La Flamme
16.09.2009
Une certaine actualité, des mots poignants écrits sur des Blogs amis, un autre visité m’ont amené à lire un peu de Bachelard ces derniers soirs. Je m’y sens bien dans ses textes, tout comme dans ceux de Jung.
"Entre toutes les images, les images de la flamme –les naïves comme les plus
alambiquées, les sages comme les folles- portent un signe de poésie. Tout rêveur de
flamme est un poète en puissance. Toute rêverie devant la flamme est une rêverie
qui admire. Tout rêveur de flamme est un état de rêverie première. Cette admiration
première est enracinée dans notre lointain passé. Nous avons pour la flamme une
admiration naturelle, on ose dire : une admiration innée. La flamme détermine une
accentuation du plaisir de voir, un au-delà du toujours vu. Elle nous force à
regarder.
La flamme nous appelle à voir en première fois : nous en avons mille
souvenirs, nous en rêvons tout à la personnalité d’une très vieille mémoire et
cependant nous en rêvons comme tout le monde, nous nous souvenons comme
tout le monde se souvient –alors, suivant une des lois les plus constantes de la rêverie
devant la flamme, le rêveur vit dans un passé qui n’est plus uniquement le sien, dans
le passé des premiers feux du monde."
La flamme d’une chandelle, Gaston Bachelard,
Presses Universitaires de France
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14 commentaires
C'était le cas, quand nous avions encore les lampes à pétrole !! Nous nous en sommes souvent servi pendant la guerre avec le black-out.
Bonne journée.
Photo tout en rondeur … avec cette mise en valeur de la flamme qui égaye nos souvenirs.
Quand je visite les églises, samedi dernier encore, je ne peux m'empêcher de m'arrêter devant les veilleuses … Pour quelles âmes brûlent-elles ? Des marins à jamais disparus … ou ceux que l'on espère revoir ?
Il me manque aussi les feux de bois quand j'habitais à la campagne, et cette chaleur douce ou brulante mais toujours rassurante.
@Mon autre Note attendra donc encore un peu...
On ne peut que se sentir comme chez soi avec Bachelard, si proche, si humble, si humain.
Une flamme qui brille dans la pénombre et éclaire nos jours.
"Tout rêveur de flamme est un poète en puissance. Toute rêverie evant la flamme est une rêverie qui admire." (La flamme d'une chandelle)
Je les regarde souvent ces petites flammes dans les églises, et je les allume...
J'aime ces mots ""Tout rêveur de flamme est un poète en puissance"
Merci Louis-Paul
Bises
Une flamme apaisante, que je qualifierai "de vie" puisque je ne suis pas croyante. Je pense à Gazelle, ce matin.
Ma nouvelle cheminée est allumée, pour réchauffer un peu la maison, et je me détends en regardant les flammes...
bonsoir L P !! ah ! il est vrai que les images délicates et belles sont à nos yeux les mirant autant de flammes , les naïves , les alambiquées,comme les plus frivoles, colorées ou sombres nous mettent en joie !! merci pour celà !
belle soirée L'Oeil !
Heureuse coincidence puisque j'ai écrit sur le relais de la flamme aujourd'hui! Flamme de vie que l'on espère transmettre... flamme-énergie qui se consume à petit feu... flamme lumière pour éclairer nos chemins obscurs...
C'est vrai qu'une flamme c'est captivant et la flamme d'une chandelle se prête bien à la méditation.
Bachelard , Jung de saine lecture !
Amitiés
Oupss saine(s) lecture(s)
J'apprécie chaque flamme qui éclaire un bon livre avec de bonnes lectures, j'avais appris à lire avec la lampe à pétrole (et oui...) merci LP tu nous éclaires de ta passion aussi de magnifiques textes, confortés par de bons commentaires qui me plaisent.
Pour changer car il n'y a pas que Bachelard et Jung
ce court poème de Ponge que j'aime particulièrement
La Bougie
La nuit parfois ravive une plante singulière dont la lueur décompose les chambres meublées en massifs d'ombre.
Sa feuille d'or tient impassible au creux d'une colonnette d'albâtre par un pédoncule très noir.
Les papillons miteux l'assaillent de préférence à la lune trop haute, qui vaporise les bois. Mais brûlés aussitôt ou vannés dans la bagarre, tous frémissent aux bords d'une frénésie voisine de la stupeur.
Cependant la bougie, par le vacillement des clartés sur le livre au brusque dégagement des fumées originales encourage le lecteur, - puis s'incline sur son assiette et se noie dans son aliment.
Francis Ponge, Le parti pris des choses Gallimard 1942
J'adore la chute.
Ceci dit les mots de Bachelard ont été les bienvenus Louis-Paul
Merci encore
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