09.10.2013
Désirs (Texte choisi pour un mercredi)
Désirs (*)
Allez tranquillement parmi le vacarme et la hâte, et souvenez-vous de la paix qui peut exister dans le silence. Sans aliénation, vivez autant que possible en bons termes avec toutes personnes. Dites doucement et clairement votre vérité; et écoutez les autres, même le simple d'esprit et l'ignorant; ils ont eux aussi leur histoire. Évitez les individus bruyants et agressifs, ils sont une vexation pour l'esprit. Ne vous comparez avec personne : vous risqueriez de devenir vain ou vaniteux. Il y a toujours plus grands et plus petits que vous. Jouissez de vos projets aussi bien que de vos accomplissements. Soyez toujours intéressés à votre carrière, si modeste soit-elle; c'est une véritable possession dans les prospérités changeantes du temps. Soyez prudent dans vos affaires; car le monde est plein de fourberies. Mais ne soyez pas aveugle en ce qui concerne la vertu qui existe ; plusieurs individus recherchent les grands idéaux ; et partout la vie est remplie d'héroïsme. Soyez vous-même. Surtout n'affectez pas l'amitié. Non plus ne soyez cynique en amour, car il est en face de toute stérilité et de tout désenchantement aussi éternel que l'herbe. Prenez avec bonté le conseil des années, en renonçant avec grâce à votre jeunesse. Fortifiez une puissance d'esprit pour vous protéger en cas de malheur soudain. Mais ne vous chagrinez pas avec vos chimères. De nombreuses peurs naissent de la fatigue et de la solitude. Au-delà d'une discipline saine, soyez doux avec vous-même. Vous êtes un enfant de l'univers, pas moins que les arbres et les étoiles; vous avez le droit d'être ici. Et qu'il vous soit clair ou non, l'univers se déroule sans doute comme il le devrait. Soyez en paix avec Dieu, quelle que soit votre conception de Lui, et quels que soient vos travaux et vos rêves, gardez dans le désarroi bruyant de la vie, la paix dans votre âme. Avec toutes ses perfidies, ses besognes fastidieuses et ses rêves brisés, le monde est pourtant beau. Prenez attention. Tâchez d'être heureux.
Désirs, anonyme (Baltimore 1692)
(*) A propos de ce texte :
Il existe de nombreuses versions de ce texte rédigé en langue anglaise et de sa traduction, la plupart se terminant –comme celle que je vous propose- par « Texte trouvé dans une église de Baltimore en 1692. Auteur inconnu. ». Sous le titre « Desiderata », d’autres sites nous indiquent qu’il s’agit d’un texte de Max Ehrmann écrit en 1927.
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04.10.2013
L’arbre, source d’émotions…
Le mois commence par la publication (sur le blogue du "défifoto") d’une photo autour du thème L’arbre. Et je voulais profiter de cette occasion pour évoquer ici l’une de mes lectures du moment. J’ai finalement choisi le cliché qui me paraissait le mieux illustrer une citation d’Yves Bonnefoy en exergue du livre d’Alain Corbin, « La douceur de l’ombre » et sur laquelle peut-être, comme moi, vous méditerez un moment:
L’arbre existe sans moi. La vie sous cette forme est pure de moi, sans subjectivité, sans projection. Devant l’arbre, ma chance est d’entrer directement en contact avec l’inconnu, le pas moi. Yves Bonnefoy.
J’aurais pu aussi choisir - puisqu’il s’agit de photographie - de recopier la première ligne de l’introduction Il savait voir l’arbre », écrit Péguy à propos de Victor Hugo. Où bien encore de reproduire quelques lignes de la quatrième de couverture : Ils ont été sidérés par la présence de l'arbre. Ils ont éprouvé l'admiration, mais aussi l'horreur, inspirées par ce végétal souverain. Presque tous ont guetté, écouté, la parole de l'arbre. Certains ont espéré profiter de ses messages, en faire leur mentor. D'autres, plus rares lui ont déclaré leur amour.(…) S'étendre sous les ombrages, s'y délasser, y méditer, s'enfouir dans le végétal, s'y réfugier, y grimper... À l'époque contemporaine, certains ont tenté d'incruster leur corps dans l'écorce, en espérant que le végétal ferait croître l'empreinte…(…) Ils, pour Alain Corbin, ce sont donc ceux qui depuis l’Antiquité ont su «voir l'arbre» et il nous invite à une longue promenade à la rencontre de l'arbre champêtre, de l'arbre haie, de l'arbre isolé et sauvage comme de l'arbre domestique.
Je me suis souvenu de tous ces arbres qui depuis mes premiers pas m’accompagnent sans que
vraiment je ne perçoive toute la place qu’ils occupent dans mon inconscient.
Les marronniers de mes premiers pas nantais, les grands pins des forêts de l’Aude près du châlet familial, les châtaigniers du pays d’Annot pour n’en citer que quelques uns… Les arbres mais aussi l’arbre, seul, et que je photographie sans jamais me lasser à Cagnes ou à Méailles…
J’ai acheté ce livre après avoir écouté son auteur à La Grande Librairie. "Historien et spécialiste du XIXe siècle en France, Alain Corbin est connu pour son approche novatrice de l’historicité des sens et du sensible." (Extrait de la 4ème de couverture).
« Il s'agit ici de l'histoire des émotions éprouvées par des individus qui, au fil des siècles, possédaient les mots pour les dire. » Le livre est passionnant même s’il n’est pas –pour moi du moins- de lecture toujours facile. Les Notes et le Glossaire de fin d’ouvrage me seront utiles, elles invitent le lecteur à poursuivre ses lectures vers d’autres découvertes.
J’ai choisi de vous présenter un extrait du chapitre IX, « L’arbre sensitif et l’empathie humaine » et qui correspond bien à mon état d’âme et d’esprit du moment, tel que vous avez pu le découvrir dans mes dernières Notes.
Extrait des pages 167 et 168, chapitre IX:
"L’arbre qui ressent est loin d’être condamné à la seule souffrance, lui qui pense, s’émeut, se réjouît, s’exalte jouit. Les arbres, rappellent Horace et Ovide, ont été émus par Orphée dont la lyre caressante entraînait sur ses pas les chênes envoûtés, avant que ceux-ci, pour marquer leur deuil du poète, ne se dépouillent de leur chevelure de feuillage. Il semble à Henri David Thoreau que les mélèzes du cap Cod sont heureux de décorer les flancs des montagnes rocailleuses. Dans une lettre à sa femme, Victor Hugo décrit les ormes qui s’amusent ; mais c’est Marcel Proust qui s’arrête le plus souvent sur le « bien-être » et le « sourire de l’arbre ». (…) Paul Claudel, quant à lui, évoque « l’extase heureuse » du cocotier, qui écarte ses palmes dans « le jour chaud et le long midi ». Bernardin de Saint-Pierre avait poussé plus loin l’anthropomorphisme dans ses descriptions des paysages de la nature. Chaque arbre, écrivait-il, porte avec lui un caractère particulier qui varie les scènes, et y exprime, pour ainsi dire, une passion."
Alain Corbin, LA DOUCEUR DE L’OMBRE L’arbre, source d’émotions, de l’Antiquité à nos jours © Librairie Arthème Fayard, 2013. ISBN : 978-2-213-66165-0
Illustrations:
Photographies Louis-Paul Fallot, arbres
2013, Haute-Provence et Cagnes sur Mer
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13.09.2013
Un cygne avance sur l’eau (Rainer Maria Rilke)
Publié dans Photographie, Texte choisi | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : rainer maria rilke, lettres à un jeune poète, cygne, trégastel, bretagne, poème | 03:53 | Facebook | Imprimer