15.12.2012
Une Feuille m’a dit…
Un conte, écrit par mon ami Robert de Nice et que j’ai mis en images.
Une Feuille m’a dit…
Le nez en l'air me promenant par le chemin des bergères, j'entendis un petit cri où je posai le pied. Le pied en l'air je n'osais plus marcher, et regardant le sol j'y vis une superbe feuille morte. Je la ramassai délicatement, l'admirant en disant à voix haute : “oh quelle magnifique feuille morte ! Mais je ne suis pas morte, cria-t-elle, ne vois-tu pas que tu m'as fait mal en me piétinant ? Je restai bouche bée, c'est que je n'avais jamais entendu me parler une feuille jusque là ! On ne t'a pas appris à t'excuser lorsque tu marches sur les pieds d'une vieille dame ? me dit-elle encore ! De plus en plus stupéfait, je bredouillais un vague “excusez-moi, je ne vous avais pas vue”… Devant son regard courroucé, je crus bon d'ajouter, sans y voir de malice : Euh… « C’est qu'il y a beaucoup de feuilles mortes ces temps-ci sur le sol ! »…
Elle se mit alors à pleurer doucement, me disant entre deux sanglots : Vous n'imaginez pas vous les humains qui êtes presque éternels, combien c'est difficile pour nous les feuilles, de naître au printemps et de mourir en automne de la même année !!! C'est qu'on a la vie courte, vous savez ! On vous voit tout joyeux de nous voir naître, car nous annonçons le printemps, les fleurs, et la fin des frimas, puis on vous voit tout heureux de nous voir épanouies sous le gros soleil de l'été, car nous vous offrons nos fruits, nos parfums et puis notre ombre, et après cela on vous voit encore tout contents des belles couleurs que nous posons sur vos tableaux, vous offrant encore quelques fruits et quelques douceurs de l'air avant le grand vide de l'hiver, celui que nous ne connaissons jamais, puisque nous pourrissons sur les terres gelées…”
Je lui demandai pardon de n'avoir jamais songé à tout cela, et, pour me faire pardonner un peu plus, je lui racontai l'hiver, la blancheur silencieuse de la neige, les longues longues nuits étoilées crissantes de gel et le mistral cinglant, les veillées et les contes au coin de la cheminée, les soupes fumantes et les gâteaux odorants, les joues rouges des enfants autour du bonhomme de neige et le parfum inimitable des clémentines, le sapin tout illuminé, le Père Noël et les jouets plein sa hotte, et puis le lent travail de la terre, qui se prépare déjà pour le printemps lointain, grâce à toutes ces feuilles qui tout l'hiver jonchent le sol, le tapissant de leur douceur et lui offrant sa nourriture.
Alors la feuille me remercia d'une caresse, se faisant toute douce sur la paume de ma main, ah…je suis rassurée, me dit-elle, ayant enfin trouvé qu’il y avait un sens à sa courte vie. Connaître Noël et l’hiver ! Voilà donc qu'elle était devenue éternelle, elle connaissait enfin la partie manquante à sa courte vie. Quelle formidable nouvelle !… (Le cadeau était aussi pour moi.)
Donnons nous, nous aussi, un sens à notre vie…
Robert de Nice, écrit le 26 octobre 2011
Photographies de Louis-Paul Fallot (2012 sauf vignette 2011)
Publié dans Photographie, Texte choisi | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : automne, robert de nice, conte, feuille, photo | 06:16 | Facebook | Imprimer
Commentaires
J'aime beaucoup ton conte Louis-Paul. J'ai toujours considéré les arbres comme des êtres vivants mais je n'ai jamais pensé aux feuilles. J'aime la fin c'est si vrai. Puisse notre court passage sur cette terre avoir été utile, puissions nous être fiers de nous.
Je t'ai fait une petite pub sur Cergyrama pour ton nouveau blog.
Bon week-end. Bises
Écrit par : Martine Eglantine | 15.12.2012
Merci Martine.
Écrit par : LP | 15.12.2012
Bonjour Louis Paul, jolie cette allégorie très agréable à lire ; mais j'ai un faible pour les photos qui la suscitent ! Bon W.E
P.S
j'ai tenté de poster un commentaire sur ton nouveau blog mais n'y suis pas arrivée ( le choix proposé : google et autre ne convient pas, si au moins il y avait anonyme comme sur certain hébergeurs ?)
Écrit par : sido | 15.12.2012
C'est fait Sido pour les commentaires. Il y a quelques réglages encore à faire sans doute. Merci à toi.
Écrit par : LP | 15.12.2012
Bonjour Louis-Paul,
Tu as superbement illustré ce conte ! Beau flouté sur la 2e photo. Pose longue peut-être ou post traitement ?...
cordialement
alainB
Écrit par : alain BARRE | 15.12.2012
Oui Alain, des essais en pause longue, je dirais artisanaux (APN posé sur une pierre et retardateur...).
Écrit par : LP | 15.12.2012
J'aime les contes et les légendes.... merci ! Bon samedi avec nos amitiés.
Écrit par : patriarch | 15.12.2012
Lorsque je me vis à l'automne de ma vie, cette feuille magnifique, dans une allée du monastère, elle me ramena à moi, comme un miroir.Je sais aussi ou est le sens qui reste à attriber à ma vie. Donner et rendre les innombrables cadeaux que la vie m'a apporté.Les mauvaises choses ne serviront plus à rien, et comme la décomposition des feuilles mortes, ne serviront qu'à nourrir le sol de ceux qui emprunteront le chemin.
Écrit par : Robert de Nice. | 15.12.2012
j'aime les contes et les belles photos... j'ai trouvé le bon billet.
bon week-end, @ bientôt
Écrit par : haude | 15.12.2012
C'est un beau conte et joliment illustré. Bon dimanche.
Écrit par : Solange | 15.12.2012
Bravo à Robert de Nice pour ce très joli conte plein de bon sens... et merci à toi, Louis-Paul, pour ces belles photos qui l'accompagnent si bien. Donner un sens à notre vie, oui, c'est important.
Bonne soirée, et bon dimanche à toi, Louis-Paul. Je t'embrasse.
Amitiés à Robert de Nice.
Écrit par : Françoise | 15.12.2012
J'adore ce conte ! merci Robert de Nice! je n'oublierais plus de leur dire pardon !
Photos superbes ! bon dimanche Louis-Paul
Je t'embrasse
Écrit par : noelle | 16.12.2012
j'adore la dernière photo... quelle lumière ! bises et bon dimanche Louis-Paul
Écrit par : eva | 16.12.2012
Si les feuilles nous étaient contées...Belle idée, délicieusement écrite et mise en page!
Écrit par : fred | 16.12.2012
Un duo magique et dans les commentaires un texte de Robert de Nice d'une sagesse extrême... A méditer en ces jours de plénitude.
Belle soirée.
Evelyne
Écrit par : evelyne b. | 16.12.2012
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