mais se doit-on obligatoirement de les retrouver ces effluves pour la plupart surannés? Nous avons bâti toutes et tous des châteaux en Espagne ou ailleurs, épousé des chimères et des rêves en devenir. Nous avons connu aussi des jours de joie et construit de petites réussites personnelles ou collectives et de tout cela nous avons pleine conscience. Ce soir, sur cette place délavée par la pluie froide d’un hiver persistant (1) , les bruits de la nuit me ramènent sans compter à ces jours de joie, ces jours passés. Discrets, je sais qu'ils sont là. Ils sont ma force, mon refuge et ma ressource. Ils me visitent à leurs heures particulières et je m’appuie sur eux pour mieux imprimer ma marque sur ce temps dévastateur qui souhaiterait m’engloutir. Il faut s’empresser de vivre à son rythme tout en raillant l’air du temps sur le grand air de la fugacité !
Alezandro
(1) Voir la photo et le texte d’origine sur le blogue d’Alezandro:
"Dieu fournit le vent, à l'homme de hisser la voile." Saison II
26.02.2017 | Lien permanent | Commentaires (7)
Le choix d’une photo
Cette année, je vous invite au voyage…
Il y a les rêves de voyages et les voyages rêvés. Ceux qui transitent par un hall d’aéroport, l’horloge d’une gare, une aire d’autoroute, un port ou la place d’un village.
Il y a le voyage d’un jour et ceux aux longs cours. Celui qui dure le temps d’un regard ou de la lecture d’un roman. Celui de l’art dans une salle d’expo. Celui du rêve et de l’inconscient. Il y a ce voyage mental qui transporte vers l’imaginaire. Il y a le voyage qui mélange le souvenir et l’instant. Ce voyage là ne connaît pas l’absence et la disparition, les êtres chers en sont.
La vie est un voyage, à nous d’alléger le plus possible nos bagages.
De ne pas nous encombrer de futile, de cultiver l’essentiel.
Tout simplement aimer. La promenade littéraire, le partage d’une image, l’écriture d’encre, de lumière ou du clavier, le geste d’amitié, un baiser.
Et si nous regardions le quotidien avec l’âme du voyageur.
Extrait de Voyager sa vie
C’est la version couleur de la photo que j’ai choisie pour le Défifoto (lien en bas de Note) de ce 1er janvier dont le thème est "Ma photo 2016" . S’il n’est pas évident de ne sélectionner qu’un seul cliché (l’an passé, j’avais sur ce blogue retenue douze photos et c’était déjà difficile), je n’ai pas oublié que c'est moi qui ai proposé ce thème ! Et comme je l’avais écrit, je vais expliquer en quelques mots - les raisons de mon choix.
J’ai choisi cette photo en premier parce qu’elle symbolise cette invitation au voyage, un texte déjà écrit et publié sur ce blogue et que j’ai relu il y a quelques jours.
Ensuite parce que c’est aussi le moment où nous nous sentons vraiment en vacances Catherine et moi. Nous quittons les paysages du sud mais surtout l’autoroute pour prendre les routes de traverse vers ce qui sera notre première halte, Figeac. C’est un rituel certes mais après tant de départs différés cet été, il eu cette année 2016 une dimension particulière.
Ajoutons aussi à mon choix la beauté du lieu - en terres du Larzac - et celle de l’ouvrage, cet Art majeur qu’Hegel classa premier dans ses leçons sur l’esthétique .
Enfin, en photographie, cela se nomme la ligne de fuite qui donne à cette image de belles perspectives en guidant le regard du spectateur; les nuages passant y ajoutent une note de poésie.
Lien vers le blogue Défifoto
Aux lecteurs du Blog de Louis-Paul et à tous les participants du Défifoto, je présente mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année.
01.01.2017 | Lien permanent | Commentaires (11)
Une Note (bleue), 5 ans plus tard
Pas de « semaine bleue » sans une Note bleue bien sûr. Quelques idées sont bien écrites dans un fichier Word à l’état de brouillon mais j’ai vraiment du mal à structurer un texte cohérent, différent aussi de ce que j’ai déjà écrit sur ce blogue.
A la relecture de ce billet- La Note bleue - publié il y a cinq ans, je me rends compte qu’il correspond bien au présent de ce jour. Mais j’ai aussi relu les commentaires et j’ai aujourd’hui une perception différente concernant le choix d’une illustration ; elle me parait maintenant évidente.
J’ai par ailleurs lu avec beaucoup d’intérêt le texte du Communiqué de presse publié à l’occasion de l’exposition récente de cette œuvre - La Vie - au Musée Chagall, un prêt de la Fondation Maeght à l’occasion de son cinquantième anniversaire.
La vie, Huile sur toile,1964, 296 x 406 cm, don Marguerite et Aimé Maeght, 1964
Marc CHAGALL - Vitebsk (Russie) 1887 – Saint Paul 1985
Photographie Louis-Paul Fallot – Octobre 2009 à la Fondation Maeght
La Note bleue
Que se passe-t-il ? Je n’arrive pas à l’écrire cette Note bleue Pourtant, tout paraît si facile. Et je l’ai déjà fait vous parlant d’objets ou de souvenirs En forme de sortir de souffrance En le rêvant si fort ce bleu jusqu’à appeler ces mots "L’inconscient du bleu"…
J’ai feuilleté mes pages de clichés et y ai vu du bleu bien sûr Mais aussi plein de couleurs Du rouge du blanc ou de l’orange du noir du vert et même du gris
Que se passe-t-il ? J’ai devant l’écran vide et le clavier muet refait l’exercice de laisser aller mes pensées Elles sont devenues multicolores Et tout est devenu évident, c’était le temps !
Pas le temps d’ici ni le temps qui passe Non le temps présent, le temps du résilient Le bleu est devenu ordinaire Mais sans enlever les rêves. Il est devenu quotidien et au petit matin Il suffit de regarder le ciel
Pour voir que le bleu est multiple Il est unique comme chaque jour. Oui c’est cela j’ai enfin compris, le bleu reste bleu mais se mélange aux couleurs de la vie, multiple !
Louis-Paul, décembre 2009
26.11.2014 | Lien permanent | Commentaires (3)
Le Café ‘Ino (M Train de Patti Smith)
M Train (*) débute au 'Ino, le petit bar de Greenwich Village où elle va chaque matin boire son café noir, méditer sur le monde tel qu'il est ou tel qu'il fut, et écrire dans son carnet.
Café 'Ino, Bedford Street, 2013
Photographie © Patti Smith
Sources et liens :
Site de Patti Smith
Site de Robert Miller Gallery,
Patti Smith "Eighteen Stations"
Le Café ‘Ino
QUATRE VENTILATEURS tournent au plafond.
Le Café ‘Ino est vide, à l’exception du cuisinier mexicain et d’un gamin prénommé Zak, qui m’apporte ma commande habituelle, un toast de pain complet, un ramequin d’huile d’olive et du café noir. Je me replie dans mon coin, sans enlever ni mon manteau ni mon bonnet. Il est neuf heures du matin. Bedford Street, la ville s’éveille. Ma table, flanquée de la machine à café et de la baie vitrée qui donne sur la rue, m’offre un sentiment d’intimité, je peux me retirer dans mon monde.
En cette fin novembre, le petit café paraît glacial. Alors pourquoi les ventilateurs tournent-ils ? Peut-être que si je les fixe suffisamment longtemps du regard, mon esprit se mettra lui aussi à tournoyer.
Ce n’est pas si facile d’écrire sur rien.
Extrait de la page 15, M Train de Patti Smith, traduit de l'anglais (États-Unis) par Nicolas Richard, Gallimard
(*) M Train, Patti Smith
Patti Smith a qualifié ce livre de « carte de mon existence ». En dix-huit « stations », elle nous entraîne dans un voyage qui traverse le paysage de ses aspirations et de son inspiration, par le prisme des cafés et autres lieux qu'elle a visités de par le globe.
M Train débute au 'Ino, le petit bar de Greenwich Village où elle va chaque matin boire son café noir, méditer sur le monde tel qu'il est ou tel qu'il fut, et écrire dans son carnet.
En passant par la Caza Azul de Frida Kahlo dans la banlieue de Mexico, par les tombes de Genet, Rimbaud, Mishima, ou encore par un bungalow délabré en bord de mer, à New York, qu'elle a acheté juste avant le passage dévastateur de l'ouragan Sandy, Patti Smith nous propose un itinéraire flottant au cœur de ses références (on croise Murakami, Blake, Bolaño, Sebald, Burroughs.) et des événements de sa vie.
Écrit dans une prose fluide et subtile qui oscille entre rêve et réalité, passé et présent, évocations de son engagement artistique et de la perte tragique de son mari - le guitariste Fred « Sonic » Smith -, M Train est une réflexion sur le deuil et l'espoir, le passage du temps et le souvenir, la création, les séries policières, la littérature, le café. Après Glaneurs de rêves, Patti Smith nous propose un nouveau livre inclassable, profondément sensible et sincère, illustré par les photographies en noir et blanc qu'elle prend depuis toujours, et qui confirme qu'elle est l'une des artistes actuelles les plus singulières et indépendantes…"
(Extrait du texte de présentation en rabat de la page de couverture.)
05.11.2017 | Lien permanent | Commentaires (7)
Deux écrits pour une photo
Deux écrits pour une photo
Comme je l’ai déjà fait avec d’autres belles plumes, voici les textes de Tiphaine et Didier qui ont chacun écrit à partir de l’une de mes photos que je leur avais transmise (sans bien sûr aucune légende). Merci à eux.
Homme de…
Je suis un homme de papier, Je te regarde, droit dans les yeux, je n'ai aucun secret pour toi. Tu peux me détailler, rien ne s'y oppose, Tout est là, fléché, tu n'as qu'à suivre le sifflet. Repos. Je suis un homme de papier, Tu peux me porter, me prendre, me froisser, me déchirer, Je te regarde, droit dans les yeux, je n'ai aucun secret pour toi. Je suis l'homme que tu ne seras jamais, Je n'ai besoin d'aucun artifice, aucun habit, même, Je suis tout ce que tu veux que je sois : Pour toi animal, tendre, sauvage, autoritaire même si tu veux. Repos. Je peux être celui qui te protège, Te séduit. Je peux être qui t'attire, Te nargue de sa morgue. Et celui qui te suit, toujours le suis. Tu crois que c'est toi qui me regardes Mais tu ne vois que du papier, Homme de peu de poids...
Tiphaine Touzeil
6 574 jours
Je lui avais dit rendez-vous à l’arbre violet mais je n’avais pas pensé que ce serait boueux à ce point. Je suis arrivé en avance, une vieille habitude prise depuis ce jour-là. Le temps de m’extirper de la voiture, mains moites, tempes en sueur, jusque dans le dos parfois. Mais pas là. Pas aujourd’hui. Il est arrivé en retard et nous avons roulé quelques instants. Ce n’était pas facile de se frayer un chemin, et on virait de droite, de gauche. Je n’étais pas certain de pouvoir tenir le rythme. C’est à l’ornière suivante, gorgée d’eau, que j’ai décidé de le lui annoncer. Je l’ai regardé. J’ai sorti la photo de ma poche. Je la lui ai tendue. Il a regardé, longtemps. M’a regardé. A de nouveau regardé la photo, sourcils froncé. Puis il a vu mon sourire. Il a failli tomber de sa chaise. Il ne m’avait quasiment jamais vu sourire et j’étais moi-même assez stupéfait pendant qu’il reprenait place.
- Je ne pleure plus, je lui ai dit. Ca s’est arrêté, d’un coup. Trente ou quarante fois par jour, je la regarde sa photo et quasiment tout le temps je pleure. Enfin je pleurais. Et hier, ça s’est arrêté. D’un coup. J’ai regardé encore plein de fois. Mais ça ne pleurait plus. Je ne pleurais plus. Il s’est mis à pleurer en retour. Je ne m’y attendais pas. Tout à mon bonheur trouvé, je n’avais pas pensé à sa réaction. Mais il dit aussitôt, je suis heureux, Eric, je suis heureux. Pour toi. Pour moi aussi, depuis le temps que j’attendais ça. Tu sais que je compte les jours ? Tous les jours ? Tu sais combien de temps ça fait ? Je ne le savais pas. 6574 jours ! 6 574 jours !!! Je n’en revenais pas. J’avais mis 6 574 jours à accepter que jusqu’à la fin de mes jours, je serais handicapé, coincé dans ce fauteuil roulant, que jamais je ne remettrais mes baskets, que jamais je n’aurais l’allure d’un rutilant gaillard issu d’un boys band. 6574 jours à refuser l’accident, qui pourtant tournait chaque nuit dans mes rêves. Sauf hier où tout s’était arrêté. Je pouvais repartir d’un bon pied. Façon de parler.
Didier Jacquot
Liens :
Le blogue de Tiphaine: À présent (parce ce que c’est)
Le blogue de Didier: Un carnet bleu – du bleu de toutes les couleurs.
Photographie Louis-Paul Fallot
23.01.2014 | Lien permanent | Commentaires (6)
Les cabanes
La Cabane d’Hyppolite. (Finistère)
(Albums photos en cliquant sur les liens)
La Pointe courte. (Hérault)
Les Cabanes
Deux lieux, de Bretagne et de Méditerranée. Qui ne se ressemblent pas et pourtant je les associe dans mes pensées. Deux endroits : On m’y a guidé pour l’un, amené pour l’autre. Deux sites, chargés d’histoire. Pas la « grande » mais celle des hommes et des femmes dont on ne parle pas dans les livres d’école ; des histoires de gens et plutôt ceux de Victor Hugo que de la presse people. Deux séries de photos…De cabanes, l’une isolée sur le chemin côtier, les autres serrées sur une digue qui s’enfonce dans l’eau. Deux personnes que je remercie.
Merci à Michèle et à sa famille de nous avoir raconté l’histoire d’Hippolyte, son Papa, de nous avoir indiqué le chemin qui mène à la Cabane et de nous en avoir ouvert la porte.
Merci à Karine de nous avoir fait découvrir cette Pointe courte; d’avoir senti que c’était là qu’il fallait nous amener.
Deux lieux donc associés pour rédiger cette Note :
Les deux ont bien failli disparaître. Des artistes se sont servis de leur talent pour qu’il en soit autrement. Ils ont accompagné les combats des populations locales pour empêcher leur destruction. Ils en on fait des décors de films ou de romans, des peintures et des partitions musicales, des photographies d’art et des poèmes… Qui ont immortalisé ces lieux ! Ils ont sans doute ainsi aidé à les préserver.
Nous sommes loin ici des lieux étoilés des guides touristiques. Où les aménagements - payants la plus part du temps- ont fait disparaître le naturel ; où la part de rêve s’est évanouie ; où les "rencontres" ne s’y font plus qu’en langues étrangères.
Ces lieux d’ailleurs et de nulle part dont je vous parle aujourd’hui nourrissent mes rêves. Ces cabanes me ravissent : L’une, sur sa falaise fût un bistrot face à l’océan. Les autres sont brinquebalantes sur l’étang salé et sentent l’odeur des vieux filets qui sèchent au vent. Toutes nous racontent des histoires de pêcheurs, renferment les joies et peines d’hommes aux visages burinés par les embruns de l’ouest ou la tramontane du sud. Les artistes aiment s’y rendre, et puisque mes deux guides m’y ont invité, j’en livrerais ici et là ma vision photographique. Une façon aussi de les remercier.
Je n’oublierais pas la Cabane d’Hyppolite.
Je n’oublierais pas La Pointe courte.
LIENS
La Cabane d’Hyppolite :
Durant notre séjour à Quimperlé, j’ai pu admirer chez Michelle le magnifique travail artistique d' André Jolivet et de Bruno Genest qui se compose de photos retravaillées à la peinture acrylique et à l'encre de chine, et de textes courts écrits de la main du poète. Et en revenant de Bretagne l’an passé, je me suis empressé de commander et de lire le livre de Marie Le Drian du même nom.
La Pointe Courte:
J’ai entendu durant notre après-midi en ce lieu parler les habitants de cinéma. Mes recherches sur Internet à mon retour m’ont permis de découvrir le film d’Agnés Varda, réalisé en 1955 avec pour acteurs Sylvia Montfort, Philippe Noiret et les habitants du village. Quelques années plus tard, la réalisatrice est revenue à La ¨Pointe courte dont l’on peut en voir la vidéo sur Internet. Il me reste à voir le film, considéré comme précurseur de ce que sera la Nouvelle Vague, et dont le montage est signé…Alain Resnais.
A lire Les racines de la Pointe Courte.
19.10.2011 | Lien permanent | Commentaires (12)
Transparence
Une invitée surprise hier soir vers 22h30. Je n’avais encore jamais vu une libellule voler la nuit. Encore moins dans une cuisine!
J’ai fait des recherches, après avoir fait quelques clichés de "l'évènement". (La photo ci-contre n'est pas en N&B...)
J’ai eu ma réponse sur le site du Muséum d’histoire naturelle de….Nantes. (Non, je ne l’ai pas fait exprès !)
Alors si vous voulez tester vos connaissances sur les libellules, cliquez pour faire le quizz que le site nous propose.
Puis je me suis dit que peut-être la demoiselle était venue me souhaiter de bonnes vacances. M’inviter à me poser. Comme sa consœur dont la photo - extraite de mon livre – illustrait mon billet de l’an neuf.
J’ai relu cette Note, "Se poser"assez content à mi parcours de 2010 du devenir de ces résolutions.
Qu’il est bon de relire de temps à autre quand la vie s’emballe, que les évènements non prévus viennent troubler l’équilibre émotionnel que je me construis un jour à la fois depuis le 23 septembre 2003.
J’ai éteins la lumière, la belle venait s’y cogner contre le luminaire ; je ne voulais surtout pas qu’elle vienne s’y brûler les ailes ! Mais malgré la porte du balcon ouverte, elle n’a pas trouvé seule son chemin. Délicatement, je l’ai aidé à retrouver les airs de la liberté.
Se poser, me poser écrivais-je le 1er janvier sur ce blogue
Laisser son corps se reposer, ses pensées s’alléger
Rendre son âme disponible et cultiver sa sérénité.
Sur un banc un instant, et qu'importe le lieu et le temps.
Le temps d’un mercredi soir , coupure bienvenue d’un milieu de semaine ;
d’une minute, pour un cliché d’une photo pensée.
Le temps d’une semaine
sur un bord de mer ou de fleuve, d’ici ou d’ailleurs.
Le temps d’un trajet, banquette arrière d'un transport en commun.
Mais se poser n’est pas « ne rien faire ».
C’est faire autrement en prenant son temps
C’est méditer en admirant une fleur des champs
C’est sourire au visage d’un enfant
Tendre une main offrir un sourire
C’est lire un roman, et revenir sur la page,
De la valse des mots qui en feront l’histoire.
Laisser aller ses pensées entre rêves et réalités
C’est cette œuvre d’art, tableau ou photo
Qui nous fait voyager.
C’est aussi écouter les autres, confronter son égo
Sans préjugés ni juger préférer partager. (…)
En toute transparence comme les ailes de la libellule. Ce que j’appelle honnêteté et que je m’essaye à appliquer avec le plus possible d’humilité. Honnêteté, humilité, les deux mots que je ne dois jamais oublier, clés de mon rétablissement et de cette recherche de sérénité.
Voilà encore quelques lignes écrites dans ce petit matin que j’aime.
Les premières de ce premier jour de vacances. Dans les jours à venir, j’écrirais mes notes de vacances sur un autre carnet, manuscrit. J’oublierais un peu ce clavier puis dans quelques temps reviendrais ici en partager quelques pages avec vous.
Des pages estivales que je vous souhaite belles, où que vous soyez, sur une route ou un chemin, dans une ville ou un village, sur une plage ou un rocher, au travail ou en vacances...Devant votre écran peut-être, dans ce que j’ai nommé « Au pays du Blog ». Et en écrivant cette ligne, j’ai des pensées particulières, Gazelle, Océania, DA…
Si vous passez par ici, peut-être aurez-vous envie de lire ou relire quelques unes de ces Notes faites de Mots et Photos que je dépose sur ce Carnet.
Où encore sur PhotosLP, sur Les Saisons… Les liens sont ci-contre.
Merci de vos passages, de vos commentaires.
Que vous partiez ou non, je vous redis bel été.
10.07.2010 | Lien permanent | Commentaires (20)
Mes ”Che”
50ème anniversaire de la révolution cubaine, un film ce mercredi et la chanson de Souchon, le Che fait de nouveau l’actu en ce début d’année !
Le Che donc et pour les uns, le chantre de la révolution permanente et pour d’autres un personnage peu fréquentable. Pour beaucoup une icône sur un tee-shirt porté sans vraiment savoir qui était l’homme au béret étoilé ! Car qui connaît vraiment Ernesto « Che » Guevara ?
Et de quel Che parle-t-on ?
De l’homme à la motocyclette et écrivain, du sportif, du médecin, de l’homme d’état cubain, de l’ « exportateur » de révolutions? Je rajoute du photographe avec ce superbe cliché pris sur une plage mexicaine.
Photo : Che Guevara
Avant d'être commandant, j'étais photographe.
Je n’ai évidemment pas la prétention de faire ici le portrait de cette figure historique du continent américain. J’ai juste un peu le savoir de celui qui a lu quelques uns de ses écrits, et s’est intéressé de très près à cette période de l’histoire.
Ma vision n’est pas plus objective qu’une autre, mes mots sont ceux d’un homme marqué par une quête d’idéal, d’un monde meilleur et d’une période de sa vie qu’il ne renie pas.
J’ai porté le tee-shirt, effigie blanche sur fond noir et ce n’était pas très bien vu à l’époque !
Il m’a fallu du temps pour me séparer ce cette "relique " achetée en 1968 et j’avoue en avoir un nouveau dans mon placard.
J’ai scandé son nom sur les pavés parisiens, associé à celui d’Ho Chi Min dans les manifestations anti-américaines des années 70, anti-impérialiste, disais-t-on. J’ai étudié cette « révolution permanente ».
Et j'avoue continuer de fredonner de temps à autre l’indémodable Hasta siempre.
J’ai changé après m’être brûlé les ailes faute de ne pouvoir façonner un monde rêvé. Aujourd’hui, je porte un regard plus lucide sur les idéologies et mon égo se contente des choses que je peux changer, plus humbles et moins idéalistes.
Je garde mes rêves. Et mes souvenirs de belles rencontres, de belles images.
La photo de Korda me plaît toujours autant.
Peut-être vous raconterais-je une autre fois l’histoire de ce cliché qui a fait le tour du monde.
LIENS:
Je n'ai n'ai pas voulu, pour le confort de lecture de cette Note, insérerer de liens hyper-texte mais juste ci-après deux liens directs:
Voyage à motocyclette, un livre écrit par Ernesto Che Guevara et adapté au cinéma par Walter Salles.
Les Photos de Che Guevara ont fait l'objet d'expos , (pas vues) mais sur ce lien, quelques clichés dont celle de cette Note.
07.01.2009 | Lien permanent | Commentaires (34)
”Vu du balcon” ou l’histoire d’une série photographique
Il y a exactement un an, je quittais le centre ville de Cagnes pour m’installer au Cros. Émerveillé par le spectacle sans cesse renouvelé qui s’offrait à mes yeux, je commençais alors une série de photos sans me douter qu’elle deviendrait le fil conducteur d’une partie de mon activité artistique durant les mois à venir.
le 3 février 2016 à 13h15
Il y a exactement un an, je quittais le centre ville de Cagnes pour m’installer au Cros. Émerveillé par le spectacle sans cesse renouvelé qui s’offrait à mes yeux, je commençais alors une série de photos sans me douter qu’elle deviendrait le fil conducteur d’une partie de mon activité artistique durant les mois à venir.
le 27 février 2015 à 22h07
Dans le texte de présentation de mon expo à PhotoMenton en novembre de l’an passé, j’écrivais: C’est d’un point d’observation légèrement en hauteur que j’ai réalisé ces photographies. Toutes sont prises en cette année 2015. Les couleurs sont réelles, celles des heures – des quelques minutes devrais-je dire – que tout photographe affectionne, de début ou de fin de jour. Ce sont des ciels, nuages, lune et soleil… sur fond de méditerranée entre le port du Cros et le Cap d’Antibes.
le 22 octobre 2015 à 8h04
Je faisais alors un premier choix et réalisais une série d'agrandissements en 40x60 qui seront exposés à Menton en novembre 2015 puis, pour certains d'entre eux en février 2016 à la Librairie Niçoise .
le 29 août 2015 à 20h47
J’ai aussi partagé mes photographies sur les réseaux sociaux et l’une d’elle a été publié dans un mensuel monégasque ; cela m’a inspiré un billet "où il est question d’une photo, des réseaux sociaux et de la presse ". Je m’émerveillais de pouvoir assister chaque matin au lever du soleil. Changeant chaque jour, des collines niçoises au clocher de la chapelle St Pierre, du port du Cros ou de l’horizon de la Méditerranée. Remarquée par un éditeur, une autre photo fut choisie pour illustrer en double page l’avant-propos d’un ouvrage consacré à La vitesse de la Lumière.
le 28 juillet 2015 à 6h42
Je ne me suis jamais lassé de ce spectacle des levers et couchers de soleil, des lunes et autres ciels ou nuages …de ces moments qui ne durent qu’un instant mais qui illuminent une journée ou bercent d’images les rêves. Au moment où j’écris ces lignes, je suis loin d’avoir fini de trier et classer toutes les photos de cette thématique. Et si je continuerai à en prendre de temps en temps, elles iront désormais rejoindre un autre album, celui de mes photos du Cros: L'album (les albums) des bords de mer,des pêcheurs du port, des ruelles…. les photos de ce village que je photographie depuis les années 80.
le 28 avril 2015 à 10h05
Photographies Louis-Paul Fallot, "Vue du balcon", photographies 2015 - 2016
26.02.2016 | Lien permanent | Commentaires (11)
Pour que tu ne te perdes pas dans Kerné
L’histoire se passe l’an dernier, en un lieu de Bretagne où j’ai passé des étés, enfant. Le lieu se nomme Kerné, est situé sur la partie dite Côte sauvage de la presqu’ile de Quiberon. Nous sommes Catherine et moi avec des amis et je joue un peu au "guide" pour mon petit monde. Mais si eux admirent le paysage - comme chacun de nous le fait en découvrant une région - c’est loin d’être mon cas. Je cherche.
Je cherche quelque chose qui n’existe plus ou du moins plus comme "avant"…Pourtant, dans mon inconscient, ce sont mes souvenirs qui me servent de guide. Et ils me déroutent ces souvenirs au point d’en perdre mon chemin…
Ils sont tenaces ces souvenirs d’enfant. Une fois le séjour terminé, j’ai comme effacé ces images nouvelles et bien réelles d’aujourd’hui et gardé - presque intacte- celles ancrées au plus profond de ma mémoire. Comme dans ces remakes - souvent décevants - d’un film et que l’on oublie la séance terminée pour mieux garder en mémoire celles du chef d’œuvre d’origine…
Pas besoin des services d’un psy pour que je comprenne cet état qui pour certains sera peut-être assimilé à de la nostalgie.
Dans tous les souvenirs d’enfance, il y a une part d’énigme, créée par le regard de l’enfant lui-même sur ce qui l’entoure explique Patrick Modiano dans l’entretien que l’on peut lire sur le site des éditions Gallimard à l'occasion de la parution de Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier et que j’ai lu récemment (*). Toujours dans le même entretien l’écrivain explique qu’il est difficile d’être son propre biographe. "L’entreprise autobiographique entraîne de grandes inexactitudes puisque l’on pèche souvent par omission, volontairement ou non. Et même si l’on cherche à être exact et sincère, on est condamné à une «posture» et un ton «autobiographique» qui risquent de vous entraver. Je crois que pour en faire une œuvre littéraire, il faut tout simplement rêver sa vie – un rêve où la mémoire et l’imagination se confondent."(*)
C’est après avoir lu "Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier" que m’est revenu cet épisode de vacances. Presque un an plus tard, l’émotionnel n’est plus un obstacle à écrire ces lignes. Le soir, nous avons quitté Quiberon par une autre route et avons traversé le village de St Julien. Là où nous menais le chemin que nous prenions de Kerné pour nous rendre à la mer. La chapelle est toujours là, l’endroit ici semble ne pas avoir trop changé. Tout s’est remis en place : Les portes et volets rouges, le grand figuier et le champ rempli de doryphores, les parties de Lexicon et celles de Jokari, le cinéma ambulant sur la place, la route vers Quiberon et le passage étroit à l’entrée de Kerné, la lande traversée pour les après-midi de plage...
L’enfant a repris ses droits, ceux des rêves éveillés et des souvenirs si doux.
(*) Entretien réalisé avec Patrick Modiano à l'occasion de la parution de Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier © Gallimard 2014.
25.06.2015 | Lien permanent | Commentaires (8)