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09.12.2011

Absence et présence

J’avais envie  de ne rien écrire, puis de ne plus m’arrêter de le faire…Puis encore le contraire,  en acceptant sans lutter une certaine confusion mentale. Ces moments où les notes préparées, les photos choisies, paraissent si futiles, où je doute de  l’utilité de poursuivre ce carnet ;  et pourtant…Ne s’appelle-t-il pas Carnet ou Vivre ici et maintenant ?

Vivre avec la conscience que nous sommes des mortels – que nous disparaîtrons un jour, que les gens que nous aimons disparaîtront - est un drôle de travail à accomplir (et à renouveler régulièrement) pour chacune et chacun d’entre nous.  écrit Christophe André sur son blogue. (1)Plus loin il cite l’Instant présentPuisque la mort existe, savourer la vie, de toutes ses forces. En attendant de voir ce qu’il y aura peut-être ensuite… 

Mon blogue n’est  pas un carnet intime mais j’y ai toujours évoqué mes joies et mes peines, mes doutes et mes souffrances, en  voulant garder comme fil conducteur des  messages d’espoir.  Je ne peux laisser ceux qui le lisent sans nouvelles, j’ai choisi de le faire à travers deux images.

 

L’une,  comme une évidence pour illustrer un texte  d'Eckhart TOLLE(2) lu ces derniers jours.

 

PhotosLP Fallot (6).jpg« En marchant dans une forêt qui n’a été ni domestiquée ni dérangée par l’homme, non seulement vous verrez une vie abondante tout autour de vous, mais vous rencontrerez aussi, à chaque pas, des arbres tombés, des troncs et des feuilles en train de pourrir et de la matière décomposée. Partout où vous regarderez, vous trouverez la vie aussi bien que la mort. En y regardant de plus près, toutefois, vous découvrirez que le tronc et les feuilles en décomposition non seulement donnent naissance à une nouvelle vie, mais sont eux-mêmes pleins de vie puisque des micro-organismes y travaillent, des molécules se réorganisent. La mort ne se trouve donc nulle part. Il n’y a que la métamorphose des formes de vie. Quelle leçon pouvez-vous en tirer ? La mort n’est pas le contraire de la vie. La vie n’a pas de contraire. Le contraire de la mort est la naissance. La vie est éternelle. »

La deuxième image restera  mentale mais elle est bien réelle et en couleur.

Il y avait une grande baie vitrée dans la salle de recueillement lors de la cérémonie d’au revoir à ma sœur. Derrière, une pelouse et une lignée d’arbres. Différents, des ocres de l’automne aux gris des effeuillés en passant par le vert des conifères ; il y eu dans le ciel une éclaircie, et dans la lumière qui inonda un court moment la prairie et le sous-bois, un écureuil passa. Les mots du poème  qui avait inspiré (3) mon  partage - l’un parmi beaucoup d’autres-  prirent alors  encore plus de sens. (…) Christine,  tu  plantais le réel au cœur des utopies. Le poème se nomme Liberté.  L’écureuil s’est posé au pied d’un arbre et à la fin de la cérémonie, il était toujours là.

A une question (4) sur la possibilité de faire bon ménage avec la mort, Edgar Morin répondit :

« Le mot "bon" est un peu de trop. Certes il y a un ménage, et je crois deux choses. La première, c’est qu’on a trop refoulé la mort, on a trop voulu l’exorciser. Or ce refoulement de l’angoisse de la mort ne fait que la déplacer : on ressent des angoisses de mort sans savoir que ce sont des angoisses de mort. Ensuite : contre l’angoisse de mort, contre le découragement de la mort, contre la mélancolie de la mort, contre l’horreur de la mort, il n’y a pas de réponse. Il n’y a qu’une seule riposte : l’amour, pas seulement pour une personne, mais la participation, la communion. »

Cet amour et  cette communion  partagés ces derniers jours.

 

 

(1) Psycho Actif, le blog de Christophe André

États d'âme d'un psychiatre

(2) Eckhart TOLLE- L’Art du calme intérieur, Page 103 (Edition J’ai lu)

(3) Inspiré du poème  « Liberté »,(page 84) recueil d'Andrée CHEDID Au cœur du cœur chez Librio

(4) Dossier de Psychologie.com :  Edgar MORIN Pour vivre, il faut risquer sa vie

 

  

Commentaires

Cet amour et cette communion je la partage avec toi.

Écrit par : noelle | 09.12.2011

Ton texte est très beau, c'est pas facile d'écrire dans la tristesse. Je compatis avec ta peine.

Écrit par : Solange | 09.12.2011

Merci pour ce partage, Louis-Paul, partage qui m'émeut doublement, tu en connais la raison.
Je t'embrasse très fort.

Écrit par : Françoise | 09.12.2011

Je pense que nous passons tous par cette phase de doute
j'y suis passée aussi, mais disons que de faire un blog
m'apporte joie et amitié même virtuel c'est agréables d'avoir des amis
bise, continu !!!!! bonne fin de semaine

Écrit par : mamita | 10.12.2011

Bonjour Louis-Paul,
Oui, j'ai pensé à toi ces derniers jours, et j'ai partagé avec toi ces moments car je les ai connus il n'y a pas si longtemps.
Ton billet sur l'Absence et la Présence est très beau. Tu parles de ce petit écureuil qui est resté en bas de l'arbre. Pour mon frère, j'ai eu des manifestations un peu semblables. Je suis sûre que ta soeur, où elle se trouve maintenant, va bien, et qu'elle te regarde avec un très beau sourire. Tout comme mon frère. Tout comme ceux qui sont partis et que nous aimons. Ils ont trouvé la paix, j'en suis sûre.
Je vois que tu cites Eckhart Tolle et Christophe André, ce sont des écrivains dont j'ai des livres et que j'aime lire car ils me font infiniment de bien, ils m'ont beaucoup aidée et m'aident encore maintenant.
Tu hésitais à continuer ton blog ? Je me suis posée exactement la même question il y a deux ans. Et puis, tu vois, j'ai continué. Même après l'accident de mon petit-fils. Je pense que d'en parler, en plus, apporte beaucoup aux personnes qui nous lisent.
Voilà, un petit mail transformé en commentaire, pour te dire que je suis vraiment avec toi dans ce que tu vis en ce moment.
Et je t'embrasse très affectueusement. Belle journée à toi, Louis-Paul.

Écrit par : Françoise | 10.12.2011

Un très beau billet Louis-Paul. "Sain-cère", si je puis l'écrire ainsi. Et pudique.
Merci pour ce cadeau.
Quant au commentaire de Françoise, je le trouve d'une délicatesse absolue. On triche pas avec ces choses-là.
Merci Françoise.

Écrit par : Claudio | 10.12.2011

Tu as su posé les mots sur cette épreuve difficile, que le temps fasse son oeuvre d'alchimiste, transformer la douleur, l'absence en une présence diffuse, bienveillante tout au long du chemin...Je vous embrasse

Écrit par : karine | 10.12.2011

Ton texte m'a beaucoup émue. Nous avons tous un jour douté, devions nous continuer à écrire, témoigner échanger sur nos blogs. J'ai ressenti le même questionnement sur la futilité de ce que j'écrivais.
Je n'aime pas trop me promener en forêt, j'y étouffe. Je crois qu'après avoir lu ce texte, j'y penserai lorsque dans les randonnées je traverse des zones boisées bien malgré moi.
Quant à la dernière image mentale qu'elle est belle et émouvante mais j'y vois une lueur d'espoir, non tout ne s'arrête pas avec la mort et ceux qui nous ont quitté sont bien plus présents en nous que même parfois ceux qui vivent...
Amitiés

Écrit par : Martine / Eglantine | 11.12.2011

Merci, ami, de ne pas rester dans ton coin seul avec la tristesse. C'est une preuve de confiance, ce partage, et je t'envoie de fortes pensées de vie.

Écrit par : ariaga | 12.12.2011

Pensée à C.
(...)

Voilà les feuilles sans sève
Qui tombent sur le gazon,
Voilà le vent qui s'élève
Et gémit dans le vallon, Voilà l'errante hirondelle,
Qui rase du bout de l'aile;
L'eau dormante des marais,
Voilà l'enfant des chaumières
Qui glane sur les bruyères
Le bois tombé des forêts.

Alphonse de Lamartine ( la pensée des morts )

(...)

Et le poète dit qu'au rayon des étoiles
Tu viens chercher la nuit les fleurs que tu cueillis

Et qui a vu sur l'eau couchée en ses longs voiles

La blanche Ophélia flotter comme un grand lys

Arthur Rimbaud ( Ophélia- recueil de Douai)

Écrit par : Alain | 14.12.2011

Si ton blog est utile pour TOI, c'est tout ce qui compte. Le reste, c'est en prime.

Écrit par : joye | 15.12.2011

je pense à toi ,
bisous,

Écrit par : ani | 17.12.2011

"C'est que l'amour est aussi fort que la mort" (Le Cantique des Cantiques)

Écrit par : Dominique | 18.12.2011

Ha Louis Paul l'iconographie des crèches !!!!!!!!!!!!Bakounine disait que si Dieu existait il faudrait s'en débarrasser ! "et tu mets ton voile, non pas celui là l'autre ...Mais Jésus est Juif etc..." Oui je sais la JOC nous l'avons partagé. Ce soir je viens de perdre un ami ! Si dieu étais là je lui casserais bien la gueule. Ni Dieu Ni Maitre ! à bas la calotte et vive la sociale ! ( ou en OC " Ni diu ni mestre) Tu le sais mon ami de longtemps j'en suis revenu de tout ça , je suis Libre Penseur et surtout Denis il va me manquer plus que tous les santons idiots de la terre!

Écrit par : alain | 10.01.2012

Mon cher Alain

Je sais ce que l’on ressent dans ces moments où l’on perd un (une) ami (e), un être cher.
Mais (j’allais écrire "de grâce" ), ne confondons pas religion et spiritualité.
Les crèches, les santons ou autre, ne sont que des "représentations" comme l’écrit Frédéric Lenoir dans son excellent édito sur « les traces du sacré » :
« Selon le conditionnement culturel de chacun, elle renverra à des objets ou à des représentations très différentes : rencontre avec Dieu, avec une force ou un absolu indicible, avec la profondeur mystérieuse de l’esprit. Mais ces représentations auront toujours pour point commun de susciter un ébranlement de l’être, un élargissement de la conscience et bien souvent du cœur. Le sacré, quel que soit le nom ou la forme qu’on lui donne, transforme celui qui l’éprouve. »
Je pourrais aussi te parler longuement de cette individuation développé par Carl Gustav Jung, cette recherche spirituelle qui personnellement m'a permis de me (re) construire.
« Le soi, c’est le dépassement de nos contradictions et des opposés, une sorte de centre psychique dépouillé des affres de la persona, et naturellement relié à l’essentiel. Qu’il soit intérieur à l’homme, et non dépendant d’une divinité, il correspond bien à notre époque de spiritualité laïque. Ainsi, mieux que les religions dogmatiques, il offre une réponse à l’éternelle question "Pourquoi vivons-nous ?". » (Colette Gouvion et Pascale Senk /Psychologies.com)
Je ne voudrais donc pas me priver de ces images qui nourrissent mon rétablissement mental si mis à mal il y a moins d’une dizaine d’années et qui de plus me renvoie à cette innocence de l’enfance au moment de Noël.
Oui, cher Alain, (et sourire) on peut aimer lire Marx (ou d’autres) en écoutant les Petits Chanteurs à la Croix de Bois…
Je t’embrasse.

Écrit par : LP | 10.01.2012

J'ai écrit celà sur le coup d'une très grande émotion. Il faut relativiser, (non pas mon athéisme militant ,je précise tout de même car je suis adhérent de la Fédération nationale de la libre pensée) Mais tu as raison de préciser que les représentations correspondent à quelques "spirits". Et qu'il faut admettre que certains de ses semblables se tournent vers ces iconographies, Ma fois (en non pas ma foi)s'ils leur sont nécessaires pour poursuivre leur humanité, je serais bien le dernier à les blâmer.Celà dit Marx et Dieu, si évidemment ça ne fait pas "bon ménage", dans le sens vrai; ça ne peut pas vivre sous le même toi (et non pas toit), c'est aussi parce que l'un a vécu et l'autre est un phantasme, même si bien sur je respecte celles et ceux qui se consolent avec ce dernier. Toutes mes amitiés indéfectibles Alain Allain

Écrit par : Alain | 11.01.2012

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