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09.04.2008

Et au milieu coule une rivière....

 

Il s’appelle Dominique et  dépose  souvent des commentaires chez un autre Dominique, celui que vous pouvez retrouver en lien dans ma rubrique « Envie de Blog » ci-contre.

Il n’a pas de Blog – à ma connaissance- mais il écrit de très beaux textes.

« (… )si tu te demandes où je vais chercher ce que j'écris, je te répondrai : au même endroit que les ignominies que je sortais quand je buvais – dans mes neurones. La différence est que je n'arrose plus mes fleurs cérébrales avec du désherbant. »  Extrait de Lettre aux sceptiques par Dominique , abstinent pratiquant, publiée sur le Blog de D.Autié le 10 août 2007.

Un jour récent, il a déposé un texte en « commentaire «  de ma Galerie photos. Une phrase introduit son texte: « Je viens de voir une merveilleuse photo, une rivière dans la région nantaise .La même .... »

J’aime la rencontre entre Mots et Photos. Et par les miracles de cette Nouvelle Vie, j’ai eu et ai toujours la chance de faire de belles rencontres.

Aujourd’hui, je suis heureux, avec l’accord de Dominique W,   de publier son texte illustré de quelques uns de mes clichés, que nous avons choisis parmi des photos que vous pouvez retrouver sur mes autre Blogs (PhotosLP et  Saison 2 ).

Enfin,  celles et ceux qui me connaissent un peu où qui ont lu mes textes de Nouvelle Vie (notamment un de février 2007) ne seront pas surpris de la publication de cette Note un  mercredi.

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ET AU MILIEU COULE UNE RIVIERE... 

Et au milieu coule une rivière....

Je suis né au bord d’une rivière. De ma chambre d’enfant, je pouvais entendre l’eau caressé les cailloux. Cette mélodie m’a toujours accompagné où que je sois sur cette Terre.

Et au milieu coule une rivière......

Alors que je me noyai dans un océan d’alcool, chaque jour ma tête remontait difficilement au dessus des flots de mes désastres, au bord de mon oreille soufflait encore un peu du bruit de la rivière.
En ce temps là, à demi mourant, ma tête était incapable de sortir de la confusion. Aucune idée, aucune pensée ne se trouvait blanchie du sceau de la confusion. Je devenais fou.
Ma femme ne m’aimait plus, mes parents m’avaient encore une fois abandonné, mon travail était perdu, ma vie ne se résumait qu'à une longue logorrhée incompréhensible aussi bien pour moi que pour les autres.
L’aube n’avait pas tenue sa promesse, mais c’était pire que ça, le crépuscule pointait son nez, je n’avais pourtant même pas 38 ans....
Alors, le soir je m’accrochai pour trouver quelques minutes de sommeil au flots de la rivière, je descendais  transporté ailleurs, loin de mon alcoolisme, loin de moi.

 

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Et au milieu coule une rivière....

Alors que je gisais la tête dans l’eau, les cailloux balayés par l’eau rentraient petit à petit dans mon être. Je m’enterrai de l’intérieur.
L’alcool avait la particularité de vous faire assister chaque jour à votre enterrement, les yeux grands ouverts vous regardez coincé dans le cercueil de votre impuissance la cérémonie, ce n’était même pas une marche funéraire.
Un oiseau vint se poser au creux de mes lèvres dégageant lentement les cailloux. Il  retira une parcelle de vie et l’emmena survoler la rivière.

Dans le bec de l’oiseau, je vis ma terre d’alcoolisme. Une terre aride, brûlée, couleur ocre et grise, où erraient des êtres décharnés au regard vide et hagard.

 

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Et au milieu coule une rivière....

L’oiseau survola en tout sens ce territoire, mon territoire à jamais.
Il me déposa au sommet d’un plateau, à la frontière. Ma frontière.
Au pied d’un arbre bleu, assis sur une mousse verte, un aigle multicolore me parla:


"Vois tu, je t’ai fais survoler ta vie d’alcool. Veux tu continuer à vivre ainsi ? Cesse de geindre et suis le cours de l’eau.
As tu remarqué que ta rivière traverse aussi bien ton alcoolisme, qu' elle a traversé tous tes instants de bonheurs, et qu' elle traversera ton avenir et ce que tu en fera. Tu es surpris mais le sens Arlequin est là.
"et au milieu coule une rivière" n’est pas le bruit de la rivière de ton enfance, pas que cela. C’est la rivière qui coule en toi, celle qui t’as accompagné jusqu' à tes terres désastreuses et sans vie. C’est tout à la fois. Ton passé, ton présent et ton avenir, il te faut recevoir et accepter ta vie dans son ensemble comme le fais ta rivière. La rivière traverse les pires contrées mais elle ne s' y arrête pas, pourquoi ne pas la suivre ?
ne reste pas là mais sache que ce territoire en toi existe et garde le souvenir de la douleur que tu as eu à y séjourner pour ne pas y revenir.
Songe aux indiens et à leur énergie à délimiter les territoires des morts pour ne pas s' y égarer. Ton alcoolisme est un territoire de Morts, quitte le et va vivre."

Je quittai l’Aigle multicolore. Il me laissa en souvenir mon surnom Arlequin.

 

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"Et au milieu coule une rivière"

Chaque soir au coucher, je prononce à voix basse "et au milieu coule une rivière" et je descends dans un sommeil de Vie rejoindre des contrées colorées où une brise légère caresse la joue des enfants pour que plus tard, ils n’oublient jamais cette promesse et ce don qu’est le souffle d’une Vie, sa légèreté et son extrême fragilité.

Dominique W

 

23.09.2007

Le petit carton jaune

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 Nice vue de la Colline St Barthélémy
Septembre 2007-PhotosLP

Le petit carton jaune

 ou

Juste aujourd'hui 

 

Rien à voir avec celui que brandit l’arbitre sur un terrain de football, ce petit dépliant d’environ 7 sur 12 cm et qui ne me quitte jamais. Plié, il tient sa place dans la pochette plastifiée où il côtoie un permis de conduire encore plus usagé ! Ces cinq  pages recto verso dont deux  se sont détachées par l’usure du «  plié déplié ». Et pourtant je ne me résous pas à le remplacer par un neuf. Comme sur mes livres, il y a une date écrite au crayon de bois. (Je sais, il faut dire crayon papier)

Il est écrit 23/6/2004 et en dessous entre parenthèse (9 mois)

9 mois, c’est le le temps de construire un être, 9 mois, c’est le temps d’apprendre à faire  les premiers pas… Pour moi, 9 mois est  le temps qu’il m’a fallu pour réapprendre les gestes de la vie quotidienne, pour que mon corps reprenne un peu de vigueur, pour n’avoir  plus peur de sortir, d’aller à une soirée chez des copains, pour que petit à petit l’obsession s’en aille. L’obsession de ne pas  reprendre ce premier verre que je savais fatal. à mon rétablissement. C’était 9 mois après le 23 septembre 2003, 9 mois après Cabris. Le petit carton jaune se voulait témoin de l'avancée pas à pas, mois par mois dans cette première année d’abstinence  à une période où tous les  23 de chaque mois étaient soigneusement notés sur le calendrier mural.

Aujourd’hui, cela fait 4 années et je fais une autre lecture du petit carton jaune. Ma démarche de « nouvelle vie » se veut plus spirituelle mais ma vigilance est toujours de mise. Ce carton jaune que depuis j’ai offert à des êtres chers et à des anonymes en souffrance - d’eux ou de leurs proches- contient des messages universels, des recettes de vie qui ne sont pas réservées aux seuls dépendants malades de l’alcool. Et en ce jour « anniversaire » de Nouvelle vie, je voudrais partager avec celles et ceux qui me liront ce très beau texte que vous pourrez trouver sur Internet avec quelques variantes.

« RIEN QU’AUJOURD’HUI

Il y a dans chaque semaine deux jours pour lesquels on ne devrait pas se tracasser...

L'un de ces jours est "HIER" avec ses erreurs et ses soucis, ses fautes et ses bévues, ses maux et ses peines. HIER s'échappe à jamais de nos mains.

L'autre jour, c'est "DEMAIN", avec ses fardeaux, ses larges espérances et ses pauvres accomplissements.

Il ne reste qu'un jour : "AUJOURD'HUI". Tout homme peut livrer les combats d'un seul jour... Ce ne sont pas les épreuves d'un seul jour qui rendent les hommes fous, c'est le remords ou la rancoeur d'un incident qui est arrivé HIER et la crainte de ce que DEMAIN peut apporter....

VIVONS DONC UN SEUL JOUR A LA FOIS. JUSTE AUJOURD'HUI. »

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PhotosLP - 2007

 

07.02.2007

La vie au fil de l'eau

 
La vie au fil de l'eau...

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Dans océan, j’entends en premier Eau.
Cette eau qui bouge au gré des marées.
Cette eau salée qui lors du bain me porte
Et me fait tousser si je « prends la tasse »
L’océan de ma petite enfance
Que nous appelions La mer.

En Bretagne, toujours l’enfance et les vacances
Il y avait aussi « les terres »
Et de belles après-midi
Au bord d’un plan d’eau, d’un étang
Images gravées à jamais souvenirs de Locminé

Puis j’ai découvert le ruisseau, le torrent
La montagne et la récompense de l’eau
D’un lac après des heures de marche
Plus tard à  Camurac, à deux pas du chalet
Le « Lac » peint par le père, photographié par le fils
Eté ou hiver passage d’étape
Sur la route qui descend au village.

Hasard de la vie, voilà Nice et la méditerranée
Si bizarre au départ
Sans sable ni marée et peu de place l’été
La recherche d’autres plages, plus loin vers Cannes ou le Var
Pour retrouver « du sable »
Que ma fille puisse faire des « pâtés »

Et puis la mer a disparu de mon univers
Le désordre intérieur, la douleur les chimères.
Tempête dans un corps, perte de l’esprit.
Touché le fond du désespoir

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Jusqu’ à l’espoir enfin et la vue chaque jour
Sur la terrasse de Cabris, du lac de St Cassien.
Eau de table ou de source
Remède à ce corps meurtri.
Début de nouvelle vie,

Comme un bébé apprendre
A marcher sans béquilles, à nager sans bouée
Et le bonheur enfin, de l’esprit clair du petit matin.

 

Le bonheur de pouvoir admirer les bateaux
Du Cros ou de Bretagne
Que j’aime tant prendre en photos
Ce soir, c’est mercredi
Près du port et de ses bars
Je monterais l’escalier où est posée

Une vieille barque de pêcheurs.
Je pousserais une porte pour retrouver
Mes amis de nouvelle vie
Et donner espoir à ceux  dans le désespoir.

 

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Ce jour, tout simplement
Déposer  ces quelques mots
Comme une bouteille à la mer

 

Texte et photos Louis-Paul Fallot