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26.04.2016

L’Erdre (Julien Gracq)

 
De là vient que tous les plaisirs liés aux miroirs d’eau calme...
Julien Gracq, La Forme d'une ville



Barque sur l'Erdre-PhotosLP Fallot.jpg

 

"L’Erdre,  avalée aujourd’hui à l’extrémité nord du cours St-André par la voûte d’un tunnel, et rendue à l’air libre au long de l’usine Lefèvre-Utile par le canal St-Félix – qui fait penser davantage au débouché discret d’un grand collecteur qu’à un cours d’eau – s’est absentée aujourd’hui du centre de Nantes, plus ostensiblement peut-être encore que la Loire : c’est sa rainure étroite, canalisée comme un sas d’écluse entre des parois de granit verticales, qui marquait autrefois la frontière entre le Nantes médiéval et le quartier Graslin : petit couloir d’eau emmurée, aussi inerte et placide qu’un grachi néerlandais. Plus clairement que pour les anciens bras de la Loire, la cicatrice de son lit comblé se devine le long du cours des Cinquante Otages, cependant que la rue de l’Arche Sèche, qui court à sa droite presque parallèlement, enjambée par les rues de Feltre, des Deux-Ponts et du pont Sauvetout, descendant des hauteurs du quartier Graslin, fait presque figure aujourd’hui, sous l’arceau de ses ponts, du véritable chenal ancien de la rivière. Je ne sais si, comme Strasbourg est né sur l’Ill et Lyon sur la Saône, à quelque distance des caprices de leur vrai fleuve, Nantes avait choisi les bords de l’Erdre plutôt que ceux de la Loire pour site primitif. La distance serait bien mince, mais il est difficile, il est vrai, de trouver deux rivières de caractère plus opposé. Tout comme le lac de Grandlieu, au sud-ouest de la ville – dédale sans profondeur de bras d’eau, de vasières et de roselières, que l’hiver dilate au point d’en faire un des plus grands lacs de France – l’Erdre est le témoin de l’affaissement récent du pays Nantais, et du remblaiement consécutif des vallées qui a donné à tout son réseau de drainage – la Loire exceptée – une indécision extrême dans l’écoulement. En amont de Nantes, l’Erdre est une rivière irlandaise, un fil d’eau presque sans courant qui unit en chapelet des dilatations, des expansions latérales parfois considérables, telles les vastes plaines d’eau qui surprennent l’excursionniste au pied du roc de Sucé. Même dans la ville, la rivière va gagnant en largeur régulièrement vers l’amont. A un kilomètre de son embouchure, elle s’est déjà dilatée suffisamment pour entourer de ses bras une petite île, l’île de Versailles. Au pont de la Tortière, et plus encore au pont de la Beaujoire, c’est moins un modeste affluent local qu’un plan d’eau étoffé, qui atteint à la hauteur du parc des Expositions la largeur du grand bras de Loire.
De là vient que tous les plaisirs liés aux miroirs d’eau calme, plaisirs que la Loire rapide et brutale refuse à Nantes, se sont réfugiés le long de cette curieuse rivière paralysée."

Julien Gracq, La Forme d’une ville, pages 138/140 - Edition  José Corti  

Crédit Photo: L'Erdre à Nantes, photographie Louis-Paul Fallot, avril 2015

 

19.04.2016

Le cas Moya


Vais-je rédiger une Note sur un livre et son auteure ou bien sur celui qui fait l’objet de l’ouvrage ?
Ce sera sans doute un peu des trois en vous présentant "Le Cas Moya",
un livre de Florence Canarelli.  



Les mots ou phrases en italiques sont extraites du livre.



Conférence Cas Moya au CUM-PhotosLP Fallot.jpgLe cas Moya : Conférence par Florence Canarelli  et  Patrick Moya
au Centre Universitaire Méditerranéen à Nice le 2 février 2016
Photographies Louis-Paul Fallot


Depuis ma naissance réelle jusqu'à ma renaissance virtuelle,
tout est dit, décortiqué et analysé comme si j'étais un vrai artiste.
Patrick Moya (extrait de la préface du livre)


Commençons par celle qui, un jour d’octobre 2003, a un « coup de foudre » pour une peinture dans une Galerie niçoise (Jean Ferrero).  L’artiste est là, peignant l’une de ses toiles en direct  dans laquelle figure un petit personnage poétique qui ressemble étrangement à l’artiste.
La voilà fascinée, admirative mais aussi un peu agacée !  Ego énorme, envahissant, ou jeu avec l’Ego, distanciation ? Pourquoi un artiste au talent aussi évident se complaît-il dans l’admiration de lui-même, ou du moins dans la mise en scène perpétuelle de lui-même ? Devant ce fascinant cas de narcissisme assumé et érigé en œuvre d’art…l’auteure se pose de nombreuses questions et trouve avec Moya un sujet d’enquête extrêmement riche et passionnant. Elle ne le quittera plus et publiera trois ans plus tard une première version du Cas Moya  sous-titré « Une psycho-journaliste dans les coulisses de l’Art »
Florence Canarelli a conservé cette  introduction dans la nouvelle version du Cas Moya mais sinon cette biographie est totalement remaniée avec également une  nouvelle maquette, un contenu actualisé et très étoffé  avec  352 pages mêlant textes, documents  et de très nombreuses photos. Je suis d’ailleurs très heureux du choix de 2 d’entres par Florence, chacune en double page.

 

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"Moya chez lui, surveillant son Moya Land virtuel: vu par Louis-Paul Fallot", pages 240/241
et pages 314/315 ci dessous  dans sa villa atelier de Nice

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le cas moya,florence canarelli,livre,moyaLe Cas Moya est un livre coloré, rempli d’images sans toutefois que l’œil ne  fatigue et entre lesquelles chemine le texte de Florence, chapitré par thématiques et qui  nous invite à découvrir  l’univers de  Moya (ou plutôt ses mondes)  son histoire, son évolution artistique mais aussi ses réflexions sur l’art (le créateur et la créature)… Aux textes de l’auteure s’ajoute quatre contributions (facilement identifiables grâce à leurs pages grisées) et signées de Mario Gerosa grand spécialiste des mondes virtuels, Marco Schütz ancien journaliste devenu galeriste, Olivier Marro journaliste indépendant spécialisé dans la culture et Patrick Hubner universitaire agrégé de littérature comparée.  

Pour Florence Canarelli - dans sa présentation de la conférence au CUM sur les réseaux sociaux -  "Le cas Moya s’adresse à ceux qui s’intéressent à la création artistique en général, et ne connaissent pas encore Moya et à ceux qui le connaissent mais se posent des questions sur son parcours « en arborescence ». "
C’est aussi ce que l’on retrouve en quatrième de couverture du livre  où l'on verra que, grâce à son travail en arborescence, Moya garde la plus grande des libertés, ce qui lui permet d'être à la fois classique et baroque, abstrait et figuratif, réel et virtuel, narcisse et généreux, amoureux des spectacles populaires comme le cirque ou le carnaval aussi bien que l'objet d'un catalogue raisonné très sérieux (et très épais) retraçant 40 ans de création.

le cas moya,florence canarelli,livre,moyaUne réflexion personnelle : En lisant ce livre, je me souviens de la gentillesse et de la disponibilité de Patrick qui m’avait non seulement grand ouvert sa villa atelier de Nice (c’était en août 2013, je travaillais sur mon livre Objectif Artistes) mais également permis de voir les nombreuses facettes de son travail artistique et cela dans une totale liberté de prises de vues photographiques. Moya speedé comme un homme d’affaires durant toute la semaine, m’a offert ce samedi-là l’un de ses dimanches qu’évoque Florence Canarelli dans son sous-chapitre  Moya peint le dimanche.   



 

En médaillon: Avec Florence Canarelli et Patrick Moya au Festival du Livre de Nice  en 2015 (photo Michel Bounous) et une photo extraite de mon livre "Objectif Artistes"

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Moya me dédicace le Cas Moya - Photo Louis-Paul Fallot



Alors oui sans doute Moya veut plaire  mais surtout oui, Moya est généreux et il suffit de le rencontrer dans une séance de dédicace pour s’en rendre compte.  

Le livre se termine par une biographie  parmi laquelle l’on trouve d’autres ouvrages sur Moya avec des textes de Florence Canarelli.  Vous trouverez également ci-dessous quelques liens (parmi beaucoup) ainsi qu’une autre Note sur Moya déjà publiée sur ce blogue. 
Le cas Moya de Florence Canarelli  avec une préface de Patrick Moya est édité par la maison d'édition Baie des Anges.

 


Quelques liens:
 
Patrick MOYA, official website
Patrick Moya touriste dans le réel et dans les mondes virtuels, blogue
On the road again, le blogue de Florence Canarelli
Site Internet de la maison d’édition Baie des Anges
Site Internet du Centre Universitaire Méditerranéen (CUM)

Et sur ce blogue, à propos d'un autre livre:
L'art dans le nuage  (Patrick Moya)

14.04.2016

L'Iris (Un poème de Charles Rouvin)

 

L'Iris-Photo Louis-Paul Fallot.jpg



L’IRIS

Près des étangs où la libellule voltige,
Où, dans les soirs d'été, vient se baigner l'oiseau,
On aperçoit l'Iris, qui tremble sur sa tige
Et semble un papillon posé sur un roseau.
 
Du bleu foncé des mers elle reçut l'empreinte,
Prise à l'heure où la nuit noircit l'azur des cieux.
Seule parmi les fleurs elle offre cette teinte,
La plus chère à l'esprit et la plus douce aux yeux.

Sur la terre, du bleu la Nature est avare,
Et les poètes sont réduits à le rêver ;
Si le pinceau s'applique à le rendre moins rare,
C'est que vers l'Idéal l'Art tend à s'élever.

Des Zéphirs printaniers docile messagère,
Comme une voile au vent toujours prête à flotter,
La forme de l'Iris, vaporeuse et légère,
Est l'image de l'âme en train de nous quitter.

Aux rayons du soleil qui brille sur la plage,
Sa transparence émet une lueur dans l'air,
Semblable au feu follet qui court avant l'orage
Et disparait soudain, absorbé dans l'éther.

Charles Rouvin "La poésie des fleurs" 1890



Source : La poésie des fleurs : sonnets / Charles Rouvin Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art
Crédit photo: Louis-Paul Fallot, bord de la Cagne, 13 avril 2016



Un autre poème sur l’iris sur ce blogue:Un poème de Robert Desnos