23.03.2011
La maitresse d’école
La maitresse d’école
A l'école où nous avons appris l' A B C
La maîtresse avait des méthodes avancées.
Comme il fut doux le temps, bien éphémère, hélas !
Où cette bonne fée régna sur notre classe,
Régna sur notre classe.
Avant elle, nous étions tous des paresseux,
Des lève-nez, des cancres, des crétins crasseux.
En travaillant exclusivement que pour nous,
Les marchands d'bonnets d'âne étaient sur les genoux,
Etaient sur les genoux.
La maîtresse avait des méthodes avancées
Au premier de la class' ell' promit un baiser,
Un baiser pour de bon, un baiser libertin,
Un baiser sur la bouche, enfin bref, un patin,
Enfin bref, un patin.
Aux pupitres alors, quelque chose changea,
L'école buissonnière eut plus jamais un chat.
Et les pauvres marchands de bonnets d'âne, crac !
Connurent tout à coup la faillite, le krack,
La faillite, le krack.
Lorsque le proviseur, à la fin de l'année,
Nous lut les résultats, il fut bien étonné.
La maîtresse, ell', rougit comme un coquelicot,
Car nous étions tous prix d'excellence ex-aequo,
D'excellence ex-aequo.
A la récréation, la bonne fée se mit
En devoir de tenir ce qu'elle avait promis.
Et comme elle embrassa quarante lauréats,
Jusqu'à une heure indue la séance dura,
La séance dura.
Ce système bien sûr ne fut jamais admis
Par l'imbécile alors recteur d'académie.
De l'école, en dépit de son beau palmarès,
On chassa pour toujours notre chère maîtresse,
Notre chère maîtresse.
Le cancre fit alors sa réapparition,
Le fort en thème est redevenu l'exception.
A la fin de l'année suivante, quel fiasco !
Nous étions tous derniers de la classe ex-aequo,
De la classe ex-aequo !
A l'école où nous avons appris l' A B C
La maîtresse avait des méthodes avancées.
Comme il fut doux le temps bien éphémère, hélas !
Où cette bonne fée régna sur notre classe,
Régna sur notre classe.
Georges Brassens Poèmes & Chansons, page 319
POINTS VIRGULE – Editions du Seuil
Et chanté par Maxime
PHOTOS: Louis-Paul Fallot
Guillaumes (Alpes-Maritimes)
Le musée des arts et traditions populaires
LIEN : Georges (expo, livre, aticle de presse…) sur Terra Philia
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19.03.2011
Je ne suis pas seul
Sur mon balcon à Cagnes, ce samedi matin 19 mars 2011.
Une Note inspirée par l'actualité et en écoutant la chronique d'Ivan Levaï sur France Inter qui commencait ainsi:
Japon – Libye – Fukushima – Benghazi. (...)
On peut (ré) écouter Le Kiosque d'Ivan Levaï durant 30 jours.
J'ai eu envie d'aller lire quelques poèmes de Paul Eluard et j'ai choisi celui-ci.
Je ne suis pas seul
Chargée
De fruits légers aux lèvres
Parée
De mille fleurs variées
Glorieuse
Dans les bras du soleil
Heureuse
D'un oiseau familier
Ravie
D'une goutte de pluie
Plus belle
Que le ciel du matin
FidèleJe parle d'un jardin
Je rêveMais j'aime justement.
Paul ELUARD, Médieuses, 1939
Je ne suis pas seul, à écouter, par Gérard Philippe
Illustrations: Photos Louis-Paul Fallot
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13.03.2011
Du printemps qui va naître à tes mortes saisons
De plaines en forêts de vallons en collines
Du printemps qui va naître à tes mortes saisons
De ce que j'ai vécu à ce que j'imagine
Je n'en finirais pas d'écrire ta chanson
Ma France
Jean Ferrat
Dehors il pleut. J’ai eu envie de revoir ces photos d’un coin de France en écoutant le poète qui nous a quitté il y a un an. J’ai eu envie de relire ce texte publié en mars sur la saison 2 de Méailles il y a quatre Printemps. J’ai eu envie d’un partage, comme toujours ou presque ici, ce sera en mots et photos.
Confidences dans la lumière de mars (version 2011)
Méailles en mars. Il vaut mieux préciser en mars 2007 : Paysages d'hiver qui n'en est pas un : D'une terre sombre, surgissent avec un bon mois d'avance les arbres blancs, les arbres roses! Et le long des sous-bois, elles sont déjà là ces petites fleurs qui vous saluent, « Coucou » dit-on ici.
Terre de lumières, que tu portes bien ton nom. Lumière qui, en contre-jour illumine le bourgeon et l'abeille qui butine sur la fleur blanche. Un pont et cette eau qui glisse sur le grès.Du petit bois pour tout à l'heure sur la braise, faire cuire cette pomme de terre, fruit du labeur des hommes. Derrière le clocher aux écailles multicolores, la montagne est là, tachetée de blanc, de cette neige si rare cette année. Dans la rue regards des chats : « Tiens le photographe est là ».
Rencontres avec l'habitant, conversations sans nostalgie, souvenirs d'autres temps, du village sous la neige, de l'arrivée du chemin de fer, du monde qui remplissait les hôtels et les épiceries. Il fait nuit. C'est l'heure d'installer l'appareil sur pied, en pose B (*)
Cette nuit, la terre fait de l'ombre à la lune qui se la joue orangée.Et autour de la star les cieux s'illuminent de mille étoiles. Lumières du jour et de la nuit…Se coucher, laisser ses rêves glisser…
Il n'y a pas d'heure pour se lever.
Photos Louis-Paul Fallot
(*) La pose B signifie laisser l'obturateur ouvert (ici ente 30s et 1 mn) par rapport aux vitesses habituelles (1/30, 1/60, 1/125…) et cela sans aucun bougé.
Publié dans Mots et photos, Photo, Photographie, Provence | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : jean ferrat, france, méailles, photo, printemps, mars, photographie | 09:23 | Facebook | Imprimer