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04.10.2013

L’arbre, source d’émotions…

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Le mois commence par la publication (sur le blogue du "défifoto")  d’une photo  autour du thème L’arbre. Et je voulais profiter de cette occasion pour évoquer ici l’une de mes lectures du moment.    J’ai finalement choisi le cliché qui me paraissait le mieux illustrer une citation d’Yves Bonnefoy en exergue du livre d’Alain Corbin, « La douceur de l’ombre » et sur laquelle peut-être, comme moi,  vous méditerez un moment:

 

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L’arbre existe sans moi. La vie sous cette forme est pure de moi, sans subjectivité, sans projection. Devant l’arbre, ma chance est d’entrer directement en contact avec l’inconnu, le pas moi.  Yves Bonnefoy.
 

 

 

 

 

 

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J’aurais pu  aussi choisir - puisqu’il s’agit de photographie - de recopier la première ligne de l’introduction  Il savait voir l’arbre », écrit Péguy à propos de Victor Hugo. Où bien encore de reproduire quelques lignes de la quatrième de couverture : Ils ont été sidérés par la présence de l'arbre. Ils ont éprouvé l'admiration, mais aussi l'horreur, inspirées par ce végétal souverain. Presque tous ont guetté, écouté, la parole de l'arbre. Certains ont espéré profiter de ses messages, en faire leur mentor. D'autres, plus rares lui ont déclaré leur amour.(…) S'étendre sous les ombrages, s'y délasser, y méditer, s'enfouir dans le végétal, s'y réfugier, y grimper... À l'époque contemporaine, certains ont tenté d'incruster leur corps dans l'écorce, en espérant que le végétal ferait croître l'empreinte…(…) Ils, pour Alain Corbin, ce sont donc  ceux qui depuis l’Antiquité   ont su «voir l'arbre» et il nous invite à une longue promenade  à la rencontre de l'arbre champêtre, de l'arbre haie, de l'arbre isolé et sauvage comme de l'arbre domestique.


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Je me suis souvenu  de tous ces arbres qui depuis mes premiers pas m’accompagnent sans que
vraiment je ne perçoive toute  la place qu’ils occupent dans mon inconscient.
Les marronniers de mes premiers pas nantais, les grands pins des forêts de l’Aude près du châlet familial, les châtaigniers du pays d’Annot pour n’en citer que quelques uns… Les arbres mais aussi l’arbre, seul, et que je photographie sans jamais me lasser à Cagnes ou à Méailles…

J’ai acheté ce livre après avoir écouté son auteur à La Grande Librairie. "Historien et spécialiste du XIXe siècle en France, Alain Corbin est connu pour son approche novatrice de l’historicité des sens et du sensible." (Extrait de la 4ème de couverture).

« Il s'agit ici de l'histoire des émotions éprouvées par des individus qui, au fil des siècles, possédaient les mots pour les dire. » Le livre est passionnant même s’il n’est pas –pour moi du moins- de lecture toujours facile. Les Notes et le Glossaire de fin d’ouvrage me seront utiles, elles  invitent le  lecteur à poursuivre ses lectures vers d’autres découvertes.

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J’ai choisi de vous présenter un extrait du chapitre IX, « L’arbre sensitif et l’empathie humaine » et
qui correspond bien à mon état d’âme et d’esprit du moment, tel que vous avez pu le découvrir dans mes  dernières  Notes. 

 

Couverture livre La Douceur de l'Ombre d'Alin Corbin.jpg

 Extrait des  pages 167 et 168, chapitre IX:

"L’arbre qui ressent est loin d’être condamné à la seule souffrance, lui qui pense, s’émeut, se réjouît, s’exalte jouit. Les arbres, rappellent Horace et Ovide, ont été émus par Orphée dont la lyre caressante entraînait sur ses pas les chênes envoûtés, avant que ceux-ci, pour marquer   leur deuil du poète, ne se dépouillent de leur chevelure de feuillage. Il semble à Henri David Thoreau que les mélèzes du cap Cod sont heureux de décorer les flancs des montagnes rocailleuses. Dans une lettre à sa femme, Victor Hugo décrit les ormes qui s’amusent ; mais c’est Marcel Proust qui s’arrête le plus souvent sur le « bien-être » et le « sourire de l’arbre ». (…) Paul Claudel, quant à lui, évoque « l’extase heureuse » du cocotier, qui écarte ses palmes dans « le jour chaud et le long midi ». Bernardin de Saint-Pierre avait poussé plus loin l’anthropomorphisme dans ses descriptions des paysages de la nature. Chaque arbre, écrivait-il, porte avec lui un caractère particulier qui varie les scènes, et y exprime, pour ainsi dire, une passion." 
Alain Corbin, LA DOUCEUR DE L’OMBRE L’arbre, source d’émotions, de l’Antiquité à nos jours © Librairie Arthème Fayard, 2013. ISBN : 978-2-213-66165-0



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Illustrations:
Photographies Louis-Paul Fallot, arbres
 2013, Haute-Provence et Cagnes sur Mer