19.06.2015
Umani
issa terra nantu à le so mane
hè cum’è fiore cum’è pane
hè di vicende paisane
di muratelle è di funtane
anu figlioli à allevà
quelle faccende di l’andà
a pacienza chì u tempu sà lascià (*)
Humains
cette terre qu’ils ont sur les mains
c’est de la farine c’est du pain
pétrie de maux de paysans
de murets de fontaines d’antan
ils ont des fils à faire grandir
du labeur pour leur avenir
la patience que la vie sait dire
ils portent en eux toutes leurs peines
jusqu’au silence de leurs veines
un fleuve recueille leurs tourments
et leur soleil est au levant
tôt sur la vie une heure avant
une heure plus tôt s’en vont semer
et si chez eux l’on vient frapper
il y a un feu pour s’y chauffer
ils sont humains
humains
seulement humains …
humains
et moi aussi
et moi aussi
ils ont la peau à peine hâlée
de poussière de maquis trempé
leurs sables d’amour tamisés
et quand la nuit s’en vient trahir
qu’il n’est de mot qui puisse dire
combien une âme peut souffrir
ils ont cette foi à relever
l’homme qui vient à tomber
ils sont humains
humains
seulement humains …
humains
et moi aussi
et moi aussi …
Umani, Recueil de textes de Jean-François Bernardini, pages 84 à 87
(*)Texte que l’on peut trouver dans ses deux versions – corse et française - dans Umani , un recueil de textes de Jean-François Bernardini paru aux éditions du Seuil en 2002. C’est aussi le titre de l’album d’I Muvrini, paroles et musique du même auteur. J’ai relu le livre et écouté le disque à nouveau à notre retour de Corse et je dédie cette Note à un ami qui m’est cher ainsi qu’à sa compagne.
Photographies Louis-Paul Fallot, Corse, juin 2015
Lien: Umani sur le site d'I Muvrini
Publié dans Photographie, Texte choisi | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : corse, umani, jean-françois bernardini, i muvrini | 08:54 | Facebook |
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