22.08.2014
L’alvéole 14
L'alvéole 14 et le LiFE
Ce matin-là, direction St Nazaire et avec notre "guide " (un grand merci à mon frère), nous allons (enfin) voir "la suite de Triangles de Varini", une des œuvres pérennes d’Estuaire depuis 2007.
Nous en parlerons ici bien-sûr mais avant Laurent nous emmène dans l’ancienne base sous-marine.
Le bâtiment est impressionnant.
C’est un gigantesque Bunker : 295 mètres de long, 130 mètres de large et 15 à 19 mètres de haut, il couvre une surface de 3,7 hectares. La base des sous-marins est organisée en 14 alvéoles, dont 6 à flot. Son toit en béton armé mesure 4 à 9 mètres d’épaisseur peut-on lire sur le site Internet de la mairie de Saint Nazaire. Si 85 % de la ville dut détruite à la fin de la 2ème guerre mondiale, la base des sous-marins construite par l’armée allemande est restée quasi-intacte.
Et à partir de 1949, Saint t Nazaire fut reconstruite est en tournant le dos à ce passé et au port. Mais « depuis 20 ans, la ville a entrepris de reconquérir ses espaces portuaires, avec pour volonté de retourner la ville sur son port et sa façade atlantique : le quartier Ville-Port est né. Le projet urbain qui en a découlé, initié par Manuel de Solà-Morales, a permis de révéler l’atmosphère du port et d’affirmer sa destination touristique et culturelle. L’approche initiée par la ville depuis 1994 vise à transformer la base sous-marine en un lieu habitable, doté de fonctions culturelles et sociales. " (Extrait du site Internet mairie de St Nazaire)
Le LiFE est né en 2007 dans l'alvéole 14 et il accueille une programmation pluridisciplinaire. On peut y voir des expositions et des installations, des concerts et des spectacles dans des formes et des espaces non conventionnels. La programmation du LiFE investit également les rues et le toit de la base des sous-marins. Le LiFe, avec Le Grand Café - centre d’art contemporain - expose Distance de l’artiste danois Jeppe Hein judqu’au 5 octobre 2014. (*)
"Jeppe Hein pose les principes de gravité et de mouvement comme fondements à son œuvre sculpturale, tout en se délectant de la portée illusionniste de certains matériaux utilisés comme le miroir. Ses installations ou ses sculptures, des objets épurés et géométriques souvent munis d’un système de capteurs de présence, mettent en place un dialogue incongru entre l’œuvre et le visiteur dont la présence sert de catalyseur. Grâce à son dessin modulaire, Distance est une installation spécifique qui s’inscrit dans un rapport direct à la configuration spatiale de son lieu de présentation."
Les visiteurs, tentés de suivre les ballons propulsés sur la piste grâce à leur présence, commencent à faire l’expérience de l’architecture en tant que structure mouvante et dynamique. Tous les ballons sont identiques, roulent à la même vitesse par la seule impulsion de départ et gardent progressivement les traces de leur précédents passages. La machine, tel un automate, contrôle précisément son propre système, sans pour autant fabriquer d’objet. Le résultat est une sculpture cinétique énorme et renversante.
Telle des montagnes russes à la composition graphique et sculpturale sur lesquelles circule une série de balles blanches, Distance engage le visiteur dans un dialogue insolite avec l’œuvre d’art qui semble réagir à sa présence, joue avec la perception de l’espace et le temps de la trajectoire. Produite dans une version inédite pour l’espace monumental du LiFE, Distance propose un parcours tout en équilibre, en suspens et en invitation contemplative.
Courez voir cette expo si vous êtes dans la région! Enchantement garanti pour petits et grands et merci au LiFE d'avoir tourné cette vidéo et de permettre ainsi d'avoir un aperçu de l'œuvre de Jeppe Hein.
Filmé par Sylvain Huet – Avis d’éclaircies
Courtesy Johann König, Berlin et 303 Gallery, New York
(*) Le Grand Café (Centre d’Art Contemporain de la ville de St Nazaire) est situé en ville et le LiFE (Lieu International des Formes Émergentes) à la Base sous-marine.
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20.08.2014
Une Note « Fleuve » pour un Estuaire
Introduction à "Une Note Fleuve" pour un Estuaire "
Ici le fleuve rejoint l'océan...Pointe de Mindin, été 2014
Sur la droite, le Pont de St Nazaire
Photographie Louis-Paul fallot
Je me souviens de cette expression populaire Moi aussi j’ai passé le « bac », à Mindin.
C’était « avant » la construction du Pont, et c’est le seul avant ceux de "l’autre ville " du début de l’estuaire. Depuis, Nantes-St Nazaire est devenue l’une des grandes métropoles européennes et parmi le nombre de réalisations communes, figure l’aventure artistique Estuaire.
Le choix des sites est pensé pour que la plupart des communes riveraines abritent une œuvre. La programmation artistique s’inscrit de fait dans une logique de développement du territoire. Estuaire accompagne un projet politique : la construction de la métropole Nantes Saint-Nazaire peut-on lire sur le site dédié à ce qui fût à l’origine une biennale d’art contemporain autour du « paysage, de l’art et du fleuve ».
J’évoque souvent Nantes sur ce blogue (*), ville de mon enfance et adolescence où je me rends au moins une fois l’an. Nous l’avons découverte cette année au mois d’août et à travers quelques unes des œuvres du Voyage à Nantes .
Mais avant, nous avons consacré cet été une partie de notre séjour breton 2014 à (re) découvrir cette région de Saint Nazaire.
Et nous revenons à ce Pont que nombre de touristes traverse sans s’arrêter, trop pressés de se rendre vers les stations balnéaires…Nous avons pris au contraire le temps de flâner comme vous pourrez le voir à travers ces quelques Mots et Photos que je vous propose dans cette nouvelle série qui commence.
(*) Il vous suffit de taper Nantes dans le moteur de recherche de ce blogue (en haut colonne de droite) pour lire toutes les Notes consacrées à cette ville. Certaines sont très personnelles, d'autres vous ferons découvrir des lieux, œuvres d'art, des artistes ...ainsi qu'une partie des œuvres des manifestations Estuaire et du Voyage à Nantes.
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16.08.2014
Trois écrits pour une photo
Pendant la pause de ce blogue et alors que j’étais vraiment déconnecté , trois de mes amis blogueurs dont j’apprécie le talent d’écriture ont accepté de plancher sur l’une de mes photographie. J’ai à mon retour ramassé les copies de ces devoirs de vacances et je vous les propose ci-après.
Merci à Claudio, Tiphaine et Didier; à toutes et tous de bonnes lectures que vous pourrez prolonger en visitant leurs blogues.
Extra-vivants par Claudio
Le temps passe et l'illusion des couleurs aussi.
Ils croyaient leur monde solide et coloré, il était noir et blanc, pire que noir et blanc, même. Il était gris, gris sale, gris fade, grisâtre. Le noir et blanc encore, ça se fritte de temps en temps, ça sent bon le manichéen primaire, le tout ou rien et la colère tranchante et bienfaitrice. Mais, le gris, c'est mort, c'est lent, lentement mort. Moribond depuis toujours. L'inertie rampe gris.
A force d'effeuiller la marguerite au ras des pâquerettes, ce sont les pissenlits qu'ils côtoyaient et la pierre tombale qu'ils dessinaient. Bon sang, il a fallu qu'ils se rencontrent ces deux-là ! Aussi limace l'un que l'autre ! Asexués, exsangues et mollassons, ils passent immobiles. Vieux de naissance, accouplés par hasard, ils n'ont jamais trouvé ni clé, ni serrure pour engendrer une descendance, une déliquescence, devrait-on dire, et c'est tant mieux. On les aurait accouplés à un meuble, ils y seraient encore fidèles. Aussi, lorsque le promoteur vint leur proposer le rachat de leur bicoque en meulière afin d'y implanter un complexe commercial, ils ne dirent pas oui, ils ne dirent pas non. Rien, ils continuèrent à prendre le chemin du cimetière sans être perturbés. On fit tout ce qu'il était possible de faire. Toutes les autorités administratives et judiciaires s'en mêlèrent. Les médicales furent appelées au secours et la famille éloignée et oubliée, aussi. Rien n'y fit. La compréhension même de l'opération semblait leur échapper. Insensibles à la carotte comme au bâton, ils végétaient sur un terrain qui valait de l'or. Morne plaine et morne vide, au potentiel pépite.
Alors, en désespoir de cause, la complicité de certains et la neutralité des autres poussèrent le rouleau compresseur. On aplatit tout ça. Personne ne s'en plaignit. Et, on coula la dalle de béton. Pavillon et limaces s'agglomérèrent sans difficulté. Ils ne manqueraient à personne et la pierre tombale était gratuite. Coulés les coulants ! Ecroulés les dégoulinants !
Faut faire marcher le commerce et c'est pas deux mollassons hermaphrodites qui vont nous empêcher d'œuvrer pour l'humanité.
L'euthanasie d'utilité publique devait s'appliquer aux végétaux qui s'étaient trompés de case. L'humain, c'est du vivant vivant, ou alors, qu'il ait affaire à la bétonnière... en toute discrétion. Non mais !"
Servitude volontaire par Tiphaine
On peut pas s’échapper, de toute façon, on peut pas s'échapper d'un endroit comme ça, t'auras beau mettre les chaines, placer les barrières empiler cadenas verrouiller double tour, on ne peut pas s'échapper d'un endroit comme ça.
Toi, tu sais pas, tu dis je vais faire un tour et tu dis je pense à ramener du pain mon cœur et tu fais comme si le cœur pouvait faire les courses tu sais pas qu'il peut faire beaucoup de choses le cœur mais ramener les courses il sait pas faire, tu sais pas mais tu dis quand même, tu parles du temps qu'est beaumochegrispluvieux puis tu dis je vais prendre le vélo ça me fera prendre l'air et puis c'est bon pour la planète et si c'est bon pour la planète alors c'est bon pour toi c'est sûr vu que tu fais partie de la planète toi, toi et ton cœur qui pense… à ramener le pain.
On peut pas s’échapper, de toute façon, on peut pas s'échapper d'un endroit comme ça, t'auras beau mettre les chaines, placer les barrières empiler cadenas verrouiller double tour, on ne peut pas s'échapper d'un endroit comme ça.
Alors tu prends ton beau vélo tout beau, t'as qu'à suivre les flèches c'est facile, mais c'est qu'y a beaucoup de monde ohlala y'a du monde quand même c'est que ça doit être bien, la fille sur l'affiche géante te sourit, t'es beau tu sais, la fille a la bouche cachée un peu on la devine sa bouche t'es beau tu sais et c'est qu'elle te mangerait bien le paquebot, t'as une tête aussi et qu'elle est belle ta tête t'as vu comme la fille te sourit, tu rentres dans le centre commercial et ça brille de partout ça clignote c'est la fête y'a de la musique et même des filles nues, enfin presque nues t'as cru qu'elles étaient nues mais c'était pour du faux tu sais c'est comme pour le coeur, il ramène pas le pain.
On peut pas s’échapper, de toute façon, on peut pas s'échapper d'un endroit comme ça, t'auras beau mettre les chaines, placer les barrières empiler cadenas verrouiller double tour, on peut pas s'échapper d'un endroit comme ça. Mais toi tu sais pas, tu dis "je vais faire un tour" et double tour dedans encore tu te retrouves. On ne peut pas s'échapper d'un endroit comme ça.
Le fil d'Oriane par Didier
Une robe de cuir comme un fuseau / Qu´aurait du chien sans l´faire exprès / Et dedans comme un matelot / Une fille qui tangue un air anglais / Ces mains qui jouent de l´arc-en-ciel / Sur la guitare de la vie / Et puis ces cris qui montent au ciel / Comme une cigarette qui brille / My daisy, daisy, daisy, désirable / Je suis malheureux d'avoir si peu de mots / A t'offrir en cadeaux / Darling I love you, love you, darling I want you
Il fallait tendre l'oreille par-dessus les coups de marteaux et les machines qui dézinguaient béton et métal et pétaradaient sans vergogne de l'autre côté de la porte pour entendre l'étrange sifflement qui mêlait deux chansons sans le savoir.
Il fallait aussi profiter d'un joli concours de circonstances côté circulation alentour. Le Boulevard Kennedy était arpenté de tôt à tard, parfois de fort tôt à très tard.
Pour eux, chaque matin, la course de VTT finissait devant la grille. Ils y déposaient leurs montures. Vincenzo arrivait le premier la plupart du temps, ti-shirt jaune, lui qui venait du Chemin de la Minoterie. Bon second, Thibault déboulait du Chemin des Petits Plans. Ils pédalaient allègrement, arrivaient essoufflés, pressés, ou plutôt impatients surtout s'il fallait attendre l'autre lorsqu'ils n'arrivaient pas en même temps.
Ils reluquaient alors pendant quelques instants celle qu'ils avaient appelée Oriane, à la recherche du temps perdu, belle au bois dormant, fleur d'or, de vent, fille du ciel aux contours dorés.
Puis ils pénétraient dans l'enceinte interdite au public pour le moment. Réservée aux gars du bâtiment pour l'instant. Ils construisaient ce qui allait prochainement devenir un temple de la consommation quatre étoiles, de ces lieux qu'ils ne fréquenteraient pas avec leurs trous dans les poches au quinze du mois. Et ils s'en fichaient.
Ils aimaient ces matins de retrouvailles avec la belle, ces journées de bon cœur et c'est presque en lui tirant une révérence, peut-être même pour de bon la faisaient-ils cette révérence, qu'ils repartaient le soir avant la plupart du temps d'honorer leurs dames au couchant, plus souvent que d'ordinaire en tout cas, tout cela à cause d'une affiche alors qu'elles mettaient sur le compte du printemps la vitalité retrouvée de leurs amants.
Une robe de cuir comme un fuseau / Qu´aurait du chien sans l´faire exprès / Et dedans comme un matelot / Une fille qui tangue un air anglais (…) Avec ton air canaille, canaille, canaille / How can I love you. C'est cela qu'ils sifflaient. Sur l'air de Charles. En pensant à Léo. Ou vice versa.
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