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02.03.2012

Pour une Éthique du langage

De mon voyage au pays des mots et des phrases, je compte extraire une morale. Une morale qui dira comment il faut parler. Une morale du langage. Une éthique de la parole.

Michel LACROIX (*)

Pour une éthique du langage-PhotosLP.JPG

 

Pour une Éthique du langage.

 

C’est le sous-titre du livre de Michel LACROIX qui vient de sortir en poche (5 euros), Paroles toxiques, paroles bienfaisantes. J’avais commandé ce livre l’an passé (Collection Réponses chez Robert Laffont) suite à un courriel de mon ami Dominique W qui m’avait donné envie de lire (d'une traite!) cet ouvrage.

En me promettant d'en faire une deuxième lecture et de partager ici quelques unes de mes Notes de lecture.

 

 

Pour une éthique du langage-Couv.jpgJe ne classerais pas ce livre dans la catégorie (très en mode) du développement personnel. Même si je l’ai lu  en ayant à l’esprit mes années d’avant et d’après 2003 - celles de la souffrance et celles du rétablissement-  avec en tête les illustrations  précises que recouvrent  les mots toxiques, aliénants puis libérateurs, bienfaisants. Mots  cités par l’auteur et qui part du constat qu’ils comptent autant que les actes.

C’est donc à un plaidoyer pour une « éthique du langage »  que nous invite  Michel Lacroix « dans le domaine privé, entre amis, au travail ou en famille. Une éthique qui n’aurait pas pour critère de jugement la sagesse ou la vérité, mais l’impact émotionnel chez l’individu. » (Extrait de la 4ème de couverture).  J’ajoute que nombre d’hommes publics, particulièrement en cette période électorale que nous vivons en France, seraient bien inspirés de lire ces quelques cent trente pages.

Les premiers chapitres font un état des lieux de « la parole ». De la parole  qui décide de notre destin « toute vocation est fille d’une parole » à celles qui « en vagues déferlantes (…) rabaissent, dénigrent, humilient ». Ouvrir la bouche engage donc ma responsabilité :  « Dans tous les cas, j’ai à répondre de ce que je dis. Le bien ou le mal sortent de ma bouche. Prendre conscience de cette responsabilité, de ma responsabilité de sujet parlant, est le point de départ d’une éthique de la parole. » (page 26). « Je suis aussi la somme de mes paroles » affirme l’auteur paraphrasant la formule d’André Malraux (L’homme est la somme de ses actes) jugée dans ce qu’elle « a d’outrageusement simplificateur ».

Vient ensuite une présentation qui m’a passionné sur les travaux des chercheurs « qui ont étudié d’un point de vue scientifique les effets pathologiques du langage. » L’école de Palo Alto,  les travaux des philosophes dit de l’école de Francfort dans les années 1950  sont expliqués par Michel Lacroix sur plusieurs chapitres pour mieux nous faire comprendre « ce rôle clé du langage dans l’édification du moi » en prenant « conscience du fait que la parole n’est pas seulement une cause de joie ou de peine, de bonheur ou de souffrance – mais que, fondamentalement, elle est, comme le disaient les sophistes, faiseuse d’hommes, c'est-à-dire fabricatrice de l’humain (…) ». (Page 53)

Plus loin dans l’ouvrage, la parenthèse historique est tout aussi intéressante. Elle nous amène dans les salons du 17ème siècle à l’époque de la civilité qui fût une création française. Mais cela ne durera pas, et viendra le temps de la mise à l’index de l’art de la conversation par les philosophes. «Il fallut attendre les deux dernières décennies du 20ème siècle pour que cette mise à l’index prenne fin.(…) La politesse sortit de son purgatoire(…)avec tous les honneurs dus à un condamné qui a été victime d’une erreur judiciaire. »(Pages 103/104)

Le 7ème chapitre  aborde le langage au cœur des valeurs  que « la société contemporaire    considère comme primordiale ; trois valeurs (la non-violence, la dignité et la solidarité NDLR), auxquels les individus sont attachés » et l’auteur pose la question du rapport qu’elles entretiennent avec le langage.

La seconde partie du livre traite des règles de la parole éthique. Pour autrui, pour Le Monde, pour la langue… « Et si nous remettions à l’honneur, dans le Primaire et le Secondaire, ces exercices un peu délaissés : la lecture à voix haute (avec le souci d’une belle diction) et la récitation par cœur…c'est-à-dire avec le cœur. » (Page 81). L’auteur nous présente donc huit règles, la dernière « Ma parole doit être vraie »  me ramène à ce travail que je fais depuis maintenant  9 ans dans les groupes de paroles que je fréquente.

Le livre se termine par l’apport de l’éthique du langage. Sur la civilisation, « Les mots sont le ciment qui fait tenir la société. »,  et les évolutions de l’humanité comme du changement  des habitudes communicationnelles de tout un chacun avec l’avènement d’une parole éthique.

 

« Si le progrès était…au bout de nos lèvres ? »

 

 

(*)LIRE UN EXTRAIT DU LIVRE EN PDF SUR LE SITE DES EDITIONS ROBERT LAFFONT