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24.08.2022

Le Lac (poème)

 

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Le Lac est le dixième poème du recueil de 24 poésies nommé Les Méditations poétiques d’Alphonse de Lamartine publié en 1820. (…) Le Lac est considéré, aujourd’hui encore, comme le fleuron de la poésie romantique. Ce poème fut inspiré à Lamartine  par la liaison amoureuse qu’il eut en 1816-1817 avec Julie Charles, une femme mariée atteinte d’un mal incurable qui l’emporta en 1817. Lamartine revient seul revoir les lieux qu'il a visités autrefois avec elle.
Le Lac de Lamartine est devenu le poème immortel de l'inquiétude devant le destin, de l'élan vers le bonheur et de l'amour éphémère qui aspire à L'Éternité.

Source : www.bacdefrançais.net/

 Illustration : Le lac d’Allos, photographie Louis-Paul Fallot (archives 2005)



  

 Le Lac

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

" Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

" Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! "

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !

Alphonse de Lamartine
Les Méditations poétiques




 

05.05.2021

Iris



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« Sur la terre, du bleu la Nature est avare,
Et les poètes sont réduits à le rêver ;
Si le pinceau s'applique à le rendre moins rare,
C'est que vers l'Idéal l'Art tend à s'élever.

Des Zéphirs printaniers docile messagère,
Comme une voile au vent toujours prête à flotter,
La forme de l'Iris, vaporeuse et légère,
Est l'image de l'âme en train de nous quitter. »


Vous trouverez ce poème dans son intégralité en cliquant sur ce lien.
Charles Rouvin "La poésie des fleurs" 1890

La photo elle, est récente, avril 2021

11.12.2020

Le gardeur de troupeaux, Fernando Pessoa

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J'aime ce poème qui me donne l'envie de publier malgré les problèmes de santé et d'informatique. Et  la  photo me ramène à des temps  heureux .

 

 

Je suis un gardeur de troupeaux,
Mon troupeau, ce sont mes pensées
Et mes pensées sont toutes des sensations.
Je pense avec les yeux et avec les oreilles,
Et avec les mains et avec les pieds,
Et avec le nez et la bouche.

Penser une fleur, c’est la voir et la sentir,
Et manger un fruit c’est en savourer le sens.

C’est pourquoi, par un jour de chaleur,
Si tant de jouissance me rend triste,
Je m’étends de tout mon long dans l’herbe,
Je ferme mes yeux chauds,
Je sens tout mon corps étendu dans la réalité,
Je sais la vérité et je suis heureux.

Fernando Pessoa, Poèmes de Alberto Caeiro du « Gardeur de troupeaux »
Traduction de Dominique Touati, éditions de la Différence