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28.09.2022

L'eau et les rêves



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"C'est près de l'eau que j'ai le mieux compris que la rêverie est un univers en émanation, un souffle odorant qui sort des choses par l'intermédiaire d'un rêveur. Si je veux étudier la vie des images de l'eau, il me faut donc rendre leur rôle dominant à  la rivière et aux sources de mon pays." 
Gaston Bachelard,
L' eau et les rêves, essai sur l'imagination de la matière, 1942
Edition d'origine Librairie José Corti
Existe en Livre de Poche_Biblio Essais

Photographie Louis-Paul Fallot, non retouchée, marais de Kerguilloté, 2021

24.08.2022

Le Lac (poème)

 

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Le Lac est le dixième poème du recueil de 24 poésies nommé Les Méditations poétiques d’Alphonse de Lamartine publié en 1820. (…) Le Lac est considéré, aujourd’hui encore, comme le fleuron de la poésie romantique. Ce poème fut inspiré à Lamartine  par la liaison amoureuse qu’il eut en 1816-1817 avec Julie Charles, une femme mariée atteinte d’un mal incurable qui l’emporta en 1817. Lamartine revient seul revoir les lieux qu'il a visités autrefois avec elle.
Le Lac de Lamartine est devenu le poème immortel de l'inquiétude devant le destin, de l'élan vers le bonheur et de l'amour éphémère qui aspire à L'Éternité.

Source : www.bacdefrançais.net/

 Illustration : Le lac d’Allos, photographie Louis-Paul Fallot (archives 2005)



  

 Le Lac

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

" Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

" Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! "

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !

Alphonse de Lamartine
Les Méditations poétiques




 

12.09.2018

Un texte né d’une image

 

A11522.jpgUn texte est né de cette photo…  a écrit mon ami Robert après publication sur un "réseau social" d’ une photo que j’avais choisie et qui est aussi la couverture d’un livre que j’aime beaucoup (voir en bas de Note). Le partage de la couverture de ce livre lui  a inspiré  le texte suivant.   
Merci à lui de me permettre de le partager ici.  





La peur de perdre.
Nous sommes bien régis par nos sentiments, c’est le lot de tous les humains.
Nous vivons avec le signe de l’attachement, sous  le signe du lien (*) ; celui qui nous attache à ce qui a de la valeur à nos yeux, que nous aimons. Lorsque l’enfant nait, il attrape le doigt de ses parents et ne le lâchera plus jamais. Il en sera de même de tout ce qu’il va aimer.
L’attachement. Ce qui lie les êtres les uns aux autres avec une force inexplicable.  La valeur réelle du mot ‘’Amour’’. Tout ce qui nous est cher ne l’est pas par la valeur du prix, mais par la valeur de l’attachement que nous lui avons donné. 
Presque tous nous avons perdu…Quelqu’un, quelque chose, une espérance, comme une déchirure, ce qui devient une mort, un départ sans retour. C’est bien cette déchirure qui donne la souffrance inévitable, blessure profonde jusqu’au fond de l’âme. Une difficulté d’acceptation. Lorsque le lien est fort, il attache les sentiments, les colle comme une chose qui n’en font plus qu’une, lié à tout jamais. Uni jusqu’ au fond de l’âme l’un à l’autre. Les déchirures portent cette souffrance, inéluctable qui ronge, laissant la sensation d’une amputation, blessure sévère chez les humains. Dieu merci, le temps apaise,  en laissant la cicatrice mémorisée,  rappelant que la vie doit continuer, acceptant que « c’est comme çà « ’’. Ô faiblesse humaine,...  combien tu nous meurtris face à l’adversité. J’ai soigné cette passion par une autre comme une compensation, aimant la seconde comme j’aimais la première, calmant l’âme blessée, par une substitution. La spiritualité est venue à mon aide, pour voir ailleurs, voir plus loin, de plus haut, plus en profondeur, et ainsi rendre le mal moins douloureux. Aujourd’hui je sais que plus rien ne meurt, que tout se crée ou se recrée.    

Robert de Nice, le 23 aout 2018                                            

 (*) Boris Cyrulnik? Sous le signe du lien, Hachette, “Pluriel”, 1997


En illustration la couverture du  livre: Christian Bobin -  Édouard Boubat
"Donne-moi quelque chose qui ne meurt pas", Gallimard