17.04.2017
L'heure est à l'heure
Merci à mon ami Claudio, vous pourrez lire l’intégralité de son texte "Le jour de clarté" sur le blogue Singulier Pluriel. J'ai choisi cet extrait:
"C'est le printemps à tout âge, sortie de tunnel et coquelicots, balles neuves et page blanche. Promesse d'éternité et certitude d'absolu. L'heure est à l'heure. Les tuteurs d'amitié balisant le chemin tortueux restent en mémoire et on sait à qui l'on doit d'être là pour goûter la joie. Les ténèbres sont remisées, elles en toucheront d'autres qu'il faudra seconder comme un retour, un rendu, une gratitude. On sauvera des vies car on a sauvé la nôtre, souvent sans le savoir.
Pouvoir dire le bien comme on a dit la douleur. L'expression peut sembler plus puérile face aux récits des tréfonds du sombre. Tant pis. Le soleil se lève de nouveau, il convient de le dire, de le peindre, en couleurs, en clarté. C'est le jour de clarté. Son partage est un devoir."
Illustration : Pointu au port du Cros de Cagnes, 14 avril 2017 à 10h25
Photographie Louis-Paul Fallot
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28.01.2016
Chère Ondine (Un blogue revisité)
Comment et de façon un peu originale, fêter les dix ans de ce blogue toute cette année 2016 ?
Parmi quelques idées, l’une est de reprendre certains textes avec des photos, elles récentes. Où peut-être l’inverse, nous verrons bien…
Mais je l’ai toujours dit et écrit, un blogue c’est avant tout des partages et ces derniers se font notamment par les commentaires, publics et parfois privés. C’est souvent ainsi que sont nées pour moi des amitiés.
Je vais donc étendre mon idée non seulement à mes écrits mais également à ceux déposés suite aux miens.
Ce que je souhaite, c’est que cela se fasse naturellement, sans plan pré établi et sans contrainte particulière pour ce blogue revisité.
La plage des Ondes en hiver, photographie Louis-Paul Fallot, janvier 2016
C'est à cet endroit, que chaque année, en novembre, le Marathon Nice-Cannes décide de me faire payer la beauté du paysage. C'est après 30 kilomètres de course que cette plage apparaît et dresse devant les coureurs le virtuel, et pourtant réellement ressenti, "mur" bien connu des marathoniens (scotchés sur place au plus bas des forces physiques et mentales). Malicieuse plage qui nous ralentit pour mieux être admirée. Si elle savait qu'à ce moment-là nos sens, même les plus voluptueux sont plus dans le vague que dans les siennes, elle ne se donnerait pas tant de peine.
Tout se paye certes, mais, un peu cher parfois, chère Ondine.
Un commentaire de Claudio sur la Note La plage des Ondes, mars 2012
Lien: Singulier Pluriel, "le blog de Claudio Orlando et de la Joie sérieuse"
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16.08.2014
Trois écrits pour une photo
Pendant la pause de ce blogue et alors que j’étais vraiment déconnecté , trois de mes amis blogueurs dont j’apprécie le talent d’écriture ont accepté de plancher sur l’une de mes photographie. J’ai à mon retour ramassé les copies de ces devoirs de vacances et je vous les propose ci-après.
Merci à Claudio, Tiphaine et Didier; à toutes et tous de bonnes lectures que vous pourrez prolonger en visitant leurs blogues.
Extra-vivants par Claudio
Le temps passe et l'illusion des couleurs aussi.
Ils croyaient leur monde solide et coloré, il était noir et blanc, pire que noir et blanc, même. Il était gris, gris sale, gris fade, grisâtre. Le noir et blanc encore, ça se fritte de temps en temps, ça sent bon le manichéen primaire, le tout ou rien et la colère tranchante et bienfaitrice. Mais, le gris, c'est mort, c'est lent, lentement mort. Moribond depuis toujours. L'inertie rampe gris.
A force d'effeuiller la marguerite au ras des pâquerettes, ce sont les pissenlits qu'ils côtoyaient et la pierre tombale qu'ils dessinaient. Bon sang, il a fallu qu'ils se rencontrent ces deux-là ! Aussi limace l'un que l'autre ! Asexués, exsangues et mollassons, ils passent immobiles. Vieux de naissance, accouplés par hasard, ils n'ont jamais trouvé ni clé, ni serrure pour engendrer une descendance, une déliquescence, devrait-on dire, et c'est tant mieux. On les aurait accouplés à un meuble, ils y seraient encore fidèles. Aussi, lorsque le promoteur vint leur proposer le rachat de leur bicoque en meulière afin d'y implanter un complexe commercial, ils ne dirent pas oui, ils ne dirent pas non. Rien, ils continuèrent à prendre le chemin du cimetière sans être perturbés. On fit tout ce qu'il était possible de faire. Toutes les autorités administratives et judiciaires s'en mêlèrent. Les médicales furent appelées au secours et la famille éloignée et oubliée, aussi. Rien n'y fit. La compréhension même de l'opération semblait leur échapper. Insensibles à la carotte comme au bâton, ils végétaient sur un terrain qui valait de l'or. Morne plaine et morne vide, au potentiel pépite.
Alors, en désespoir de cause, la complicité de certains et la neutralité des autres poussèrent le rouleau compresseur. On aplatit tout ça. Personne ne s'en plaignit. Et, on coula la dalle de béton. Pavillon et limaces s'agglomérèrent sans difficulté. Ils ne manqueraient à personne et la pierre tombale était gratuite. Coulés les coulants ! Ecroulés les dégoulinants !
Faut faire marcher le commerce et c'est pas deux mollassons hermaphrodites qui vont nous empêcher d'œuvrer pour l'humanité.
L'euthanasie d'utilité publique devait s'appliquer aux végétaux qui s'étaient trompés de case. L'humain, c'est du vivant vivant, ou alors, qu'il ait affaire à la bétonnière... en toute discrétion. Non mais !"
Servitude volontaire par Tiphaine
On peut pas s’échapper, de toute façon, on peut pas s'échapper d'un endroit comme ça, t'auras beau mettre les chaines, placer les barrières empiler cadenas verrouiller double tour, on ne peut pas s'échapper d'un endroit comme ça.
Toi, tu sais pas, tu dis je vais faire un tour et tu dis je pense à ramener du pain mon cœur et tu fais comme si le cœur pouvait faire les courses tu sais pas qu'il peut faire beaucoup de choses le cœur mais ramener les courses il sait pas faire, tu sais pas mais tu dis quand même, tu parles du temps qu'est beaumochegrispluvieux puis tu dis je vais prendre le vélo ça me fera prendre l'air et puis c'est bon pour la planète et si c'est bon pour la planète alors c'est bon pour toi c'est sûr vu que tu fais partie de la planète toi, toi et ton cœur qui pense… à ramener le pain.
On peut pas s’échapper, de toute façon, on peut pas s'échapper d'un endroit comme ça, t'auras beau mettre les chaines, placer les barrières empiler cadenas verrouiller double tour, on ne peut pas s'échapper d'un endroit comme ça.
Alors tu prends ton beau vélo tout beau, t'as qu'à suivre les flèches c'est facile, mais c'est qu'y a beaucoup de monde ohlala y'a du monde quand même c'est que ça doit être bien, la fille sur l'affiche géante te sourit, t'es beau tu sais, la fille a la bouche cachée un peu on la devine sa bouche t'es beau tu sais et c'est qu'elle te mangerait bien le paquebot, t'as une tête aussi et qu'elle est belle ta tête t'as vu comme la fille te sourit, tu rentres dans le centre commercial et ça brille de partout ça clignote c'est la fête y'a de la musique et même des filles nues, enfin presque nues t'as cru qu'elles étaient nues mais c'était pour du faux tu sais c'est comme pour le coeur, il ramène pas le pain.
On peut pas s’échapper, de toute façon, on peut pas s'échapper d'un endroit comme ça, t'auras beau mettre les chaines, placer les barrières empiler cadenas verrouiller double tour, on peut pas s'échapper d'un endroit comme ça. Mais toi tu sais pas, tu dis "je vais faire un tour" et double tour dedans encore tu te retrouves. On ne peut pas s'échapper d'un endroit comme ça.
Le fil d'Oriane par Didier
Une robe de cuir comme un fuseau / Qu´aurait du chien sans l´faire exprès / Et dedans comme un matelot / Une fille qui tangue un air anglais / Ces mains qui jouent de l´arc-en-ciel / Sur la guitare de la vie / Et puis ces cris qui montent au ciel / Comme une cigarette qui brille / My daisy, daisy, daisy, désirable / Je suis malheureux d'avoir si peu de mots / A t'offrir en cadeaux / Darling I love you, love you, darling I want you
Il fallait tendre l'oreille par-dessus les coups de marteaux et les machines qui dézinguaient béton et métal et pétaradaient sans vergogne de l'autre côté de la porte pour entendre l'étrange sifflement qui mêlait deux chansons sans le savoir.
Il fallait aussi profiter d'un joli concours de circonstances côté circulation alentour. Le Boulevard Kennedy était arpenté de tôt à tard, parfois de fort tôt à très tard.
Pour eux, chaque matin, la course de VTT finissait devant la grille. Ils y déposaient leurs montures. Vincenzo arrivait le premier la plupart du temps, ti-shirt jaune, lui qui venait du Chemin de la Minoterie. Bon second, Thibault déboulait du Chemin des Petits Plans. Ils pédalaient allègrement, arrivaient essoufflés, pressés, ou plutôt impatients surtout s'il fallait attendre l'autre lorsqu'ils n'arrivaient pas en même temps.
Ils reluquaient alors pendant quelques instants celle qu'ils avaient appelée Oriane, à la recherche du temps perdu, belle au bois dormant, fleur d'or, de vent, fille du ciel aux contours dorés.
Puis ils pénétraient dans l'enceinte interdite au public pour le moment. Réservée aux gars du bâtiment pour l'instant. Ils construisaient ce qui allait prochainement devenir un temple de la consommation quatre étoiles, de ces lieux qu'ils ne fréquenteraient pas avec leurs trous dans les poches au quinze du mois. Et ils s'en fichaient.
Ils aimaient ces matins de retrouvailles avec la belle, ces journées de bon cœur et c'est presque en lui tirant une révérence, peut-être même pour de bon la faisaient-ils cette révérence, qu'ils repartaient le soir avant la plupart du temps d'honorer leurs dames au couchant, plus souvent que d'ordinaire en tout cas, tout cela à cause d'une affiche alors qu'elles mettaient sur le compte du printemps la vitalité retrouvée de leurs amants.
Une robe de cuir comme un fuseau / Qu´aurait du chien sans l´faire exprès / Et dedans comme un matelot / Une fille qui tangue un air anglais (…) Avec ton air canaille, canaille, canaille / How can I love you. C'est cela qu'ils sifflaient. Sur l'air de Charles. En pensant à Léo. Ou vice versa.
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