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29.01.2014

Protest song (hommage à Pete Seeger)

 

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Pete Seeger et Bruce Springsteen à Washington lors du concert donné
pour la cérémonie d'inauguration de Barack Obama, le 18 janvier 2009
  Photo Justin Sullivan. AFP – (Source Libération.fr)

  

Le vieux monsieur a posé son bango mais ses chansons résonneront encore et encore, portées par les voix de tous ces chanteurs et chanteuses que  j’ai tant aimé, que j’aime tant encore aujourd’hui…Des voix comme des mélodies, des voix comme des cris :  les voix de celles et ceux qui n’ont pas souvent droit de paroles et  des paroles qui racontent le monde. Le vrai monde, celui des soi disant minorités, le monde du travail, le monde de l’espoir.

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23.01.2014

Deux écrits pour une photo

Deux  écrits pour une photo

Comme je l’ai déjà fait avec d’autres belles plumes, voici  les textes de  Tiphaine et Didier qui ont chacun écrit à partir de l’une de mes photos que je leur avais transmise (sans bien sûr aucune légende). Merci à eux.

 

Homme de…

 

Je suis un homme de papier, Je te regarde, droit dans les yeux, je n'ai aucun secret pour toi. Tu peux me détailler, rien ne s'y oppose, Tout est là, fléché, tu n'as qu'à suivre le sifflet. Repos. Je suis un homme de papier, Tu peux me porter, me prendre, me froisser, me déchirer, Je te regarde, droit dans les yeux, je n'ai aucun secret pour toi. Je suis l'homme que tu ne seras jamais, Je n'ai besoin d'aucun artifice, aucun habit, même, Je suis tout ce que tu veux que je sois : Pour toi animal, tendre, sauvage, autoritaire même si tu veux. Repos. Je peux être celui qui te protège, Te séduit. Je peux être qui t'attire, Te nargue de sa morgue. Et celui qui te suit, toujours le suis. Tu crois que c'est toi qui me regardes Mais tu ne vois que du papier, Homme de peu de poids...

 

Tiphaine Touzeil

 

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6 574 jours

 

Je lui avais dit rendez-vous à l’arbre violet mais je n’avais pas pensé que ce serait boueux à ce point. Je suis arrivé en avance, une vieille habitude prise depuis ce jour-là. Le temps de m’extirper de la voiture, mains moites, tempes en sueur, jusque dans le dos parfois. Mais pas là. Pas aujourd’hui. Il est arrivé en retard et nous avons roulé quelques instants. Ce n’était pas facile de se frayer un chemin, et on virait de droite, de gauche. Je n’étais pas certain de pouvoir tenir le rythme. C’est à l’ornière suivante, gorgée d’eau, que j’ai décidé de le lui annoncer. Je l’ai regardé. J’ai sorti la photo de ma poche. Je la lui ai tendue. Il a regardé, longtemps. M’a regardé. A de nouveau regardé la photo, sourcils froncé. Puis il a vu mon sourire. Il a failli tomber de sa chaise. Il ne m’avait quasiment jamais vu sourire et j’étais moi-même assez stupéfait pendant qu’il reprenait place. 

- Je ne pleure plus, je lui ai dit. Ca s’est arrêté, d’un coup. Trente ou quarante fois par jour, je la regarde sa photo et quasiment tout le temps je pleure. Enfin je pleurais. Et hier, ça s’est arrêté. D’un coup. J’ai regardé encore plein de fois. Mais ça ne pleurait plus. Je ne pleurais plus. Il s’est mis à pleurer en retour. Je ne m’y attendais pas. Tout à mon bonheur trouvé, je n’avais pas pensé à sa réaction. Mais il dit aussitôt, je suis heureux, Eric, je suis heureux. Pour toi. Pour moi aussi, depuis le temps que j’attendais ça. Tu sais que je compte les jours ? Tous les jours ? Tu sais combien de temps ça fait ? Je ne le savais pas. 6574 jours ! 6 574 jours !!! Je n’en revenais pas. J’avais mis 6 574 jours à accepter que jusqu’à la fin de mes jours, je serais handicapé, coincé dans ce fauteuil roulant, que jamais je ne remettrais mes baskets, que jamais je n’aurais l’allure d’un rutilant gaillard issu d’un boys band. 6574 jours à refuser l’accident, qui pourtant tournait chaque nuit dans mes rêves. Sauf hier où tout s’était arrêté. Je pouvais repartir d’un bon pied. Façon de parler.

Didier Jacquot
 

 

Liens :

 

Le blogue de Tiphaine:  À présent (parce ce que c’est)

Le blogue de Didier: Un carnet bleu – du bleu de toutes les couleurs.

Photographie Louis-Paul Fallot

 

 

17.01.2014

Un grand moment de théâtre! (Angelo tyran de Padoue)


Oui, je suis l’outil avec lequel un peuple torture un autre peuple. Ces outils-là s’usent vite et se cassent souvent, Tisbe. Ah ! Je suis malheureux. Il n’y a pour moi qu’une chose douce au monde, c’est vous. Pourtant, je sens bien que vous ne m’aimez pas. Vous n’en aimez pas un autre, au moins ? 
Ainsi parle Angelo dans le tyran de Padoue, d’après la pièce de Victor Hugo (1) et cela résume bien l’esprit de cette œuvre.


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Marc Duret (Angelo) devant le TNN de Nice, janvier 2014
 Photographie Louis-Paul Fallot  


Le pouvoir, le vrai,  lui est ailleurs, ailleurs et partout, symbolisé par ce visage anonyme et cette voix qui sort des écrans vidéos au milieu de l’immense  charpente métallique qui occupe toute la scène, la voix du Conseil des 10 ! (2) 

 Nous, inquisiteurs d'état, ayant à établir nos statuts en capitulaires pour nous et pour nos successeurs, arrêtons… 



 

Le teaser Angelo tyran de Padoue  par Paulo Correia

 

C’est dans ce contexte que « deux femmes se débattant entre l’intime et le politique, deux miroirs qui finiront par se confondre en une seule histoire, un seul destin. » Avec Angelo, tyran de Padoue, le but de Victor Hugo est principalement la dénonciation de la condition féminine. Cette dénonciation entre en résonance avec son combat contre le pouvoir et ses excès. La République vénitienne et son Conseil des Dix lui donnent la possibilité de dénoncer la police secrète et particulièrement la collusion entre le pouvoir religieux et le pouvoir politique, ou comment hypocrisie religieuse permet d'assoir la dictature morale et politique. Comme aujourd'hui, la religion propose un ordre moral qui peut être utilisé afin de légitimer l'enfermement et l'exclusion, en particulier en ce qui concerne la femme – cet être dangereux depuis la naissance de la morale religieuse – ou de façon générale tous ceux qui se situent dans la différence. (3)

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Photo Fraicher-Matthey © Collectif 8 - Création Janvier 2014


Les messages d’Hugo restent terriblement d’actualité et  "le choix du rétro-futurisme" (4)  permet de mettre en relief le caractère totalement universel du propos de Victor Hugo : "une telle société basée sur la peur, la délation, le dogme, les sociétés l'asservissement des minorités et l'inaccessibilité aux arcanes du pouvoir (par leur invisibilité, leur marche sous-terraine) illustre un schéma qui vient du passé, se déroule dans notre présent et va vers notre avenir. Le discours social, politique et religieux de Victor Hugo est complètement applicable et légitime aujourd'hui et le sera encore probablement demain..." (3)

 

L’adaptation d’Angelo tyran de Padoue par le Collectif 8 (5) est une réussite totale : Interprétation des acteurs,   costumes, lumières,décors, animation vidéo, musique... Un grand moment au Théâtre National de Nice et je renouvelle ici un  merci particulier.

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Les acteurs d'Angelo tyran de Padoue au TNN (Nice), 15  janvier 2014
 Photographie Louis-Paul Fallot  

 

 

ANGELO TYRAN DE PADOUE DE VICTOR HUGO • MISE EN SCÈNE ET CRÉATION VIDÉO PAULO CORREIA • COLLABORATION ARTISTIQUE, DRAMATURGIE ET COSTUMES GAË̈LE BOGHOSSIAN • AVEC FRÉDÉRIC BARON, GAËLE BOGHOSSIAN, SIMON DELÉTANG, MARC DURET, DÉ́BORAH MARIQUE . MUSIQUE FABRICE ALBANESE • SCÉ́NOGRAPHIE JEAN-PIERRE LAPORTE • LUMIÈ̀RE ALEXANDRE TOSCANI • SON GUILLAUME POMARES  

 


(1) "Angelo, tyran de Padoue" (drame en prose de Victor Hugo joué lla 1ère fois à Paris le 28 avril 1835), mise en scène en janvier 2014 par  Paulo Correia avec la Compagnie Collectif 8 au Théâtre  National de Nice.  

(2) Le Conseil des Dix – en italien, Consiglio dei Dieci, souvent désigné comme les Dix – fut, de 1310  à la chute de la république en 1797, un des principaux organes, comité exécutif et judiciaire, du gouvernement de la  République de Venise , dont le rôle était de veiller à la sûreté de l'État. (Source Wikipédia).

(3) Extraits du Dossier de presse  en PDF du TNN de NICE  ANGELA TYRAN DE PADOUE que vous pouvez télécharger.

(4) Le parti pris artistique s’appuiera sur l’univers baroque de Victor Hugo pour construire une mise en scène, une scénographie et un environnement graphique qui rappellera l’Amérique des années 60 et la naissance du rétro-futurisme. (Lire le Dossier de presse)

(5) Le site Internet du  Collectif 8.