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10.04.2013

Paysage (Un poème de Baudelaire)

Paysage-PhotosLP Fallot.jpg
Paysage de Provence, Châtreauneuf de Grasse, avril 2013
Photographie Louis-Paul fallot

 

 

Paysage

 

Je veux, pour composer chastement mes églogues,
Coucher auprès du ciel, comme les astrologues,
Et, voisin des clochers, écouter en rêvant
Leurs hymnes solennels emportés par le vent.
Les deux mains au menton, du haut de ma mansarde,
Je verrai l'atelier qui chante et qui bavarde ;
Les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité,
Et les grands ciels qui font rêver d'éternité.


Il est doux, à travers les brumes, de voir naître
L'étoile dans l'azur, la lampe à la fenêtre,
Les fleuves de charbon monter au firmament
Et la lune verser son pâle enchantement.
Je verrai les printemps, les étés, les automnes ;
Et quand viendra l'hiver aux neiges monotones,
Je fermerai partout portières et volets
Pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais.
Alors je rêverai des horizons bleuâtres,
Des jardins, des jets d'eau pleurant dans les albâtres,
Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin,
Et tout ce que l'Idylle a de plus enfantin.
L'Émeute, tempêtant vainement à ma vitre,
Ne fera pas lever mon front de mon pupitre ;
Car je serai plongé dans cette volupté

Charles Baudelaire,LXXXVI PAYSAGE
Les Fleurs du Mal

 

 

Commentaires

Joli clin d'oeil pour le poète qui aurait eu 192 ans hier. Bon anniversaire Charles !

[...]

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

- L'Albatros -


(J'ai suivi votre lien sur les Cougourdons et Nissa la bella. Les commentaires sont fermés alors je me permets de laisser juste un petit mot ici, espérant ne pas gâcher l'hommage à Baudelaire : Toute une partie de mon enfance... J'ai même porté fièrement le costume Niçois. Sourire)

Bonne journée.

Écrit par : Niou | 10.04.2013

Pour combler notre besoin de création, d'évasion, il nous faut relire les poètes :
"Je verrai l'atelier qui chante et qui bavarde ;
Les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité,
Et les grands ciels qui font rêver d'éternité."

Écrit par : cheminezenlair | 10.04.2013

Les poèmes de Baudelaire dédié à la nature sont plutôt rares ... Il accompagne magnifiquement ta photo.

Écrit par : Rosa | 10.04.2013

je ne connaissais pas ce poème de Baudelaire, et je ne connais pas non plus ce village perché. Merci Louis-Paul ! Bises et bonne soirée

Écrit par : eva | 10.04.2013

Je ne connaissais pas ce poème, c'est très beau.

Écrit par : Solange | 10.04.2013

Bonjour Louis Paul, une superbe photo pour illustrer un poème tiré du classique " fleurs du mal" du grand Charles Baudelaire (192 ans s'il vivait encore , bigre !) . la journée commmence sous les meilleurs aspects qui soient !

Écrit par : jean-philippe | 11.04.2013

"mes féeriques palais"...J'aime ces 2 mots.
La poésie nous emmène loin parfois
et les poètes nous font vibrer et exister.

Je voudrais citer Pablo Neruda

...la poésie vint me chercher.
Je ne sais pas, je ne sais d'où,
je ne sais ni comment ni quand
....
Elle était là et me touchait.
...
Et j'écrivis la première ligne confuse.
Confuse, sans corps, pure ânerie, pur savoir,
de celui qui ne sait rien.
Et je me formais seul peu à peu.
...
Et moi, infime créature...
Je roulais avec les étoiles,
et mon cœur se dénoua dans le vent.

Écrit par : Françoise62 | 11.04.2013

Merci Françoise pour cet extrait de La poésie de Pablo Néruda...
L'actualité récente permettra peut-être de savoir si le poète a été lui aussi victime de la sinistre junte militaire chilienne.
J'ai relu récemment un reccueil acheté dans ces années-là "Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée".

Écrit par : Louis-Paul | 11.04.2013

Le poème de BAudelaire est évidemment très beau mais j'ai surtout apprécié ta photo. Il y a au premier plan cette mousse d'or végétal qui fait comme un écrin au village. Amitiés.

Écrit par : ariaga | 11.04.2013

Merci Ariaga car tu me donne l'occasion de parler un peu de cette photo.
C'était samedi dernier par temps gris, une expo à voir du côté d'Opio.
Du parking j'aperçois cet arbre noir et comme mort, au milieu d'une immense forêt de roseaux. Et au dessus sur la colline, cette autre arbre qui lui vit sa toute récente renaissance printannière et qui semble prolonger le premier...La verdure du pré avec le jaune floral et le village tout en haut dans sa brume.
Je suis complètement "absorbé" par ce tableau et décide - malgré le manque de lumière- d'essayer de restituer cette émotion particulière.
Je suis finalement assez satisfait du résultat et en fait, j'aurais pu faire un billet pour raconter ce moment. Tu m'en donne l'occasion par ton commentaire et je t'en remercie.

Écrit par : Louis-Paul | 11.04.2013

@ à toutes et tous, MERCI. Je suis heureux d'avoir fait découvrir ce poème, moins connu que d'autres mais qui correspond si bien à ces moments de début de printemps.

Et encore un autre Merci, personnel celui-là: C'est vraiment un beau cadeau que j'ai reçu il y a quelques années avec cette édition des Fleurs du Mal (illustrée par Matisse) aux éditions du Chêne.

Écrit par : Louis-Paul | 11.04.2013

J'aime beaucoup savoir comment a été prise une photo surtout quand il s'agit de quelqu'un qui est plus photographe que moi qui utilise surtout mes photos pour rendre des textes parfois ardus plus agréable à "regarder". Amitiés.

Écrit par : ariaga | 12.04.2013

Les commentaires sont fermés.