25.11.2016
L'Action enchaînée ou l'histoire mouvementée d'une sculpture
L'Action enchaînée d'Aristide Maillol en mémoire d'Auguste Blanqui
Photographie Louis-Paul Fallot,, 31 octobre 2016, Puget-Théniers
Sur la route vers la Haute-Provence, arrêt à Puget-Théniers (1) .
Les belles lumières de la mi journée, filtrées par les majestueux platanes, m’invitent à commencer mon album photo automnal 2016 en fixant mon objectif sur l’œuvre d’Aristide Maillol, l'Action enchaînée. La sculpture représente une femme nue aux bras liés derrière le dos qui contrastent avec le dynamisme du torse. Cette posture évoque l'impossibilité d'agir à laquelle Auguste Blanqui fut contraint toute sa vie.
Je me rends compte après coup que j’ai pris cette photo le 31 octobre. Cette date est celle commémorative des évènements de 1870. Blanqui fait partie du groupe insurrectionnel qui occupe l'Hôtel de ville parisien quelques heures ce jour-là. Il sera condamné à mort par contumace puis arrêté l’année suivante, le 17 mars 1871 alors que malade, il se reposait chez un ami médecin dans le Lot puis transféré et emprisonné au château du Taureau à Morlaix le 24 mai. (2)
Cette sculpture fut offerte à la ville par la section pugétoise de la Ligue des Droits de l'Homme et du Citoyen, en mémoire du révolutionnaire né à Puget-Théniers en 1805 et donna lieu à de lieu à de nombreuses péripéties!
"En octobre 1909, la statue fut initialement implantée près de l'église, ce qui choqua une partie de la population et alluma une véritable «guerre» dans la ville. On assistait alors quotidiennement à un spectacle digne des œuvres de Pagnol : le curé, jugeant la statue trop impudique et provocante, la recouvrait d'un tissu, le maire repassait ensuite pour «libérer ce symbole de la République de l'emprise religieuse» . Le conflit s'arrêta en 1922 lorsque la statue fut transférée sur son emplacement actuel." (3)
Mais l’histoire est loin d’être finie comme le raconte Jean-Marc Muraire (4)
Un extrait :
"Pendant l'occupation, pour éviter à l'Action enchaînée d'être fondue, on la dissimule aux abattoirs du village. La ruse est vaine et le 11 mars 1942, elle prend la route de Nice avec comme destination Hambourg. Maillol alerté, téléphone au préfet, lequel demande à son tour au ministre de l'Education nationale la grâce de la statue, et l'obtient le 26 mai 1942. Elle est stockée dans un hangar de la chaufferie du port de Nice où elle échappe par miracle aux bombardements. En septembre 1944, la statue, regagne Puget-Théniers. Aujourd'hui, par-dessus les querelles politiques et autres qui agitent périodiquement la petite cité, Marianne, comme l'ont populairement baptisée les Pugétois, est devenue le symbole de l'unité et de la fierté du village. »"
(1) Puget-Théniers est notre traditionnelle halte sur la route vers Méailles et la Haute-Provence
(2) Voir aussi mon billet sur Auguste Blanqui sur le blogue Terra Philiia
(3) Source site Internet Caminà, la rando pugétoise
(4) Exposition consacrée à Auguste Blanqui à Puget-Théniers en 2005, texte que l’on peut lire sur le site www.roudoule.com
Publié dans Art, Découvrir | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : l’action enchaînée, mayol, sculpture, blanqui, puget-théniers | 07:46 | Facebook | Imprimer