Soutenir la création artistique, pourquoi ? (27.02.2014)



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Nous évoquons souvent sur nos blogues les livres, les films, les spectacles que nous avons aimé, ceux qui restent longtemps après gravés dans notre mémoire. Nous achetons des livres, nous écoutons de la musique, nous fréquentons des musées, des salles de spectacles et d’expositions…Nous aimons l’Art et l’art nous le rend bien.
Pour certains dont je fais partie, l’art est aussi résilience. L’Art est  l’une des raisons d’être de mon blogue
Tout cela n’est possible que parce qu’il existe des libraires, des éditeurs, des acteurs, des créateurs, des chanteurs,  des techniciens, des administratifs…et tant d’autres, souvent méconnu ainsi que leur travail. Car ce n’est qu’une minorité qui accède au haut de l’affiche, encore moins à ce hit parade des gros cachets  que  régulièrement les médias aiment publier !  Dans ce monde de la culture il y a beaucoup d’intermittents du spectacle. Je connais, de ma proche famille. 

 

L’art  n’est pas que culturel, c’est aussi  un atout social et économique.
J’ai lu dans une Note qu’a publié sur son blogue  Jean Pelletier ce  Petit portrait économique du secteur culturel (spectacle vivant, patrimoine, arts visuels, presse, livre, audiovisuel, publicité, architecture, cinéma, industrie de l’image et du son, accès aux savoirs et à la culture (bibliothèque, archives…). 
Il cite quelques chiffres, très parlants:

670 000 personnes y travaillent (2,5% de l’emploi total en France),

Un PIB culturel de 57,8 milliards d’euros (3,2% de la richesse nationale),

soit l’équivalent de l’agriculture et des industries alimentaires (60,4 milliards), le double des télécommunications (25,5 milliards), sept fois celui de l’industrie automobile (8,6 milliards),

Le spectacle vivant représente 8,8 milliards d’euros, le patrimoine 8,1 milliards,

Les arts visuels et la presse génèrent chacun 5,7 milliards, le livre 5,5 milliards,

l’audiovisuel et la publicité, 5,1 milliards chacun,les industries de l’image et du son 3,4 milliards, l’accès au savoir et à la culture 2,3 milliards,l’architecture 4,4 milliards, le cinéma (3,6 milliards.

 « Le cabinet privé Ernst Young (en novembre 2013), avait évalué, de son côté, le chiffre d’affaires direct des industries culturelles et créatives (ICC) à 61,4 milliards d’euros.

 De quoi pouvoir négocier pied à pied avec tous ceux qui pensent pouvoir contingenter la culture, au titre qu’elle coûterait trop chère et rapporterait peu. » poursuit-il  dans son billet.

 

S’il  faut donc se réjouir des prises de positions de la ministre de la Culture Aurèlie Filippetti ainsi que de celles de Laurence Parisot  au sujet des dernières prises de position du MEDEF  sur le régime des Intermittents, force est de constater que la  culture en France ne va pas bien.

Beaucoup de ce qui avait été construit patiemment se fissure, voire se casse et risque même de disparaître écrit Jack Ralite, ancien ministre, animateur des Etats généraux de la culture,  avec Catherine Tasca, sénatrice et  ancienne ministre de la Culture et Dominique Blanc, comédienne,  dans un  courrier à l’intention de François Hollande, texte signé par de nombreuses personnalités.

Le patrimoine dans sa diversité, le spectacle vivant dans son pluralisme, l’écriture, les arts plastiques, les arts de l’image et l’action culturelle sont en danger. Faute de crédits suffisants, de personnels, de négociations, de considération et de reconnaissance du travail humain, du respect des métiers, se répandent des malaises, des souffrances, des colères. » (…) L’urgence est de stopper l’agression contre « l’irréductible humain », là où la femme, l’homme trouvent le respect d’eux-mêmes et le pouvoir de reprendre force contre tous les raidissements normatifs, les coups de pioche, le mépris, l’arrogance.  Il est temps à ce « moment brèche » d’accomplir la fonction du refus à l’étage voulu. Il y a besoin d’une nouvelle conscience alors que croît la tentation de réduire la culture à un échange : j’ai produit, tu achètes. La culture se décline au contraire sur le mode : nous nous rencontrons, nous échangeons autour de la création, nous mettons en mouvement nos sensibilités, nos imaginations, nos intelligences, nos disponibilités  peut-on encore lire dans ce texte.

 Il est important de manifester notre soutien aux intermittents du spectacle.
Il est  aussi  judicieux  de (re) lire ce discours de Victor Hugo de 1848   quand  il  montait  à la tribune de l’Assemblée nationale (séance du 10 novembre)  pour dénoncer la  réduction du  "budget  spécial des lettres, des sciences et des arts" (aujourd’hui budget du ministère de la culture) :

« On pourvoit à l'éclairage des villes, on allume tous les soirs, et on fait très bien, des réverbères dans les carrefours, dans les places publiques ; quand donc comprendra-t-on que la nuit peut se faire aussi dans le monde moral, et qu'il faut allumer des flambeaux pour les esprits ! »

 

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