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04.12.2012

Le scribe maître de la plume

 

Ce n'est pas pour devenir écrivain qu'on écrit. C'est pour rejoindre en silence cet amour qui manque à tout amour.  Christian Bobin,  La part manquante

 

Le scribe maître de la plume

 

Le scibe-PhotosLP Fallot.jpgDans l’Antiquité le scribe était un notable, puis avec le temps et dans les pays modernes, tout le monde ou presque apprit à lire et à écrire;  chacun put enfin écrire avec plus ou moins de talent, et ainsi évoluer.

Certains devinrent des écrivains au talent reconnu, on leur attribuait ce talent d’être de fines plumes. Ils étaient capable de montrer et faire sentir les odeurs, le bruissement des feuilles sous le souffle du vent, nous faire entendre le clapotis de l’eau dans les calades des ruisseaux, nous montrer toutes les couleurs du ciel, des arcs en ciel et du zèbre des éclairs dans une nuit noire. D’autres nous montraient, la violence des hommes et des tempêtes, les rues sombres et les fumées nocives. Certains même nous cueillaient des bouquets montrant du même coup la verdeur des près embaumés de parfums de fleurs. Les coquelicots dans les champs de blés…. C’est grâce à eux que je me suis senti attiré vers la lecture, celle qui me parlait un peu plus que les simples mots, des textes vêtus de poésie ; ceux qui m’ont autorisé à les copier pour essayer de m’améliorer, j’ai pu à mon aise jouer avec leurs mots tentant chaque fois de mieux faire, ajoutant virgules ou points, déplaçant de-ci de-là quelques mots pour les accorder avec les résonnances qu’ils transmettaient à mon oreille par ma lecture qui s’adressait directement à mon cerveau. L’écriture me semblant être comme une douce musique sur laquelle tous les mots peuvent valser et donner un ballet majestueux comme les valses de Vienne. Chaque lecteur devenant le spectateur et l’auditeur de la musique qu’il lit et entend. Aimant ainsi un écrivain plutôt qu’un autre, le style de sa plume, le tableau qu’il écrit comme un peintre son œuvre, ou un sculpteur son art. Qu’ils m’offraient en partage.

Jusqu’au jour où, ayant par maladresse certainement, déplacé, une virgule ou un point, modifié une note dans un récital écrit, ignorant que ce scribe était resté à l’aire antique de la noblesse des scribes d’Egypte, possesseur de ses écritures et de ses droits d’auteur. Troublé comme Mozart, que l’on ait pu lui changer une croche de sa partition. Je fus amené à repenser mon admiration sur la profondeur et l’attention que pouvaient avoir certains de ceux qui se gargarisaient de côtoyer les fines plumes; je les ressentais alors loin de la véritable sollicitude dont parlait Victor Hugo. J’ai ressenti la même résistance que les religieux mettent à sacraliser et conserver leurs écrits pour poursuivre, sans en modifier une ligne, leur état d’esprit sans pouvoir accepter d’en apporter une nouvelle conception. Toutes religions confondues avec les thoras et les charias, tous les blocages en fait.

Le plus surprenant venait aussi du fait que ce scribe - qui se bat pour que le monde change et évolue dans une mondialisation où beaucoup ne pensent plus à la nature ni aux dégâts que chacun provoque en ce monde – oubliait que l’on doit commencer « soi-même » à évoluer dans ses propres comportements égoïstes quels qu’ils soient.   Ne rien changer au sacro-saint du «c’est ce que je fais qui est bien » ! J’ai compris la phrase d’un artiste qui disait que l’écriture pouvait être une arme meurtrière. Comme tiré d’une arbalète, le carreau peut se transformer aussi en boumerang.

L’écriture, à mon humble avis, ne devrait pas rester l’apanage de certaines fines plumes, ne servant alors qu’à décorer leur chapeau, mais servirait encore un peu plus à aider ceux qui l’aiment, à l’aimer davantage. La partager sans contrepartie, l’offrir comme un précieux cadeau et non comme l’aumône d’une pièce jetée dans l’écuelle du mendiant de la lecture…..

 

Robert de Nice, 14 octobre 2011.   

 

Illustration :

Le musée des arts et traditions populaires à Guillaumes (Alpes-Maritimes). Photo Louis-Paul Fallot

 

Liens:

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