Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

15.12.2016

"Cagnes-sur-Mer", un poème de Jacques Prévert



"Danse jeunesse de Cagnes-sur-Mer
danse jeunesse de tous les pays
et sans en excepter un seul
promise à la tuerie
danse danse avec la paix"



jacques prévert,cagnes sur mer,poèmes,poésie



Cagnes-Sur-Mer

Cagnes-sur-Mer

Soleil de novembre et déjà de décembre et bientôt de janvier
Fête de la Jeunesse et fête de la Paix
Eaux claires de la lune
dansez sur les galets
Dans les filets du vent
des sardines d'argent
valsent sur l'olivier
et des filles de Renoir
dans les vignes du soir
chantent la vie l'amour
et le vin de l'espoir

Cagnes-sur-Mer

jolie tour de Babel aimée des étrangers
Pierre blanche sur la carte
des pays traversés et jamais oubliés
Danse danse jeunesse
danse danse pour la Paix
danse danse avec elle
sans jamais l'oublier

Elle est si belle si frêle
et toujours menacée
et toujours vivante et toujours condamnée

Les plus savants docteurs du monde occis-mental
disent qu'une fois de plus
elle est encore perdue
enfin
qu'elle n'en a plus pour longtemps
et que la der des nerfs lui a tourné les sangs
Et qu'un vaccin
la guerre
pourrait à l'extrême rigueur
la remettre sur pied
et qu'à titre préventif et obligatoirement
tout le monde comme un seul homme avec femme et enfants
devra se faire piquer à bout portant
providentiellement

Saisonnière horreur
sacrifices humains sacrifices enfantins
souhaités louanges fêtés
Les bourreaux trouvent toujours des aèdes
et en première ligne des journaux aussi bien qu'aux avant-postes de radio
des voix livides intrépides et autorisées
donnent de source sûre
les nouvelles toutes fraîches des tout derniers charniers
et des éleveurs de monuments aux morts
racolent la clientèle pour l'Europe nouvelle

Allô allô ne quittez pas l'écoute
restez sur le qui-vive sans demander qui meurt
et ni pourquoi il meurt
Sa mort c'est notre affaire
c'est l'affaire du Pays
au revers de toutes nos médailles son nom
pieusement sera gravé
comme sur les premières timbales
du gentil nouveau-né
Allô allô ne quittez pas l'écoute
et que personne ne bouge
le drapeau dieu blanc rouge
flotte sur le chantier
que l'Europe nouvelle est en train de vous fabriquer
Allô allô laissez-nous travailler en paix
et bientôt l'Afrance et la Lemagne
amies héréditaires sœurs latines ignorées
trop longtemps divisées mais enfin retrouvées
marqueront le pas de l'oie du vaillant coq gaulois
sous l'Arc de Triomphe
du grand Napoléon trop longtemps oublié
et ranimeront le lance-flammes du héros inconnu
pour la grande revanche des retraites de Russie
Et toujours comme par le passé glorieux et non révolu
Épée sur la terre aux hommes de bonne volonté
Et à ceux qui bassement nous accusent
de nous ne savons quel trafic de piastres et de devises
dans les contrées lointaines de notre empire français illimité
avec le clair regard des rares honnêtes gens
nous répondons très simplement
Voyez nos mains sont pleines
preuve que nous sommes innocents

Danse jeunesse de Cagnes-sur-Mer

danse jeunesse de tous les pays
et sans en excepter un seul
promise à la tuerie
danse danse avec la paix
On lui tire dans le dos
mais elle a les reins solides
quand tu la tiens dans tes bras
Elle est si belle si fragile si frêle
elle est aussi très vieille abîmée détraquée

Danse jeunesse du grand monde ouvrier
et si tu ne veux pas la guerre
Répare la paix.

Jacques Prévert, 1953


La pluie et le beau temps, éditions Gallimard, folio, pages 31 à 34
Photographie Louis-Paul Fallot, port du Cros de Cagnes le 17 novembre 2016

 

12.08.2016

La Réflexologie, c’est le pied !



réflexologie,pied,joëlle fréour
"Il y a 7200 terminaisons nerveuses dans chaque pied" 
Photographie Louis-Paul Fallot



Cela fait longtemps que je m’intéresse aux médecines  dites douces (il n’est évidement pas question ici de dénigrer la médecine  traditionnelle) et que pour les avoir « testé » comme patient, je suis convaincu du bien être qu’elles peuvent apporter. C’est le cas de la réflexologie et j’ai demandé à ma sœur Joëlle (*) - après avoir beaucoup apprécié plusieurs de ses séances - de vous en faire une présentation. 


Lire la suite

13.06.2016

Tomates mozza (et lecture)

 

Tomates et mozza-Photo LP Fallot.jpg



Le serveur pose les deux assiettes. Géraldine fixe le contenu avec cet air unique. Que se passe-t-il dans sa tête ? La science gagnerait à trouver la réponse. Elle cligne d’un œil. Je sens venir le commentaire inoubliable, la sentence absolue: 
-  J’ai toujours le même problème avec les tomates-mozzarella.
- Ah  oui, lequel ?
-  Je me demande pourquoi ils ne feraient pas les tomates blanches et la mozzarella rouge. Ça changerait, ce serait moins monotone, tu ne trouves pas ?
-  Bon appétit, Géraldine.
Je ne sais pas pour vous mais, au début de ma vie, il n’y avait que deux sortes de personnes dans mon univers : celles que j’adorais et celles que je détestais. Mes meilleurs amis et mes pires ennemis. Ceux pour qui je suis prête à tout donner et ceux qui peuvent aller crever. Ensuite, on grandit. Entre le noir et le blanc, on découvre le gris. On rencontre ceux qui ne sont pas vraiment des amis mais que l’on aime quand même un peu et ceux que l’on prend pour des proches et qui n’arrêtent pas de vous planter des couteaux dans le dos. Je ne crois pas que la découverte de la nuance soit un renoncement ou un manque d’intégrité.
C’est juste une autre façon de voir la vie.  C’est à cette philosophie que je dois le bonheur sincère de partager ce repas avec cette tarée de Géraldine Dagoin.  Le monde serait plus triste et finalement moins beau sans des gens comme elle.

"Demain j’arrête"  de Gilles Legardinier
Page 190 de l’édition poche chez Pocket


Grand succès de librairie, lauréat de la Plume d'Or de Plume libre, ce livre - sorti il y a déjà quelques années -   était dans ma bibliothèque (merci à ma sœur Joëlle de l'y avoir posé)  et  c’est ma lecture du moment.
Comme le souligne l’article de rtl.fr, Demain j'arrête est  une comédie jubilatoire et  l'humour est une ressource indispensable.
« A ceux qui le taxent d'opportunisme anti-crise et qui pense qu'on ne fait pas de littérature avec des bons sentiments, Gilles Legardinier répond. "Enfoncer la tête des gens dans ce qu'il y a de pire, la réalité s'en charge tous les jours. Mon idée c'est de distraire les gens avec quelque chose qui, sans les prendre pour des niais, les élève un petit peu", explique-t-il. "Je préfère faire vibrer la meilleure part de chacun plutôt que la pire." "L'humour est quelque chose qui, pour moi, est vital", poursuit-il. "C'est une façon de voir la vie, de survivre, de partager, de dire sans être didactique. Je dis toujours à mes enfants de fuir les gens qui n'ont pas d’humour : ils sont au minimum dangereux." ».  

 

Lien : Le site de Gilles Legardinier

Illustration de cette Note: Photo Louis-Paul Fallot, juin 2016