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13.01.2013

Nantes, un poème et une photo

 

 NANTES

 

Tu ressembles au gris des soirs magiques
au pied d’un château breton
posé comme Venise avec ses parfums d’erdre

 

Nantes-PhotosLP Fallot.jpg

 

Authentique bretonne
Tes jours, l’après minuit
Tes vents surréalistes
Que tu as survolé
De Vaché à Breton
Aux parfums de duchesse
Tes nègres magnifiques
Sont revenus au quai.
Je te raconterai aux perdants magnifiques
De l’hiver à l’automne
Qui remontent le temps.
Du lundi au dimanche
Je ne sais te survivre
Et j’attendrai
Les pluies
De tes nuées atlantiques
De Verne et de romans.
Tu penches vers le fleuve et tu penches vraiment
jusqu’au Quai de la Fosse
où l’on voit apparaître
l’ombre des éléphants.

 

ALLAIN Alain
Photo : FALLOT Louis-Paul

 

  

Mon ami Alain a écrit ce poème que j'aime particulièrement et l'a illustré de l'une de mes photographies préfétées de Nantes, prise dans cet endroit  où je me rends à chaque séjour.  Merci Alain; je suis heureux de le  publier pour terminer sur ce blogue cette "semaine nantaise".  Mon idée première était de lui faire une surprise en l'illustrant différemment avec  des photos récentes:  de cette ville où nous avons tant de souvenirs communs; de Nantes où a commencé notre amitié avant que nos vies respectives nous éloignent et que, récemment, nous nous retrouvions.  Mais j’ai décidé de le publier tel qu’il l’a mis en page,  comme un cadeau réciproque que nous nous faisons, comme j'ai envie d'écrire, une oeuvre unique.  

 

15.12.2012

Une Feuille m’a dit…

 

 Un conte, écrit par mon ami Robert de Nice et que j’ai mis en images.

 

Une feuille m'a dit6PhotosLP Fallot (3).jpg

 

 

Une Feuille m’a dit…

 

Une feuille m'a dit-PhotosLP Fallot  (1).jpgLe nez en l'air me promenant par le chemin des bergères, j'entendis un petit cri où je posai le pied. Le pied en l'air je n'osais plus marcher, et regardant le sol  j'y vis une superbe feuille morte.  Je la ramassai délicatement, l'admirant en disant à voix haute : “oh quelle magnifique feuille morte ! Mais je ne suis pas morte, cria-t-elle, ne vois-tu pas que tu m'as fait mal en me piétinant ? Je restai bouche bée, c'est que je n'avais jamais entendu me parler une feuille jusque là !  On ne t'a pas appris à t'excuser lorsque tu marches sur les pieds d'une vieille dame ? me dit-elle encore ! De plus en plus stupéfait, je bredouillais un vague “excusez-moi, je ne vous avais pas vue”… Devant son regard courroucé, je crus bon d'ajouter, sans y voir de malice :  Euh… « C’est qu'il y a beaucoup de feuilles mortes ces temps-ci sur le sol ! »…

Elle se mit alors à pleurer doucement, me disant entre deux sanglots : Vous n'imaginez pas vous les humains qui êtes presque éternels, combien c'est difficile pour nous les feuilles, de naître au printemps et de mourir en automne de la même année !!! C'est qu'on a la vie courte, vous savez ! On vous voit tout joyeux de nous voir naître, car nous annonçons le printemps, les fleurs, et la fin des frimas, puis on vous voit tout heureux de nous voir épanouies sous le gros soleil de l'été, car nous vous offrons nos fruits, nos parfums et puis notre ombre, et après cela on vous voit encore tout contents des belles couleurs que nous posons sur vos tableaux, vous offrant encore quelques fruits et quelques douceurs de l'air avant le grand vide de l'hiver, celui que nous ne connaissons jamais, puisque nous pourrissons sur les terres gelées…”

 

Une feuille m'a dit6PhotosLP Fallot (4).jpg

 

Je lui demandai pardon de n'avoir jamais songé à tout cela, et, pour me faire pardonner un peu plus, je lui racontai l'hiver, la blancheur silencieuse de la neige, les longues longues nuits étoilées crissantes de gel et le mistral cinglant, les veillées et les contes au coin de la cheminée, les soupes fumantes et les gâteaux odorants, les joues rouges des enfants autour du bonhomme de neige et le parfum inimitable des clémentines, le sapin tout illuminé, le Père Noël et les jouets plein sa hotte, et puis le lent travail de la terre, qui se prépare déjà pour le printemps lointain, grâce à toutes ces feuilles qui tout l'hiver jonchent le sol, le tapissant de leur douceur et lui offrant sa nourriture.

Alors la feuille me remercia d'une caresse, se faisant toute douce sur la paume de ma main,  ah…je suis  rassurée, me dit-elle, ayant enfin trouvé  qu’il y avait un sens à sa courte vie. Connaître Noël et l’hiver !  Voilà donc qu'elle était devenue  éternelle, elle connaissait enfin la partie manquante à sa courte vie. Quelle formidable nouvelle !… (Le cadeau était aussi pour moi.)

Donnons nous, nous aussi, un sens à notre vie…               

Robert de Nice, écrit le 26 octobre  2011

 

Une feuille m'a dit6PhotosLP Fallot (2).jpg

Photographies  de Louis-Paul Fallot (2012 sauf vignette 2011)

04.12.2012

Le scribe maître de la plume

 

Ce n'est pas pour devenir écrivain qu'on écrit. C'est pour rejoindre en silence cet amour qui manque à tout amour.  Christian Bobin,  La part manquante

 

Le scribe maître de la plume

 

Le scibe-PhotosLP Fallot.jpgDans l’Antiquité le scribe était un notable, puis avec le temps et dans les pays modernes, tout le monde ou presque apprit à lire et à écrire;  chacun put enfin écrire avec plus ou moins de talent, et ainsi évoluer.

Certains devinrent des écrivains au talent reconnu, on leur attribuait ce talent d’être de fines plumes. Ils étaient capable de montrer et faire sentir les odeurs, le bruissement des feuilles sous le souffle du vent, nous faire entendre le clapotis de l’eau dans les calades des ruisseaux, nous montrer toutes les couleurs du ciel, des arcs en ciel et du zèbre des éclairs dans une nuit noire. D’autres nous montraient, la violence des hommes et des tempêtes, les rues sombres et les fumées nocives. Certains même nous cueillaient des bouquets montrant du même coup la verdeur des près embaumés de parfums de fleurs. Les coquelicots dans les champs de blés…. C’est grâce à eux que je me suis senti attiré vers la lecture, celle qui me parlait un peu plus que les simples mots, des textes vêtus de poésie ; ceux qui m’ont autorisé à les copier pour essayer de m’améliorer, j’ai pu à mon aise jouer avec leurs mots tentant chaque fois de mieux faire, ajoutant virgules ou points, déplaçant de-ci de-là quelques mots pour les accorder avec les résonnances qu’ils transmettaient à mon oreille par ma lecture qui s’adressait directement à mon cerveau. L’écriture me semblant être comme une douce musique sur laquelle tous les mots peuvent valser et donner un ballet majestueux comme les valses de Vienne. Chaque lecteur devenant le spectateur et l’auditeur de la musique qu’il lit et entend. Aimant ainsi un écrivain plutôt qu’un autre, le style de sa plume, le tableau qu’il écrit comme un peintre son œuvre, ou un sculpteur son art. Qu’ils m’offraient en partage.

Jusqu’au jour où, ayant par maladresse certainement, déplacé, une virgule ou un point, modifié une note dans un récital écrit, ignorant que ce scribe était resté à l’aire antique de la noblesse des scribes d’Egypte, possesseur de ses écritures et de ses droits d’auteur. Troublé comme Mozart, que l’on ait pu lui changer une croche de sa partition. Je fus amené à repenser mon admiration sur la profondeur et l’attention que pouvaient avoir certains de ceux qui se gargarisaient de côtoyer les fines plumes; je les ressentais alors loin de la véritable sollicitude dont parlait Victor Hugo. J’ai ressenti la même résistance que les religieux mettent à sacraliser et conserver leurs écrits pour poursuivre, sans en modifier une ligne, leur état d’esprit sans pouvoir accepter d’en apporter une nouvelle conception. Toutes religions confondues avec les thoras et les charias, tous les blocages en fait.

Le plus surprenant venait aussi du fait que ce scribe - qui se bat pour que le monde change et évolue dans une mondialisation où beaucoup ne pensent plus à la nature ni aux dégâts que chacun provoque en ce monde – oubliait que l’on doit commencer « soi-même » à évoluer dans ses propres comportements égoïstes quels qu’ils soient.   Ne rien changer au sacro-saint du «c’est ce que je fais qui est bien » ! J’ai compris la phrase d’un artiste qui disait que l’écriture pouvait être une arme meurtrière. Comme tiré d’une arbalète, le carreau peut se transformer aussi en boumerang.

L’écriture, à mon humble avis, ne devrait pas rester l’apanage de certaines fines plumes, ne servant alors qu’à décorer leur chapeau, mais servirait encore un peu plus à aider ceux qui l’aiment, à l’aimer davantage. La partager sans contrepartie, l’offrir comme un précieux cadeau et non comme l’aumône d’une pièce jetée dans l’écuelle du mendiant de la lecture…..

 

Robert de Nice, 14 octobre 2011.   

 

Illustration :

Le musée des arts et traditions populaires à Guillaumes (Alpes-Maritimes). Photo Louis-Paul Fallot

 

Liens:

A lire ou relire les autres conributions de mon ami Robert de Nice publiées sur ce blogue:

La fenêtre dans un mur

La foi ou « le merci du lapin »...