13.10.2010
La ligne de vie
(...) J’ai des souvenirs sur cette question. Je revois les ouvriers, la France était encore plus ouvrière qu’elle n’est aujourd’hui, je les vois encore venir me voir…Ils le disaient en patois de chez moi « je ne peux plus arquer, je ne peux plus avancer. Ils venaient voir leur élu en demandant de les sortir de là (…) Quand nous sommes arrivés, nous avons tout de suite proposé la retraite à 60 ans, ça a été un immense espoir de toutes les revendications ouvrières, ça été la loi la plus importante et elle restera dans l’histoire de la France ». (…) « Si bien que en catimini, la liquider de cette façon, ce n’est pas possible. Et puis, ce n’est pas digne d’un système de répartition qui repose sur plusieurs générations. C’est pourquoi, nous pensons que c’est une erreur profonde d’effacer la retraite à 60 ans. (...)
L’intégralité de ce discours de Pierre Mauroy en vidéo sur le site Public Sénat.
Ne croyez pas que c’est un discours passéiste, Pierre Mauroy parle aussi du présent, des jeunes. Ses mots sont forts et je les trouve justes. Je vous invite à écouter l’intégralité de ce discours, posé, digne, émouvant.
En écoutant ce discours, j’ai pensé aussi très fort à mon Papa et à tous ces hommes et femmes qui ont fait ce qui est aussi l’histoire de notre pays ; qui se sont battus pour que les générations à venir vivent un monde meilleur. Oui, merci Monsieur Mauroy.
Publié dans Actu, Photo | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : retraite, manif, nice, photo, sénat, pierre mauroy, génération, papa | 06:27 | 
Facebook | 
Imprimer
Commentaires
Désolé Louis-Paul, mais je crois qu'en effet, c'est un discours passéiste. Sensible à l'Humain avant tout, fils d'ouvriers immigrés et illettrés, j'ai quelques raisons de croire que je suis légitime à parler des classes populaires et de leurs souffrances tant physiques que morales.
Sur le chemin du boulot dès 16 ans, je n'ai pas ménager ma peine pour acquérir un peu de dignité et élevé mes enfants. Exclu du marché du travail depuis de nombreuses années, bénéficiaire, tour à tour, de tous les minima sociaux, je me permets de ne pas hurler avec les loups et de ne pas verser dans la plainte personnelle.
J'ai le regret de constater que ce pays est d'un conservatisme impressionnant, que ceux qui ont un boulot, des avantages et pour certains la sécurité professionnelle continuent, malgré les temps de crise, à demander toujours plus, que ce sont les mêmes qui parlent de partage et de Fraternité. L'égoïsme n'est pas où l'on croit. Puisque nous parlions de Dignité, le minimum, face à la vraie misère, et tenons-nous à celle qui existe en France, serait de se faire un peu petit. Au lieu de cela, les foules, pas toujours cultivées, pas toujours au fait des textes, (il n'y a qu'à entendre les slogans primaires) les foules, disais-je, nous créent une ambiance conflictuelle, jouent contre leur camp et ne jurent que par le rapport de force. lorsqu'on cherche la paix et l'harmonie, lorsqu'on se réclame de la justice et de l'Humain, on fait l'inverse. Le "petit" que je suis ne comprend plus rien à ces discours. Nous sommes dans le spectacle. Et moi qui vient de la Gauche (la seule carte que j'ai eu, peu de temps il est vrai, est celle du Parti Communiste) je ne me reconnais pas dans cette dictature de l'opinion publique. A chaque intervention télévisée, à chaque lecture d'article, j'ai les boyaux qui se s'entortillent et me font souffrir, constatant que la Droite est plus intelligente, plus rationnelle et plus honnête que la Gauche, manipulatrice et archaïque.
Oui, il faut que cette réforme passe (et encore elle est timide). Oui, il faudra en faire d'autres. Oui, le progressiste que je suis demande plus de modernité, plus de justice, plus de solidarité et déteste qu'on monte les uns contre les autres (et quoi qu'on en dise, aujourd'hui, ce n'est pas le pouvoir qui le fait) J'ai honte pour ma famille, mon camp.
Et tous les discours du monde, fussent-ils émouvant ne changeront pas une réalité de faits et de chiffres.
Voilà, Louis-Paul, c'est dit. C'est tombé ici ; ça aurait pu tomber ailleurs. J'espère que cela m'a déchargé de ma peine. Bonne journée à toi.
Écrit par : Claudio | 13.10.2010
Je maintiens évidemment pour toi ce que j'écris par ailleurs pour moi: Ecrire fait du bien et ici, tout peut-être dit ou presque ; à la seule condition d’être poli. (Cà, c’est pour la rime, j’entends bien sûr par là le respect de l’autre et la tolérance.)
Site de partage, j’accueille donc avec plaisir ta contribution tout en étant désolé que cette actualité te fasse aussi mal.
Moi, ce sont d’autres maux que je rencontre, de fatigue, y compris de celui qui écrit ces lignes, (je sais tu vas hurler car je fais partie de cette catégorie que tu décrie tant !), d’années qui vont manquer pour ces femmes qui se sont arrêtées de travailler pour élever leurs enfants, de jeunes qui passent du statut d’étudiant à celui du chômeur…
Tu me lis je crois à chaque Note ici et pourtant tu passes sous silence ce qui devrait te ravir : « J’aurais bien aimé que l’on parle des temps d’activités sur l’ensemble d’une vie, qu’il y ai une vraie discussion, que l’on ne généralise pas ; que l’on parle un peu de l’homme, de son travail. »
J’entends de ces débats parfois mais force est de constater que toute proposition (de tout « bord »), constructive se heurte à une fin de non recevoir. Une fois de plus, l’échéance électorale prend le pas sur un débat qui aurait mérité du temps.
J’arrête, je pourrais écrire encore et encore, (sourire : et toi aussi) j’espère que d’autres contributions viendront s’ajouter aux nôtres. Un dernier mot : tu sais, je n’avais pas manifesté depuis les années 1980, je n’ai pas trouvé les caricatures que tu décris mais bien au contraire une convivialité, une joie d’être ensemble toutes générations confondues, bref, un évènement normal en démocratie.
Amitié Claudio
Écrit par : LP | 13.10.2010
Vois tu, je n'ai jamais caché que j'étais compagnon-fumiste, après l'avoir été dans le bâtiment. Vois tu, j' enrage d'entendre nos "pontes " tenir leur langage. Tous ceux qui légifèrent, ne sont jamais touchés par les mesures qu'ils infligent aux autres, ils ont une retraite garantie avec souvent très peu de temps d'activité dans la "branche".
C'est un métier, ou je faisais encore 50 heures par semaine et ou les gars le font encore. Je vois mal les patrons payaient les déplacements calendaires pour 40 heures. alors oui, avant de modifier les lois sur la retraite, il fallait prendre son temps et regarder où on mettait ses pieds.
Je ne parles même pas des compagnons malades de la silicose ou d'asbestose et qui avec 20% sont encore au travail. Il ne faut pas oublier que ces maladies se déclarent après bien des années parfois.
Comptons toutes les lois faites à la hussarde et qui devront, qu'on le veuille ou non, être modifiées. Présider, demande un peu de sagesse et de patience.....
Je viens de recevoir mon vaccin pour la grippe, et en plus le pneumo.....
Bonne journée chez toi. Amicalement.
Écrit par : patriarch | 13.10.2010
J’ai lu tes Notes qui racontent ton vécu Patriach. Elles sont bien plus parlantes que les discours que j’entends ici et là. Merci à toi. Bonne soirée.
Écrit par : LP | 13.10.2010
Moi depuis quelques temps, ma pensée se résume à : "Sous ce quinquennat, les cons sont ceux qui vont au boulot."
Les autres ont tous les droits, les privilèges … Ceux qui bossent n'ont qu'un seul devoir : se taire, cotiser et endosser les décharges d'adrénaline.
Comme on ne peut plus conclure par "vivement la retraite" je conclus par "vivement la fin".
Écrit par : La Dame de Nage | 13.10.2010
On va quand même essayer de cultiver l'optimisme Sarah...
Écrit par : LP | 13.10.2010
Nous vivons des années bien difficiles...
Bonne nuit, Louis Paul.
Écrit par : christina | 13.10.2010
il y a de tout;
des gens qui ont eu droit à une retraite bien avant 60 ans pour quelques raisons "pas justes",qui ne se sont pas beaucoup fatigués ,puis d'autres arrivés péniblement à ces 60ans ,fourbus,le corps cassé;
moi ,je voudrais que la retraite reste à 60 ans ;c'est un grand espoir pour beaucoup ;l'argent ,il faut le gérer autrement ,il existe ;
et puis ,ces jeunes qui vont attendre combien de temps pour travailler,c'est déjà assez difficile ,et puis aussi ,j'y pense beaucoup ,ces maladies qui peuvent arriver ,il faut profiter de notre vie de bien portant !
ce n'est pas apprécier la polémique c'est vouloir que l'on gère autrement nos finances ;
c'est tellement fort cette peur de ne plus avoir de retraite (que l'on a bien su nous mettre ds la tête )que j'ai vu quelqu'un hier qui croyait que cela commençait !
sa retraite arrive normalement le 9,vu le week end ,elle n'a été inscrite que le 11 sur son compte ;
et pour lui à coup sur,c'était le début !!!!
Écrit par : ani | 13.10.2010
Ce matin (*), j’ai pu lire cet article d'un médecin du travail dans Le Monde "Face à la retraite, l'usure des corps" dont je vous livre quelques extraits :
« Ces gestes du travail qui définissent la pénibilité de certains métiers sont parfaitement décrits par les chercheurs, les ergonomes, les médecins du travail, les médecins-conseils, les ingénieurs en prévention, les médecins généralistes, et figurent dans toutes les publications professionnelles. Même le législateur les connaît, qui les a répertoriés et décrits en détail dans les tableaux de maladies professionnelles.
Le projet de loi sur les retraites ignore ce savoir.(…)
Et plus loin :
« (…) Ainsi, pour réformer les retraites, on table sur une société imaginaire où les ouvriers n'existent plus, et où les cadres de plus de 50 ans sont tous au travail. Pour régler la facture, on s'adresse en tout premier lieu à des chômeurs. En second lieu aux travailleurs exerçant des métiers dont les tâches ne peuvent physiquement être exécutées à n'importe quel âge, dont le poste de travail doit nécessairement évoluer, sous la responsabilité, voire à l'initiative, de l'employeur. Cette responsabilité n'est pas mentionnée. Au contraire, on distribue au passage une prime à la casse et non à la prévention. On nie tout à la fois la réalité des disparités sociales, la réalité des inégalités au travail et la réalité des corps. Pense-t-on que l'on va maintenir de force au travail des gens qui ne peuvent plus faire leur métier ? Ils seront contraints de quitter le monde du travail bien avant de pouvoir toucher une retraite à taux plein. Quant à ceux qui resteront, c'est bien avec leur corps qu'ils paieront leur retraite. (…)»
C’est signé Noëlle Lasne, médecin du travail et membre du comité de rédaction de la revue "Pratiques".
Noëlle Lasne a contribué à un ouvrage collectif paru en 2009 : La santé des malades.
Vous pourrez lire l’intégralité de cet article paru dans l'édition du 12.10.10
sur le site du Monde.fr.
http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/10/11/face-a-la-retraite-l-usure-des-corps_1423621_3232_1.html
(*) Grâce à l’écoute de l’excellente émission de Brigitte Patient « Un jour tout neuf » sur France Inter où elle rencontre et interviewe ces inconnus qui font notre société.
http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/un-jour-tout-neuf/pres.php
Bonne journée à toutes et tous qui passez par ici et merci pour la richesse de vos commentaires.
Écrit par : A lire (par LP) | 14.10.2010
les jeunes ont raison d'avoir du souci
bises bonne journée
Écrit par : mamita | 14.10.2010
J'ai trouvé l'article de Noëlle Lasne excellent (notamment la fin que tu cites). merci de nous l'avoir signalé.
Écrit par : Dominique | 20.10.2010
Il y a du débat sur ton blogue.
Je suis d'accord avec Claudio mais ce qui provoque toute cette mobilisation C'EST LA MANIÈRE DE LE FAIRE...
Aucun respect ni aucune considération pour les gens qui craignent, aucune pédagogie, que du mépris.
Et de l'idéologie droitière : pourquoi avoir fait une fixation sur l'âge de 62 ans ?
Mais aussi un ras-le-bol général... D'abord les Roms...le gouvernement épinglé par l'Europe : toujours du passage en force...
Écrit par : Rosa | 21.10.2010
Oui, merci Monsieur Mauroy et merci Louis-Paul ( je ne t'avais pas encore lu)
Mardi ou mercredi la loi va passer en force
Jeudi, une autre manif, soyons solidaires avec tous ceux qui sont en grève, ils ont encore envie de se battre!
Bonne nuit, bises
Écrit par : noelle | 23.10.2010
Les commentaires sont fermés.