30.08.2018
Réflexions autour d’une photo
Après ce que j'ai nommé L’Ame d’une photo , une autre prise de vue troublante - mais sans aucune retouche ni montage - a été publiée sur le blogue du "Laboratoire du Rêve et de l'Alchimie Spirituelle". Je suis heureux de lui en avoir donné la primeur de publication car ses textes et les commentaires de ses lecteurs sont toujours pour moi source d’enrichissement, d’émotion et de découvertes ; aussi un bel exemple de ce que les blogues peuvent permettre en partages. Je publie à mon tour cette photo mais je vous laisse découvrir cette publication, son titre et texte et leurs riches commentaires sur le blogue d'Ariaga. Je recopie ici mes quelques mots déposés à mon tour, réflexions autour d’une photo insolite certes mais aussi mystère et peut-être une certaine spiritualité photographique…
Merci Ariaga d’avoir choisi cette photo. Plusieurs commentaires évoquent le photographe mais ce dernier obtiendra une telle image selon tellement de critères (choix de l’objectif, focale, vitesse, lumière bien sûr…) qu’il ne visualisera à son tour le résultat qu’une fois le cliché pris. Parfois déçu, des fois étonné, voire troublé et il aura pris "cette capture " (ici d’eau) également en fonction de son état d’esprit du moment. C’est peut-être là que réside le mystère ? L’attirance d’un lieu à un moment donné, pour ne pas parler de spiritualité photographique.
Puis en la publiant, il laisse à chacun la visibilité et l’interprétation qui sera la sienne.
Dans mon cas et avec ce genre d’image, c’est avec plaisir que je le fais et suis récompensé du partage par les mots et poésies que j’y découvre dans vos écrits.
L.P
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31.07.2018
L'Ame d'une photo
Tout commence comme une apparition, alors que je prenais des photos dans un sous-bois des marais de Kerguilloté. Elle m’a beaucoup troublé puis laissé sans écriture alors que j’aime écrire à partir de certaines de mes images. Un trouble persistant et une photo que je ne montrais que dans un cadre très restreint familial. Ce même jour, je pris sur le chemin du retour, une autre photo que je publiais sur ce blogue, accompagné d’un texte très personnel.
C’est donc à partir d’un commentaire d’Ariaga sur "Le banc des marais "que je proposais à son regard la première photo et, si elle le souhaitait d’écrire un texte. De nos différents échanges – riches et variés – est ainsi est né Au pays de l'insolite où Ariaga, à la suite de sa présentation invite ceux qui ont quelque chose (un ressenti, une évocation, un commentaire etc) à dire au sujet de cette photo à l'écrire de manière brève.
Je suis vraiment heureux d’y lire ce que cette photo inspire à travers les regards multiples mais aussi par ces mots, ressentis, poésie qui m’ont beaucoup ému et touché; ils sont précieux pour moi dans leur diversité.
Heureux aussi de voir se poursuivre ce "voyage dans l'imaginaire" sur le blogue d’Ariaga. D'ailleurs s'agit-il vraiment d'imaginaire? Ce sont en tous cas des partages bien réels.
Publié dans Mots et photos, Photo, un jour un instant | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : photo, ariaga, blog, insolite, partage, spiritualité, marais, kerguilloté, âme | 19:44 | Facebook | Imprimer
16.08.2014
Trois écrits pour une photo
Pendant la pause de ce blogue et alors que j’étais vraiment déconnecté , trois de mes amis blogueurs dont j’apprécie le talent d’écriture ont accepté de plancher sur l’une de mes photographie. J’ai à mon retour ramassé les copies de ces devoirs de vacances et je vous les propose ci-après.
Merci à Claudio, Tiphaine et Didier; à toutes et tous de bonnes lectures que vous pourrez prolonger en visitant leurs blogues.
Extra-vivants par Claudio
Le temps passe et l'illusion des couleurs aussi.
Ils croyaient leur monde solide et coloré, il était noir et blanc, pire que noir et blanc, même. Il était gris, gris sale, gris fade, grisâtre. Le noir et blanc encore, ça se fritte de temps en temps, ça sent bon le manichéen primaire, le tout ou rien et la colère tranchante et bienfaitrice. Mais, le gris, c'est mort, c'est lent, lentement mort. Moribond depuis toujours. L'inertie rampe gris.
A force d'effeuiller la marguerite au ras des pâquerettes, ce sont les pissenlits qu'ils côtoyaient et la pierre tombale qu'ils dessinaient. Bon sang, il a fallu qu'ils se rencontrent ces deux-là ! Aussi limace l'un que l'autre ! Asexués, exsangues et mollassons, ils passent immobiles. Vieux de naissance, accouplés par hasard, ils n'ont jamais trouvé ni clé, ni serrure pour engendrer une descendance, une déliquescence, devrait-on dire, et c'est tant mieux. On les aurait accouplés à un meuble, ils y seraient encore fidèles. Aussi, lorsque le promoteur vint leur proposer le rachat de leur bicoque en meulière afin d'y implanter un complexe commercial, ils ne dirent pas oui, ils ne dirent pas non. Rien, ils continuèrent à prendre le chemin du cimetière sans être perturbés. On fit tout ce qu'il était possible de faire. Toutes les autorités administratives et judiciaires s'en mêlèrent. Les médicales furent appelées au secours et la famille éloignée et oubliée, aussi. Rien n'y fit. La compréhension même de l'opération semblait leur échapper. Insensibles à la carotte comme au bâton, ils végétaient sur un terrain qui valait de l'or. Morne plaine et morne vide, au potentiel pépite.
Alors, en désespoir de cause, la complicité de certains et la neutralité des autres poussèrent le rouleau compresseur. On aplatit tout ça. Personne ne s'en plaignit. Et, on coula la dalle de béton. Pavillon et limaces s'agglomérèrent sans difficulté. Ils ne manqueraient à personne et la pierre tombale était gratuite. Coulés les coulants ! Ecroulés les dégoulinants !
Faut faire marcher le commerce et c'est pas deux mollassons hermaphrodites qui vont nous empêcher d'œuvrer pour l'humanité.
L'euthanasie d'utilité publique devait s'appliquer aux végétaux qui s'étaient trompés de case. L'humain, c'est du vivant vivant, ou alors, qu'il ait affaire à la bétonnière... en toute discrétion. Non mais !"
Servitude volontaire par Tiphaine
On peut pas s’échapper, de toute façon, on peut pas s'échapper d'un endroit comme ça, t'auras beau mettre les chaines, placer les barrières empiler cadenas verrouiller double tour, on ne peut pas s'échapper d'un endroit comme ça.
Toi, tu sais pas, tu dis je vais faire un tour et tu dis je pense à ramener du pain mon cœur et tu fais comme si le cœur pouvait faire les courses tu sais pas qu'il peut faire beaucoup de choses le cœur mais ramener les courses il sait pas faire, tu sais pas mais tu dis quand même, tu parles du temps qu'est beaumochegrispluvieux puis tu dis je vais prendre le vélo ça me fera prendre l'air et puis c'est bon pour la planète et si c'est bon pour la planète alors c'est bon pour toi c'est sûr vu que tu fais partie de la planète toi, toi et ton cœur qui pense… à ramener le pain.
On peut pas s’échapper, de toute façon, on peut pas s'échapper d'un endroit comme ça, t'auras beau mettre les chaines, placer les barrières empiler cadenas verrouiller double tour, on ne peut pas s'échapper d'un endroit comme ça.
Alors tu prends ton beau vélo tout beau, t'as qu'à suivre les flèches c'est facile, mais c'est qu'y a beaucoup de monde ohlala y'a du monde quand même c'est que ça doit être bien, la fille sur l'affiche géante te sourit, t'es beau tu sais, la fille a la bouche cachée un peu on la devine sa bouche t'es beau tu sais et c'est qu'elle te mangerait bien le paquebot, t'as une tête aussi et qu'elle est belle ta tête t'as vu comme la fille te sourit, tu rentres dans le centre commercial et ça brille de partout ça clignote c'est la fête y'a de la musique et même des filles nues, enfin presque nues t'as cru qu'elles étaient nues mais c'était pour du faux tu sais c'est comme pour le coeur, il ramène pas le pain.
On peut pas s’échapper, de toute façon, on peut pas s'échapper d'un endroit comme ça, t'auras beau mettre les chaines, placer les barrières empiler cadenas verrouiller double tour, on peut pas s'échapper d'un endroit comme ça. Mais toi tu sais pas, tu dis "je vais faire un tour" et double tour dedans encore tu te retrouves. On ne peut pas s'échapper d'un endroit comme ça.
Le fil d'Oriane par Didier
Une robe de cuir comme un fuseau / Qu´aurait du chien sans l´faire exprès / Et dedans comme un matelot / Une fille qui tangue un air anglais / Ces mains qui jouent de l´arc-en-ciel / Sur la guitare de la vie / Et puis ces cris qui montent au ciel / Comme une cigarette qui brille / My daisy, daisy, daisy, désirable / Je suis malheureux d'avoir si peu de mots / A t'offrir en cadeaux / Darling I love you, love you, darling I want you
Il fallait tendre l'oreille par-dessus les coups de marteaux et les machines qui dézinguaient béton et métal et pétaradaient sans vergogne de l'autre côté de la porte pour entendre l'étrange sifflement qui mêlait deux chansons sans le savoir.
Il fallait aussi profiter d'un joli concours de circonstances côté circulation alentour. Le Boulevard Kennedy était arpenté de tôt à tard, parfois de fort tôt à très tard.
Pour eux, chaque matin, la course de VTT finissait devant la grille. Ils y déposaient leurs montures. Vincenzo arrivait le premier la plupart du temps, ti-shirt jaune, lui qui venait du Chemin de la Minoterie. Bon second, Thibault déboulait du Chemin des Petits Plans. Ils pédalaient allègrement, arrivaient essoufflés, pressés, ou plutôt impatients surtout s'il fallait attendre l'autre lorsqu'ils n'arrivaient pas en même temps.
Ils reluquaient alors pendant quelques instants celle qu'ils avaient appelée Oriane, à la recherche du temps perdu, belle au bois dormant, fleur d'or, de vent, fille du ciel aux contours dorés.
Puis ils pénétraient dans l'enceinte interdite au public pour le moment. Réservée aux gars du bâtiment pour l'instant. Ils construisaient ce qui allait prochainement devenir un temple de la consommation quatre étoiles, de ces lieux qu'ils ne fréquenteraient pas avec leurs trous dans les poches au quinze du mois. Et ils s'en fichaient.
Ils aimaient ces matins de retrouvailles avec la belle, ces journées de bon cœur et c'est presque en lui tirant une révérence, peut-être même pour de bon la faisaient-ils cette révérence, qu'ils repartaient le soir avant la plupart du temps d'honorer leurs dames au couchant, plus souvent que d'ordinaire en tout cas, tout cela à cause d'une affiche alors qu'elles mettaient sur le compte du printemps la vitalité retrouvée de leurs amants.
Une robe de cuir comme un fuseau / Qu´aurait du chien sans l´faire exprès / Et dedans comme un matelot / Une fille qui tangue un air anglais (…) Avec ton air canaille, canaille, canaille / How can I love you. C'est cela qu'ils sifflaient. Sur l'air de Charles. En pensant à Léo. Ou vice versa.
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