04.01.2017
Le "loupé " (selon Amory Clay)
Extrait du Journal de Barrandale, 1977 (1) par Amory Clay (2) :
"Liste des treize types de photographies (plus quelques réflexions sur le sujet) :
Aide-mémoire
Reportage
Œuvre d'art
Topographie
Érotisme / Pornographie
Publicité
Image abstraite
Littérature
Texte
Autobiographie
Composition
Illustration fonctionnelle
Instantané
Essayez pour voir : toutes les photographies entrent dans l'une de ces catégories, ou une combinaison de plusieurs. Je crois en fait qu'il existe une quatorzième, aussi unique à la photographie que l'instantané, à savoir le « loupé ». Cela se produit quand on commet une erreur : on surexpose, on surimpressionne, on tremble, on bouge, le cadrage est mauvais (on appelle ça un « décadré »)."
(1) Page 480 du livre de William Boyd " Les vies multiples d’Amory Clay ", traduit de l’anglais par Isabelle Perrin, aux éditions du Seuil.
(2) « Connaissez-vous Amory Clay née en Ecosse en 1908 ? Pionnière de la photographie au féminin, femme libre, prise dans les tourbillons du XXème siècle, dont le père qui ne s'est pas remis de la première guerre mondiale l'a embarquée dans un suicide raté, qui a connu le Berlin décadent des années trente, couvert l'avancée des forces américaines dans l'est de la France en 1944, qui s'est mariée avec un Lord écossais alcoolique et qui a fini sa carrière de photographe pendant la guerre du Vietnam... Voici son autobiographie, écrite par William Boyd à la première personne du féminin, une traversée du XXème siècle, un vibrant hommage aux femmes avant-gardistes. » (Extrait du site franceinfo )
Au-delà de cet extrait, j'ai beaucoup aimé ce livre! C’est l’une de mes lectures préférées de l’année 2016; le livre vient de sortir en poche . La photo qui illustre cette note a été prise par mon appareil photo à l'insu de mon plein gré (hé oui) sur le bord de mer du Cros de Cagnes en décembre 2016. Je vais garder cette photo qui me plaît. Et puis, n'est-ce-pas l'un de ces "décadrés" qu'a choisi mon éditeur pour illustrer la couverture "de mer à monts", mon premier livre photo!
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15.12.2016
"Cagnes-sur-Mer", un poème de Jacques Prévert
"Danse jeunesse de Cagnes-sur-Mer
danse jeunesse de tous les pays
et sans en excepter un seul
promise à la tuerie
danse danse avec la paix"
Cagnes-Sur-Mer
Cagnes-sur-Mer
Soleil de novembre et déjà de décembre et bientôt de janvier
Fête de la Jeunesse et fête de la Paix
Eaux claires de la lune
dansez sur les galets
Dans les filets du vent
des sardines d'argent
valsent sur l'olivier
et des filles de Renoir
dans les vignes du soir
chantent la vie l'amour
et le vin de l'espoir
Cagnes-sur-Mer
jolie tour de Babel aimée des étrangers
Pierre blanche sur la carte
des pays traversés et jamais oubliés
Danse danse jeunesse
danse danse pour la Paix
danse danse avec elle
sans jamais l'oublier
Elle est si belle si frêle
et toujours menacée
et toujours vivante et toujours condamnée
Les plus savants docteurs du monde occis-mental
disent qu'une fois de plus
elle est encore perdue
enfin
qu'elle n'en a plus pour longtemps
et que la der des nerfs lui a tourné les sangs
Et qu'un vaccin
la guerre
pourrait à l'extrême rigueur
la remettre sur pied
et qu'à titre préventif et obligatoirement
tout le monde comme un seul homme avec femme et enfants
devra se faire piquer à bout portant
providentiellement
Saisonnière horreur
sacrifices humains sacrifices enfantins
souhaités louanges fêtés
Les bourreaux trouvent toujours des aèdes
et en première ligne des journaux aussi bien qu'aux avant-postes de radio
des voix livides intrépides et autorisées
donnent de source sûre
les nouvelles toutes fraîches des tout derniers charniers
et des éleveurs de monuments aux morts
racolent la clientèle pour l'Europe nouvelle
Allô allô ne quittez pas l'écoute
restez sur le qui-vive sans demander qui meurt
et ni pourquoi il meurt
Sa mort c'est notre affaire
c'est l'affaire du Pays
au revers de toutes nos médailles son nom
pieusement sera gravé
comme sur les premières timbales
du gentil nouveau-né
Allô allô ne quittez pas l'écoute
et que personne ne bouge
le drapeau dieu blanc rouge
flotte sur le chantier
que l'Europe nouvelle est en train de vous fabriquer
Allô allô laissez-nous travailler en paix
et bientôt l'Afrance et la Lemagne
amies héréditaires sœurs latines ignorées
trop longtemps divisées mais enfin retrouvées
marqueront le pas de l'oie du vaillant coq gaulois
sous l'Arc de Triomphe
du grand Napoléon trop longtemps oublié
et ranimeront le lance-flammes du héros inconnu
pour la grande revanche des retraites de Russie
Et toujours comme par le passé glorieux et non révolu
Épée sur la terre aux hommes de bonne volonté
Et à ceux qui bassement nous accusent
de nous ne savons quel trafic de piastres et de devises
dans les contrées lointaines de notre empire français illimité
avec le clair regard des rares honnêtes gens
nous répondons très simplement
Voyez nos mains sont pleines
preuve que nous sommes innocents
Danse jeunesse de Cagnes-sur-Mer
danse jeunesse de tous les pays
et sans en excepter un seul
promise à la tuerie
danse danse avec la paix
On lui tire dans le dos
mais elle a les reins solides
quand tu la tiens dans tes bras
Elle est si belle si fragile si frêle
elle est aussi très vieille abîmée détraquée
Danse jeunesse du grand monde ouvrier
et si tu ne veux pas la guerre
Répare la paix.
Jacques Prévert, 1953
La pluie et le beau temps, éditions Gallimard, folio, pages 31 à 34
Photographie Louis-Paul Fallot, port du Cros de Cagnes le 17 novembre 2016
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19.04.2016
Le cas Moya
Vais-je rédiger une Note sur un livre et son auteure ou bien sur celui qui fait l’objet de l’ouvrage ?
Ce sera sans doute un peu des trois en vous présentant "Le Cas Moya",
un livre de Florence Canarelli.
Les mots ou phrases en italiques sont extraites du livre.
Le cas Moya : Conférence par Florence Canarelli et Patrick Moya
au Centre Universitaire Méditerranéen à Nice le 2 février 2016
Photographies Louis-Paul Fallot
Depuis ma naissance réelle jusqu'à ma renaissance virtuelle,
tout est dit, décortiqué et analysé comme si j'étais un vrai artiste.
Patrick Moya (extrait de la préface du livre)
Commençons par celle qui, un jour d’octobre 2003, a un « coup de foudre » pour une peinture dans une Galerie niçoise (Jean Ferrero). L’artiste est là, peignant l’une de ses toiles en direct dans laquelle figure un petit personnage poétique qui ressemble étrangement à l’artiste.
La voilà fascinée, admirative mais aussi un peu agacée ! Ego énorme, envahissant, ou jeu avec l’Ego, distanciation ? Pourquoi un artiste au talent aussi évident se complaît-il dans l’admiration de lui-même, ou du moins dans la mise en scène perpétuelle de lui-même ? Devant ce fascinant cas de narcissisme assumé et érigé en œuvre d’art…l’auteure se pose de nombreuses questions et trouve avec Moya un sujet d’enquête extrêmement riche et passionnant. Elle ne le quittera plus et publiera trois ans plus tard une première version du Cas Moya sous-titré « Une psycho-journaliste dans les coulisses de l’Art »
Florence Canarelli a conservé cette introduction dans la nouvelle version du Cas Moya mais sinon cette biographie est totalement remaniée avec également une nouvelle maquette, un contenu actualisé et très étoffé avec 352 pages mêlant textes, documents et de très nombreuses photos. Je suis d’ailleurs très heureux du choix de 2 d’entres par Florence, chacune en double page.
"Moya chez lui, surveillant son Moya Land virtuel: vu par Louis-Paul Fallot", pages 240/241
et pages 314/315 ci dessous dans sa villa atelier de Nice
Le Cas Moya est un livre coloré, rempli d’images sans toutefois que l’œil ne fatigue et entre lesquelles chemine le texte de Florence, chapitré par thématiques et qui nous invite à découvrir l’univers de Moya (ou plutôt ses mondes) son histoire, son évolution artistique mais aussi ses réflexions sur l’art (le créateur et la créature)… Aux textes de l’auteure s’ajoute quatre contributions (facilement identifiables grâce à leurs pages grisées) et signées de Mario Gerosa grand spécialiste des mondes virtuels, Marco Schütz ancien journaliste devenu galeriste, Olivier Marro journaliste indépendant spécialisé dans la culture et Patrick Hubner universitaire agrégé de littérature comparée.
Pour Florence Canarelli - dans sa présentation de la conférence au CUM sur les réseaux sociaux - "Le cas Moya s’adresse à ceux qui s’intéressent à la création artistique en général, et ne connaissent pas encore Moya et à ceux qui le connaissent mais se posent des questions sur son parcours « en arborescence ». "
C’est aussi ce que l’on retrouve en quatrième de couverture du livre où l'on verra que, grâce à son travail en arborescence, Moya garde la plus grande des libertés, ce qui lui permet d'être à la fois classique et baroque, abstrait et figuratif, réel et virtuel, narcisse et généreux, amoureux des spectacles populaires comme le cirque ou le carnaval aussi bien que l'objet d'un catalogue raisonné très sérieux (et très épais) retraçant 40 ans de création.
Une réflexion personnelle : En lisant ce livre, je me souviens de la gentillesse et de la disponibilité de Patrick qui m’avait non seulement grand ouvert sa villa atelier de Nice (c’était en août 2013, je travaillais sur mon livre Objectif Artistes) mais également permis de voir les nombreuses facettes de son travail artistique et cela dans une totale liberté de prises de vues photographiques. Moya speedé comme un homme d’affaires durant toute la semaine, m’a offert ce samedi-là l’un de ses dimanches qu’évoque Florence Canarelli dans son sous-chapitre Moya peint le dimanche.
En médaillon: Avec Florence Canarelli et Patrick Moya au Festival du Livre de Nice en 2015 (photo Michel Bounous) et une photo extraite de mon livre "Objectif Artistes"
Moya me dédicace le Cas Moya - Photo Louis-Paul Fallot
Alors oui sans doute Moya veut plaire mais surtout oui, Moya est généreux et il suffit de le rencontrer dans une séance de dédicace pour s’en rendre compte.
Le livre se termine par une biographie parmi laquelle l’on trouve d’autres ouvrages sur Moya avec des textes de Florence Canarelli. Vous trouverez également ci-dessous quelques liens (parmi beaucoup) ainsi qu’une autre Note sur Moya déjà publiée sur ce blogue. Le cas Moya de Florence Canarelli avec une préface de Patrick Moya est édité par la maison d'édition Baie des Anges.
Quelques liens:
Patrick MOYA, official website
Patrick Moya touriste dans le réel et dans les mondes virtuels, blogue
On the road again, le blogue de Florence Canarelli
Site Internet de la maison d’édition Baie des Anges
Site Internet du Centre Universitaire Méditerranéen (CUM)
Et sur ce blogue, à propos d'un autre livre:
L'art dans le nuage (Patrick Moya)
Publié dans Art, Livre | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : le cas moya, florence canarelli, livre, moya, patrick moya | 07:23 | Facebook | Imprimer