Terrasse des Brasseries (20.11.2015)

Un texte de mon ami Robert


Terrasse-PhotosLP Fallot.JPGTerrasse des Brasseries

Je connais ces endroits où les rencontres sont belles, autant que chaleureuses, j'ai besoin d'en parler. Quelques fous voudraient nous ôter cette façon de vivre et de se rencontrer. Un lieu convivial où chacun se retrouve, qu'il soit seul ou en compagnie. Une amie qu’on attend, une fiancée peut-être,  un parent ou un frère à qui l'on donne rendez-vous, un enfant pour une limonade et le grand-père pour un bon café et une belle histoire d'autrefois. La France aime ces lieux sacrés, parce qu'ils sont lieux de vie et de rencontres, de partage et d'atmosphère, de conversations de tout ordre, de rires et de blagues, mais toujours bon-enfant.

Je viens d'avoir un ami au téléphone, nous parlons de nous,  de notre santé et de nos activités respectives, de nos passions et plaisirs. Il revient de Paris, un congrès, il a  pris de belles photos de la Seine. Des terrasses de café également, ces lieux particuliers que tous deux nous connaissons bien.  Juste la semaine d'avant... d'avant ces horribles événements.

 

Les souvenirs reviennent et nous parlons de nos rendez-vous place du Palais de Nice, en terrasse d'une brasserie, lui avec son sandwich et jus de fruit - très occupé il avait sauté son repas  une fois encore -  et pour moi le grand crème,  pour accompagner nos bavardages.  Un endroit favori que nous avions sélectionné, comme çà, pour diverses raisons mais dont la plus forte était de nous rencontrer. Cette terrasse où l'on parle de tout, face à un palais de justice, proche du magnifique vieux Nice et de son cours Saleya. Une terrasse souvent pleine et où les conversations vont bon train. Chacun parle sans s'occuper des  autres,  emporté dans ses propres conversations, qu'elles soient à deux ou à  plusieurs. Les gens attablés sont   ensemble mais séparément.  Des rencontres comme l'on aime où seules les âmes se parlent entre elles oubliant même l'autre qui en fait de même ;  aucune gêne entre nous, parfois un sourire complice, une politesse pour laisser passer, une blague furtive et puis tout repart dans "chacun sa conversation".

Nos rendez-vous à tous les deux étaient de partages, nous parlions de tout, sans ordre chronologique, confortablement assis  dans ces fauteuils d'osier et  repassant nos histoires et ce que serait demain. Visitant nos similitudes et le passé, puis toutes autres choses qui nous mettaient en bonne condition, un autre café pour lui un crème pour moi pour rester encore à nous dire bien des choses, celles qui nous disent combien est forte l'amitié et la vie, surtout lorsque l'on est encore en vie, (une grâce pour moi). Combien est bonne est belle la vie, même là, assis à une terrasse, au milieu de ces gens que l'on ne connaît pas, mais qui font la même chose que nous, se rassembler dans la vie, partager la vie, vivre la vie. C'est un mode de vie à la Française, il fait parti de nous et de notre culture. Nous l'aimons.

J'aimais ces partages avec mon ami, les renouvelant chaque fois que possible, des moments légers pour  parler aussi "du grave", là où tout se mélangeait. Parfois la nuit nous disait qu'il était temps de nous quitter  ou c’est un appel téléphonique qui nous rappelait l'heure tardive. Les mouvements des autres voisins de tables et les saluts de la tête, d'un sourire à ceux que l'on ne connaissait pas et le retour jusqu'au tram voisin, pour rentrer chacun chez soi. Rendez vous pris pour les prochains mois.

Cela pourrait paraître banal, mais mon ami revenait de Paris et  la semaine qui suivit, les terrasses où chacun avait pu aller furent d’horribles endroits de mort. Parce que des fous n'aimaient pas notre façon de vivre, ni nos mœurs ni notre culture. Alors cette banalité ne l'est plus. Oui en terrasse nous revisitons notre histoire, blaguons, voila bien ce qui dérange certains fous qui ne connaissent pas l'humanité et qui ont perdu le statut d'humain.


Robert de Nice, 19 Novembre 2015

Lien : Les  textes signés Robert de Nice et publiés sur ce blogue
Illustration: Photographie Louis-Paul Fallot, Paris, novembre 2015

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