Mai 2011 (30.05.2011)
"Le long du vieux faubourg, où pendent aux masures
Les persiennes, abri des secrètes luxures,
Quand le soleil cruel frappe à traits redoublés..."
Il fût drôle ce mois de mai. Le temps d’abord, un temps d’été - disons de juillet - avec ses premières grosses chaleurs, et la carte des départements de France qui vire chaque jour un peu plus vers l’alerte sécheresse.
Je regarde mes séries photographiques de ce mai 2011. Mai a fait exploser une nature qui déjà avait pris en avril ses quartiers printaniers. Et si je trouve bien verte l’herbe des prés de Haute-Provence, celui qui chaque jour les sillonne avec son tracteur me parle d’une sécheresse prévisible que je ne vois pas… Le lilas a bien vite « grillé » sous les rayons persistants de l’astre et les fruits ont mûris avant l’heure, nous offrant au printemps nos désserts d’été.
Sur la côte cette année, seules quelques gouttes de pluies ont mouillé les rues de Cannes. Tout fout le camp même le traditionnel mauvais temps du Festival. Il fait bon se baigner et la température de l’eau de mer affiche les vingt degrés.
Ce sentiment d’un été avant l’heure se renforce au fur et à mesure que défilent mes clichés. Une fête de village, des volets clos dans une ruelle déserte en début d’après-midi, des terrasses de café bondées, des aires d’autoroute encombrées…
Oui, il fût drôle ce mois de mai et les conversations aussi, aux machines à café. Que penses-tu de l’affaire… ? Est-il ou pas ?… et de me regarder comme un extra-terrestre quand je réponds que je ne sais…Que l’écoeurement me suffit et que pour le reste, j’attends. Il me semble juste que beaucoup d’hommes publiques aurait été bien inspiré d’en faire autant, c'est-à-dire de se taire. Et tant mieux par contre si d’autres - femmes, enfants, victimes des deux sexes - ne se tairont peut être plus à l’avenir.
Oui, il a fait chaud sur la Côte d’Azur et pourtant, une nuit de mai, les écrans télé sont devenus des écrans de neige. Brouillés pour cause d’arrêt des émetteurs qui pour certains auront du mal à passer d’une époque à une autre, de l’analogique au numérique.
J’ai pu observer de près la détresse de ces personnes fragilisées par l’âge ou le handicap ; me rendre compte de l’importance d’une image et d’une voix quant on est isolé, même dans le bel immeuble d’un beau quartier. J’ai entendu des suppliques pitié faites que cela marche et vu une fois de plus les bienfaits que pouvaient rendre les agents de service publique.
J’ai déroulé mon album en cette fin de mois, de photos pixellisées ou mentales. De ce mois de mai qui ressemble à juillet. J’ai revu - dans la tristesse de certaines nouvelles touchant des proches- d’autres étés qui n’existeront plus jamais.
J’ai aussi reçus des photos. J’y ai vu de l’amour dans une salle comble du Cros de Cagnes, autour d’amis fêtant des anniversaires de nouvelles vies sans produits.
J’ai écrit comme je ne l’avais plus fait depuis quelques longs temps ; et j’ai envie de relire Baudelaire, son hymne au Soleil qui "s’introduit en roi, sans bruit et sans valets, Dans tous les hôpitaux et dans tous les palais."
PhotosLP Fallot-Mai 2011
Haut de Note: Le vieux quartier de Puget-Théniers
Corps de Note: Village de Fos sur Mer
Bas de Note: Haut de Cagnes
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| Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : mai, provence, photo, écriture, baudelaire | 22:19 | Facebook | Imprimer
Commentaires
Beaucoup de portes et de fenêtres fermées en photo, mais un beau billet ouvert.
Écrit par : godnat | 30.05.2011
Il fait chaud partout je pense.... Les persiennes chez mes parents nous pouvions fermer ou ouvrir les claire-voies...Ce qui permettait de guetter qui venait.... Sourires......pratique pendant l'occupation tout de même...
Belle journée.
Écrit par : patriarch | 31.05.2011
Très jolie note Louis-Paul ,et j'adore ta première photo !
Je t'embrasse
Écrit par : noelle | 31.05.2011
tu as raison pour tout ;le soleil ,toutes ces fleurs et fruits bien trop en avance et cette monstrueuse histoire en Amérique ;
comme nous avons pu être bernés et comme certains ont failli mettre une belle bêtise dans l'urne !!! OUF !
tes photos sont belles,comme d'hab. et ton texte m'a fait du bien à le lire ;
même un grand bien ,j'en ai besoin en ce moment;
merci et bonsoir,
Écrit par : ani | 31.05.2011
J'aime beaucoup tes réflexions dans ce billet. Chez vous c'est la sécheresse et ici ce sont les inondations. Les rares journées ou il fait beau, faut couper le gazon et mon lilas a rouillé.
Écrit par : Solange | 01.06.2011
oui, drôle de "mai", drôle d'hiver, drôle d'accueil aux légitimes révolutions arabes, drôle de France... Jamais je ne me plaindrais du soleil de Baudelaire, il me console de tout... (un beau billet Louis-Paul...)
Écrit par : eva | 01.06.2011
Comme j'ai te lire L.P. J'ai aimé ton mois de mai qui ressemble à Juilllet. Beaucoup de sensibilité dans ce billet. Tu m'a aimé. J'ai aimé aussi ce mai d'été à Cergy et surtout les soirées au jardin, moment de détente après des journées bien remplies. Ce fut un mai doux, lumineux. Ici c'est la sécheresse totale. Je n'ai jamais vu la terre aussi craquelée et j'espère que Juin apportera un peu de pluie. Bises
Écrit par : Martine / Eglantine | 02.06.2011
Mon oeil et mon esprit se nourrissent de textures, de couleurs, des ombres et des lumières, soleil, que serions-nous sans lui, que serais-je sans Baudelaire également...j'aime beaucoup tes clichés :)))
Bises
Écrit par : karine | 08.06.2011