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Rechercher : vacances

Pour que tu ne te perdes pas dans Kerné

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L’histoire se passe l’an dernier, en un lieu de Bretagne où j’ai passé des étés, enfant. Le lieu se nomme Kerné,  est situé sur la partie dite Côte sauvage de la presqu’ile de Quiberon. Nous sommes Catherine et moi avec des amis et je joue un peu au "guide" pour mon petit monde. Mais si eux admirent le paysage  - comme chacun de nous le fait en découvrant une région - c’est loin d’être mon cas. Je cherche.

Je cherche  quelque chose qui n’existe plus ou du moins plus comme "avant"…Pourtant, dans mon inconscient, ce sont mes souvenirs qui me servent de guide. Et ils me  déroutent  ces souvenirs au point d’en perdre mon chemin… 

Ils sont tenaces ces souvenirs d’enfant. Une fois le séjour terminé, j’ai comme effacé ces  images nouvelles et bien réelles d’aujourd’hui  et  gardé  - presque intacte- celles ancrées au plus profond de ma mémoire. Comme dans ces remakes - souvent décevants - d’un film et que l’on oublie la séance terminée pour mieux garder en mémoire celles du chef d’œuvre d’origine…
Pas besoin des services d’un psy pour que je comprenne cet état qui pour  certains sera  peut-être assimilé à de la nostalgie.   
Dans tous les souvenirs d’enfance, il y a une part d’énigme, créée par le regard de l’enfant  lui-même sur ce qui l’entoure explique Patrick Modiano dans l’entretien  que l’on peut lire sur le site des éditions Gallimard   à l'occasion de la parution de Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier et que j’ai lu récemment (*). Toujours dans le même entretien l’écrivain explique  qu’il est difficile d’être son propre biographe.  "L’entreprise autobiographique entraîne de grandes inexactitudes puisque l’on pèche souvent par omission, volontairement ou non. Et même si l’on cherche à être exact et sincère, on est condamné à une «posture» et un ton «autobiographique» qui risquent de vous entraver. Je crois que pour en faire une œuvre littéraire, il faut tout simplement rêver sa vie – un rêve où la mémoire et l’imagination se confondent."(*)

C’est après avoir lu "Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier" que m’est revenu cet épisode de vacances. Presque un an plus tard, l’émotionnel n’est plus un obstacle à écrire ces lignes. Le soir, nous avons quitté Quiberon par une autre route et avons traversé le village de St Julien.  Là où nous menais le chemin que nous prenions de Kerné pour nous rendre à la mer. La chapelle est toujours là, l’endroit ici semble ne pas avoir trop changé. Tout s’est remis en place : Les portes et volets rouges, le grand figuier et le champ rempli de doryphores, les parties de Lexicon et celles de Jokari, le cinéma ambulant sur la place, la route vers Quiberon et le passage étroit à l’entrée de Kerné,  la lande traversée pour les après-midi de plage...
L’enfant a repris ses droits, ceux des rêves éveillés et des souvenirs si doux.

(*) Entretien réalisé avec Patrick Modiano à l'occasion de la parution de Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier  © Gallimard 2014.

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Nouvelle vie

 

alcoolisme,dépendance,abstinence,cabris,calme,maladie alcooliqueJe pourrais consacrer un livre, tout un blog à ce village perché au dessus de Grasse. Une autre fois, peut-être, j'écrirais d'autres lignes, d'autres mots. Aujourd'hui, ces quelques photos prises il y a peu. Pour beaucoup, Cabris doit rester comme un souvenir de vacances ou de ballade. Pour moi, c'est le lieu qui a changé ma vie. J'y retourne 2 à 3 fois l'an, la tête pleine de souvenirs et surtout le coeur plein de gratitude.

 

ECRIT EN COMMENTAIRE LE 30/03/2006:

A propos de ma note  « Nouvelle vie » et de Cabris Mes mots viendront plus tard  mais je me rend compte en relisant cette note du dimanche 26 mars que je dois vous donner quelques précisions sur l’endroit ou, à Cabris,  j’ ai passé 29 jours en septembre 2003.
A propos du lieu :
« Chaque C.A.L.M.E. est implanté près d'un petit village. Dans une "Maison" au sens où un enfant peut comprendre ce mot, et dans le sens où l'idée de "Maison" s'oppose à l'idée de Cité.Nous croyons nécessaire de nous installer dans des endroits proches de la terre, des arbres et des jardins (nous pensons qu'un banc dans un jardin a une valeur thérapeutique. (…) L'alcoolique est investi, jusqu'à épuisement, de rapports sociaux mal vécus et terrifiants parce que mal vécus. Tout ce qui rappelle l'écrasante pesée de l'appareil social, et en particulier de l'appareil administratif, ne peut susciter chez lui qu'un réflexe de fuite. (…)L'alcoolique doit se trouver, pour rebâtir, de nouveaux repères aux dimensions humaines et personnelles, voire tribales. (…).

A propos de la connaissance de soi : « Nous n'avons rien inventé, depuis Socrate le "Connais-toi toi-même" est une des clefs du bien vivre. (…) Cette connaissance s'acquiert en groupe de psychothérapie : les séances commencent dès la fin du sevrage (après avoir levé l’aliénation artificielle, chimique), avant que des systèmes de défense ne se soient mis en place et dès que les bienfaits de la désintoxication se font sentir.La confrontation des expériences amène vite au constat du côté dérisoire des faux-fuyants et des défenses intellectuelles.(…) La localisation progresive du déficit narcissique va, d’une part, diminuer considérablement son potentiel anxiogène, d’autre part permettre de le prendre en compte au lieu de la nier ou de le compenser artificiellement. Ils peuvent alors  reconnaître leurs véritables peurs, renoncer à projeter sur l’entourage et à utiliser l’alcool comme un écran protecteur entre les aspérités du réel et leur sensibilité.(…).
A propos du but du Calme : Le but profond du C.A.L.M.E  est qu'une non consommation d'alcool, absolue et définitive, ne soit que la conséquence d'une façon plus claire, plus libre, plus vraie et surtout plus joyeuse d'affronter la vie."

Ces quelques lignes sont extraites du site du C.A.L.M.E, encore merci à toute l'équipe. Pour conclure(provisoirement) cette note, il n’y pas UNE solution à la maladie alcoolique, il y a SA solution, à SOI. Encore faut-il savoir que l’on est malade et surtout rompre avec le déni. C’est un long cheminement.

 

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Un musée sur la Méditerranée

 

  Ici le soleil pense tout haut, c'est une grande lumière qui se mêle à la conversation
Extrait du poème "Marseille" de Jules Supervielle (Débarcadères, 1927)






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Un peu d’appréhension en arrivant vers Marseille pour cette journée consacrée à une première découverte du MuCEM...Où  laisser la voiture ?  La météo sera-t-elle favorable ;  aurons-nous « droit » à ce ciel typiquement marseillais sans toutefois trop de vent ? N’y aura-t-il pas trop de monde en cette période de vacances ? Nous avons eu beaucoup de chance pour le temps (qui fût pluvieux sur Nice) et pour le reste, ce ne fût que des bonnes surprises.  
 

Reportage en 32 photos commentées...

 

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Marseille s’est embellie avec son année « capitale européenne de la culture » et cela se voit dès que l’on arrive en vue du Vieux Port ! La signalisation pour se rendre à l’ancien môle devenu le  J4  (1) est bien faite et l’on peut se garer juste en-dessous de la grande esplanade qui déjà nous offre un superbe panorama.


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A l’intérieur, autre bonne surprise avec un accès libre à tout ce qui n’est pas salles d’exposition  et pratique un macaron autocollant que l’on colle sur le vêtement et qui permet ensuite de passer à loisir des espaces publiques à ces dernières.


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Compte-tenu de tout ce qu’il y a à voir, nous décidons pour cette journée « initiatique » de  visiter les deux expositions temporaires (2)....

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et de garder un temps pour découvrir à l’air libre une partie de ce "toit" sur la méditerranée et d’où les vues sur la cité phocéenne sont à couper le souffle.  



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Le temps de traverser la passerelle ...



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pour humer les senteurs méditerranéenne (3)...


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et  profiter des jardins et remparts d’un Fort St Jean (4) complètement restauré…


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Un temps que l’on voudrait faire durer. Nous reviendrons!

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Toutes les  notes de bas de page  sont des extraits  des présentations que l’on peut lire dans leur intégralité sur le site Internet du MuCEM.

 

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Marseille, le MuCEM
Photographies Louis-Paul Fallot 
Avril 2014

 

(1) " Entre ville et mer, sur l’ancien môle portuaire J4, le bâtiment de 15 500 m2 comporte 3 600 m² d’espaces d’exposition, un espace dédié aux enfants, un auditorium de 335 places pour la présentation de conférences, de spectacles, de concerts, de cycles de cinéma, une librairie, un restaurant doté d’une terrasse panoramique et les « coulisses » indispensables à un équipement de ce type : ateliers, lieux de stockage, bureaux, etc. (…) Le choix tectonique d’un béton d’exception issu des dernières recherches de l’industrie française réduisant les dimensions jusqu’à n’être plus que la peau et les os, affirmera une écriture minérale sous les hauts remparts du fort Saint-Jean. Un seul matériau à la couleur de poussière mate écrasée par la lumière, hors la vue des brillances et consumérismes technologiques, fera l’éloge du dense et du fragile. Le MuCEM se reconnaîtra évanescent dans un paysage de pierre et orientaliste par ses ombres sur la figure. Au ciel franchissant la darse un tapis volant navigue vers le fort. "

(2) Nous avons vu deux superbes expositions temporaires (à voir jusqu’au 25 août) :

Splendeurs de Volubilis

 " Grâce au prêt exceptionnel d’une partie des trésors nationaux de la collection de bronzes antiques du Maroc découverts à Volubilis, le MuCEM présente l’un des aspects majeurs du bassin antique méditerranéen. (…) Les collections de bronzes du musée de Rabat figurent parmi les plus exceptionnelles du monde antique méditerranéen. Bien que découverts, pour la plupart, à Volubilis, ils n’ont pas été produits dans cette région de l’Empire romain. Ils témoignent cependant d’une mode -ou de modes- en vogue dans l’Empire romain  entre le II è siècle avant J.-C. et le II è siècle après J.-C. (…)  Il s’agit bien là d’un témoignage de ce bassin de civilisation qu’est la Méditerranée à l’époque antique : un vaste espace ouvert où les hommes circulent depuis le premier millénaire avant J.-C. de Tyr à Carthage, de l’Asie Mineure aux confins atlantiques en passant par la Mer Noire, de Phocée à Marseille, de Milet à Olbia, de Théra à Cyrène. '

Le monde à l’envers – Carnavals etMascarades d’Europe et de Méditerrannée

" Dans les années 1960, on croyait pouvoir prédire la mort de Carnaval, réduit à une fête enfantine ou à une démonstration folklorique. Finalement, il n’en est rien. Cinquante ans plus tard, le Carnaval se porte bien. Partout, mascarades rurales et parades urbaines renaissent et se réinventent, cherchant à renouer avec des rites très anciens ou s’inspirant de formes revenues de très loin. (…) L’exposition « Le Monde à l’Envers » invite donc à un voyage dans l'imaginaire carnavalesque. Le parcours comporte des moments d’immersion puissants et jubilatoires et des temps de réflexion sur ce que cette fête nous apprend de nous-mêmes et des sociétés contemporaines. "

(3)  Le Jardin des migrations " En hommage aux voyageurs de tous horizons qui ont naguère débarqué là, quinze tableaux son

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Quand l’Art tisse son fil

Cet été, la poupée de chiffons de Marianne Lotroïcq va quitter Nantes pour prendre ses vacances à St Malo de Guersac ! Elle y rejoindra les œuvres de huit autres artistes pour l’exposition Du fil à retordre. Cette deuxième exposition d’une association au concept rare et original se déroulera durant tout le mois de juillet en Brière, sur l’Ile d’Errand (Commune de St Malo de Guersac). Retour sur l'histoire de cette association et de son actualité.


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La Poupée de Marianne LetroÏcq , photo LP Fallot

 

A l’origine de cette association, deux passionnés d’Art Plastique fréquentant les lieux d’exposition.   Nous avons à ce jour rencontré de nombreux artistes que nous avons envie de soutenir, pour leur esthétique bien sur, mais aussi pour les idées qu'ils véhiculent à travers leurs œuvres.  explique Laurence, sa présidente.  Nous avons pu nous rendre compte qu'il existe un véritable fossé entre les quelques artistes plébiscités par les pouvoirs publiques pour lesquels le tapis rouge est déroulé à chaque exposition et les autres qui peinent à gagner leur vie et qui doivent de plus en plus souvent payer pour pouvoir montrer leur travail.  Créée en janvier 2015 avec son mari - mon frère Laurent -  l’association compte environ 70 adhérents ; son but est de soutenir le travail d'artistes choisis par les membres actifs de l'association et cela par tous les moyens possibles (organisation d'expositions, conférences, diffusions de films, internet...).  Cette association nous permet d'apporter notre touche personnelle en organisant des expositions en respectant un certain nombres de principes qui nous paraissent essentiels poursuit Laurence.



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Détail d'une œuvre de Véronique Bécaert, photo Louis-Paul Fallot



Ce rêve a pu se concrétiser lorsque Laurent et Laurence quitte Nantes pour s’installer sur l’île d'Errand, un endroit magnifique au milieu de la Brière et une première exposition est organisée en juillet 2015. « Nous avons continué de vivre dans la maison avec nos enfants en réorganisant les espaces de vie pour libérer l'espace d'exposition et nous avons assuré les visites de l'exposition en alternance, Laurent et moi même. »


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Ile d'Errand en Brière, photo Louis-Paul Fallot, février 2013



Pour une première, c’est déjà un beau succès avec 350 visiteurs venus admirer  les œuvres d’Émilie Collet, Marie Auger et Alain Genty. Fidèle à ses principes, l'association n'a  prélevé aucun pourcentage sur les ventes de ces trois artistes. Vous pourrez lire le reportage sur cette exposition - autour de la céramique  - paru dans le quotidien Ouest-France  L'art est chez eux comme à la maison.


C’est le thème du fil qu’ont retenu Laurent et Laurence pour cette 2ème exposition de juillet 2016. L'invité d'honneur sera Jacques Trovic qui prêtera trois œuvres pour l'occasion.
Cet artiste de renommée internationale a notamment exposé au  Musée d’Art Naïf Anatole Jakovsky  dans le cadre de la grande exposition de l’été dernier à Nice "La Promenade, tout simplement".  Les huit artistes - Véronique Bécaert, Cécile Jarsaillon, Marianne Lotroïcq, Marie Auger, Sophie Herniou, Emily Beer, Fabesko, Mona Luison - qui l’entoureront le temps de cette exposition présenterons tous des œuvres créées à partir de fil et de tissus, que cela soit leur mode d'expression habituel ou qu'ils aient inventé de nouvelles techniques pour l'occasion.  

Les photos des œuvres qui  illustrent cette Note ont été prises il y a quelques mois, au tout début de la préparation de l’exposition 2016. J’avais alors réalisé – à la demande de mon frère -  une série de photographies autour des œuvres de Marianne Lotroïcq et de Véronique Bécaert.


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La poupée de Marianne Lotroïcq lors des prises de vues au Chauffe Marcel à Nantes
Photo Louis-Paul Fallot, décembre 2015



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Une partie d'une tapisserie de Véronique Bécaert, photo Louis-Paul Fallot, décembre 2015



Certains de ces clichés serviront ensuite à la communication de cet évènement ainsi qu’à la réalisation de l’affiche et du flyer confiée à la section AMACV (Artisanat et Métiers d'Art option Communication Visuelle) du lycée professionnel « Les Trois Rivières » à Pontchâteau.



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Affiche et flyer (recto/verso) de l’exposition du fil à retordre
Photographie L-P Fallot, graphisme Lilou Renouard Section AMACVPM, T.P.T Les trois Rivières, Ponchâteau
 



L’exposition du fil à retordre, organisée par l’association LFLF- 2015 aura lieu du 1er  au 31 juillet  2016 du mercredi au dimanche de 16 à 20h ou sur rendez-vous; vernissage le samedi 2 juillet à partir de 16h. Le lieu : 56 Ile d’Errand, St Malo de Guersac.

Lien vers la page facebook de l’ Association LFLP - 2015


Pour tout contact sur cette exposition et sur l’association :
Laurence Fallot,  06 18 97 13 63 
Courriel associationlflf2015@gmail.com

 

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Trois écrits pour une photo

 

Pendant la pause de ce blogue et alors que j’étais vraiment  déconnecté , trois de mes amis blogueurs dont j’apprécie  le talent d’écriture ont accepté de  plancher  sur l’une  de mes photographie. J’ai à mon retour  ramassé les copies de ces devoirs de vacances et je vous les propose ci-après.
Merci à Claudio, Tiphaine et Didier;  à toutes et tous de  bonnes lectures que vous pourrez prolonger en visitant leurs blogues.

 

 
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Extra-vivants  par Claudio

écrits,photo,partage,claudio,tiphaine,didierLe temps passe et l'illusion des couleurs aussi.
Ils croyaient leur monde solide et coloré, il était noir et blanc, pire que noir et blanc, même. Il était gris, gris sale, gris fade, grisâtre. Le noir et blanc encore, ça se fritte de temps en temps, ça sent bon le manichéen primaire, le tout ou rien et la colère tranchante et bienfaitrice. Mais, le gris, c'est mort, c'est lent, lentement mort. Moribond depuis toujours. L'inertie rampe gris.

A force d'effeuiller la marguerite au ras des pâquerettes, ce sont les pissenlits qu'ils côtoyaient et la pierre tombale qu'ils dessinaient. Bon sang, il a fallu qu'ils se rencontrent ces deux-là ! Aussi limace l'un que l'autre ! Asexués, exsangues et mollassons, ils passent immobiles. Vieux de naissance, accouplés par hasard, ils n'ont jamais trouvé ni clé, ni serrure pour engendrer une descendance, une déliquescence, devrait-on dire, et c'est tant mieux. On les aurait accouplés à un meuble, ils y seraient encore fidèles. Aussi, lorsque le promoteur vint leur proposer le rachat de leur bicoque en meulière afin d'y implanter un complexe commercial, ils ne dirent pas oui, ils ne dirent pas non. Rien, ils continuèrent à prendre le chemin du cimetière sans être perturbés. On fit tout ce qu'il était possible de faire. Toutes les autorités administratives et judiciaires s'en mêlèrent. Les médicales furent appelées au secours et la famille éloignée et oubliée, aussi. Rien n'y fit. La compréhension même de l'opération semblait leur échapper. Insensibles à la carotte comme au bâton, ils végétaient sur un terrain qui valait de l'or. Morne plaine et morne vide, au potentiel pépite.

Alors, en désespoir de cause, la complicité de certains et la neutralité des autres poussèrent le rouleau compresseur. On aplatit tout ça. Personne ne s'en plaignit. Et, on coula la dalle de béton. Pavillon et limaces s'agglomérèrent sans difficulté. Ils ne manqueraient à personne et la pierre tombale était gratuite. Coulés les coulants ! Ecroulés les dégoulinants !
Faut faire marcher le commerce et c'est pas deux mollassons hermaphrodites qui vont nous empêcher d'œuvrer pour l'humanité.
L'euthanasie d'utilité publique devait s'appliquer aux végétaux qui s'étaient trompés de case. L'humain, c'est du vivant vivant, ou alors, qu'il ait affaire à la bétonnière... en toute discrétion. Non mais !"

 

Servitude volontaire  par Tiphaine

écrits,photo,partage,claudio,tiphaine,didierOn peut pas s’échapper, de toute façon, on peut pas s'échapper d'un endroit comme ça, t'auras beau mettre les chaines, placer les barrières empiler cadenas verrouiller double tour, on ne peut pas s'échapper d'un endroit comme ça.

Toi, tu sais pas, tu dis je vais faire un tour et tu dis je pense à ramener du pain mon cœur et tu fais comme si le cœur pouvait faire les courses tu sais pas qu'il peut faire beaucoup de choses le cœur mais ramener les courses il sait pas faire, tu sais pas mais tu dis quand même, tu parles du temps qu'est beaumochegrispluvieux puis tu dis je vais prendre le vélo ça me fera prendre l'air et puis c'est bon pour la planète et si c'est bon pour la planète alors c'est bon pour toi c'est sûr vu que tu fais partie de la planète toi, toi et ton cœur qui pense… à ramener le pain.

On peut pas s’échapper, de toute façon, on peut pas s'échapper d'un endroit comme ça, t'auras beau mettre les chaines, placer les barrières empiler cadenas verrouiller double tour, on ne peut pas s'échapper d'un endroit comme ça.

Alors tu prends ton beau vélo tout beau, t'as qu'à suivre les flèches c'est facile, mais c'est qu'y a beaucoup de monde ohlala y'a du monde quand même c'est que ça doit être bien, la fille sur l'affiche géante te sourit, t'es beau tu sais, la fille a la bouche cachée un peu on la devine sa bouche t'es beau tu sais et c'est qu'elle te mangerait bien le paquebot, t'as une tête aussi et qu'elle est belle ta tête t'as vu comme la fille te sourit, tu rentres dans le centre commercial et ça brille de partout ça clignote c'est la fête y'a de la musique et même des filles nues, enfin presque nues t'as cru qu'elles étaient nues mais c'était pour du faux tu sais c'est comme pour le coeur, il ramène pas le pain.

On peut pas s’échapper, de toute façon, on peut pas s'échapper d'un endroit comme ça, t'auras beau mettre les chaines, placer les barrières empiler cadenas verrouiller double tour, on peut pas s'échapper d'un endroit comme ça. Mais toi tu sais pas, tu dis "je vais faire un tour" et double tour dedans encore tu te retrouves. On ne peut pas s'échapper d'un endroit comme ça.

 

Le fil d'Oriane   par Didier

écrits,photo,partage,claudio,tiphaine,didierUne robe de cuir comme un fuseau / Qu´aurait du chien sans l´faire exprès / Et dedans comme un matelot / Une fille qui tangue un air anglais / Ces mains qui jouent de l´arc-en-ciel / Sur la guitare de la vie / Et puis ces cris qui montent au ciel / Comme une cigarette qui brille / My daisy, daisy, daisy, désirable / Je suis malheureux d'avoir si peu de mots / A t'offrir en cadeaux / Darling I love you, love you, darling I want you

 Il fallait tendre l'oreille par-dessus les coups de marteaux et les machines qui dézinguaient béton et métal et pétaradaient sans vergogne de l'autre côté de la porte pour entendre l'étrange sifflement qui mêlait deux chansons sans le savoir.
Il fallait aussi profiter d'un joli concours de circonstances côté circulation alentour. Le Boulevard Kennedy était arpenté de tôt à tard, parfois de fort tôt à très tard.

Pour eux, chaque matin, la course de VTT finissait devant la grille. Ils y déposaient leurs montures. Vincenzo arrivait le premier la plupart du temps, ti-shirt jaune, lui qui venait du Chemin de la Minoterie. Bon second, Thibault déboulait du Chemin des Petits Plans. Ils pédalaient allègrement, arrivaient essoufflés, pressés, ou plutôt impatients surtout s'il fallait attendre l'autre lorsqu'ils n'arrivaient pas en même temps.
Ils reluquaient alors pendant quelques instants celle qu'ils avaient appelée Oriane, à la recherche du temps perdu, belle au bois dormant, fleur d'or, de vent, fille du ciel aux contours dorés.
Puis ils pénétraient dans l'enceinte interdite au public pour le moment. Réservée aux gars du bâtiment pour l'instant. Ils construisaient ce qui allait prochainement devenir un temple de la consommation quatre étoiles, de ces lieux qu'ils ne fréquenteraient pas avec leurs trous dans les poches au quinze du mois. Et ils s'en fichaient.
Ils aimaient ces matins de retrouvailles avec la belle, ces journées de bon cœur et c'est presque en lui tirant une révérence, peut-être même pour de bon la faisaient-ils cette révérence, qu'ils repartaient le soir avant la plupart du temps d'honorer leurs dames au couchant, plus souvent que d'ordinaire en tout cas, tout cela à cause d'une affiche alors qu'elles mettaient sur le compte du printemps la vitalité retrouvée de leurs amants.
Une robe de cuir comme un fuseau / Qu´aurait du chien sans l´faire exprès / Et dedans comme un matelot / Une fille qui tangue un air anglais (…) Avec ton air canaille, canaille, canaille / How can I love you. C'est cela qu'ils sifflaient. Sur l'air de Charles. En pensant à Léo. Ou vice versa.

 

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