10.04.2013
Paysage (Un poème de Baudelaire)
Paysage de Provence, Châtreauneuf de Grasse, avril 2013
Photographie Louis-Paul fallot
Paysage
Je veux, pour composer chastement mes églogues,
Coucher auprès du ciel, comme les astrologues,
Et, voisin des clochers, écouter en rêvant
Leurs hymnes solennels emportés par le vent.
Les deux mains au menton, du haut de ma mansarde,
Je verrai l'atelier qui chante et qui bavarde ;
Les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité,
Et les grands ciels qui font rêver d'éternité.
Il est doux, à travers les brumes, de voir naître
L'étoile dans l'azur, la lampe à la fenêtre,
Les fleuves de charbon monter au firmament
Et la lune verser son pâle enchantement.
Je verrai les printemps, les étés, les automnes ;
Et quand viendra l'hiver aux neiges monotones,
Je fermerai partout portières et volets
Pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais.
Alors je rêverai des horizons bleuâtres,
Des jardins, des jets d'eau pleurant dans les albâtres,
Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin,
Et tout ce que l'Idylle a de plus enfantin.
L'Émeute, tempêtant vainement à ma vitre,
Ne fera pas lever mon front de mon pupitre ;
Car je serai plongé dans cette volupté
Charles Baudelaire,LXXXVI PAYSAGE
Les Fleurs du Mal
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19.03.2013
Azur (Poème d'avant printemps)
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30.05.2011
Mai 2011
"Le long du vieux faubourg, où pendent aux masures
Les persiennes, abri des secrètes luxures,
Quand le soleil cruel frappe à traits redoublés..."
Il fût drôle ce mois de mai. Le temps d’abord, un temps d’été - disons de juillet - avec ses premières grosses chaleurs, et la carte des départements de France qui vire chaque jour un peu plus vers l’alerte sécheresse.
Je regarde mes séries photographiques de ce mai 2011. Mai a fait exploser une nature qui déjà avait pris en avril ses quartiers printaniers. Et si je trouve bien verte l’herbe des prés de Haute-Provence, celui qui chaque jour les sillonne avec son tracteur me parle d’une sécheresse prévisible que je ne vois pas… Le lilas a bien vite « grillé » sous les rayons persistants de l’astre et les fruits ont mûris avant l’heure, nous offrant au printemps nos désserts d’été.
Sur la côte cette année, seules quelques gouttes de pluies ont mouillé les rues de Cannes. Tout fout le camp même le traditionnel mauvais temps du Festival. Il fait bon se baigner et la température de l’eau de mer affiche les vingt degrés.
Ce sentiment d’un été avant l’heure se renforce au fur et à mesure que défilent mes clichés. Une fête de village, des volets clos dans une ruelle déserte en début d’après-midi, des terrasses de café bondées, des aires d’autoroute encombrées…
Oui, il fût drôle ce mois de mai et les conversations aussi, aux machines à café. Que penses-tu de l’affaire… ? Est-il ou pas ?… et de me regarder comme un extra-terrestre quand je réponds que je ne sais…Que l’écoeurement me suffit et que pour le reste, j’attends. Il me semble juste que beaucoup d’hommes publiques aurait été bien inspiré d’en faire autant, c'est-à-dire de se taire. Et tant mieux par contre si d’autres - femmes, enfants, victimes des deux sexes - ne se tairont peut être plus à l’avenir.
Oui, il a fait chaud sur la Côte d’Azur et pourtant, une nuit de mai, les écrans télé sont devenus des écrans de neige. Brouillés pour cause d’arrêt des émetteurs qui pour certains auront du mal à passer d’une époque à une autre, de l’analogique au numérique.
J’ai pu observer de près la détresse de ces personnes fragilisées par l’âge ou le handicap ; me rendre compte de l’importance d’une image et d’une voix quant on est isolé, même dans le bel immeuble d’un beau quartier. J’ai entendu des suppliques pitié faites que cela marche et vu une fois de plus les bienfaits que pouvaient rendre les agents de service publique.
J’ai déroulé mon album en cette fin de mois, de photos pixellisées ou mentales. De ce mois de mai qui ressemble à juillet. J’ai revu - dans la tristesse de certaines nouvelles touchant des proches- d’autres étés qui n’existeront plus jamais.
J’ai aussi reçus des photos. J’y ai vu de l’amour dans une salle comble du Cros de Cagnes, autour d’amis fêtant des anniversaires de nouvelles vies sans produits.
J’ai écrit comme je ne l’avais plus fait depuis quelques longs temps ; et j’ai envie de relire Baudelaire, son hymne au Soleil qui "s’introduit en roi, sans bruit et sans valets, Dans tous les hôpitaux et dans tous les palais."
PhotosLP Fallot-Mai 2011
Haut de Note: Le vieux quartier de Puget-Théniers
Corps de Note: Village de Fos sur Mer
Bas de Note: Haut de Cagnes
Lien:
Publié dans Mots et photos, Nouvelle Vie, Photo, Provence | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : mai, provence, photo, écriture, baudelaire | 22:19 | Facebook | Imprimer