19.10.2013
Un délicieux moment sur le temps
C’est l’un des moments que j’ai particulièrement "savouré" lors de cette Grande Librairie sur France 5. Celui où il est question du Temps.
Photographie © Jean-Philippe BALTEL
Hubert Reeves écoute l’académicien, très bavard comme à son habitude. Il hoche légèrement la tête de haut en bas, (si vous voulez savoir ce qu’est l’écoute de l’autre, regardez ce visage !) Puis il évoque le livre de Jean d’Ormesson : « J'ai beaucoup aimé quelque chose dans votre livre, vos passages sur le temps, quelque chose que je n'ai jamais vu ailleurs. Il y a une réflexion sur ce qu'est le temps. ». Merci, répond en souriant l’académicien. « Mon éditeur m'a dit que mon livre était épatant et que le temps est illisible. J'ai tenu le coup. Je tenais à cette histoire du temps qui est un mystère stupéfiant ! »
Le temps ?
« Nous sommes pris dans ce temps. Et nous ne savons pas en parler » dit Hubert Reeves. Mais une chose me parait sûre, il passe trop vite quand quelque chose est passionnant et ce fut le cas ce jeudi. Que cette heure me parut courte.
« Il y avait encore du feu dans la cheminée et nous étions bien installés autour de l’âtre pour écouter encore longtemps ces deux grands-pères si jeunes d’esprit » ai-je écrit en remerciements sur le site de la Grande Librairie .
« Merci à eux et merci également au maître des lieux. »
Grâce au progrès technologique, nous pouvons sinon remonter le temps, du moins prendre plaisir à (re) voir une émission, toute ou des passages comme ce partage savoureux :
-François Busnel : en lisant le livre de Jean d’Ormesson, j'ai été saisi par ces pages sur le temps. Je vais trouver la réponse à ses questions dans le livre d’Hubert Reeves…
-Hubert Reeves : Aujourd'hui, la science dit quelle est l'origine du temps... On n'en sait rien. Aucune théorie présente, ni la théorie de la réactivité ni d'autres, ne peuvent vous répondre. Le point de vue adopté par le scientifique, c'est que le temps a été créé en même temps que la matière d'espace. C'est un choix conventionnel. On n'a pas de preuve. La question que pose Saint-Augustin : qu'est-ce que Dieu faisait avant la création du monde ? Et la réponse qu'il refusait : Dieu créait l'enfer pour ceux qui allaient poser cette question !
Et un plus tard, à la question de François Busnel : Quand on ne peut rien dire sur le temps, notre place dans le monde, et que nous ressentons l'usure du temps qui passe et la mélancolie du temps qui fût … qu'est-ce qu'on fait ?
Jean d’Ormesson de répondre : Un grand savant allemand disait : "ce dont on ne peut pas parler, il faut le taire." Je pense qu'il faut en parler quand même.
Le mot de la fin ? De ce billet oui mais prenez du bon temps avec les deux liens que je vous propose. J’ai essayé d’être le plus fidèle possible dans les extraits que je reproduis ici. Mais je vous invite à voir (revoir) l’émission sur le site humanité-biodiversité.fr ou celui de La Grande Librairie avec la présentation des deux livres :
"Un jour je m'en irai sans avoir tout dit" de Jean d'Ormesson
"Là où croît le péril... croît aussi ce qui sauve" d'Hubert Reeves
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04.10.2013
L’arbre, source d’émotions…
Le mois commence par la publication (sur le blogue du "défifoto") d’une photo autour du thème L’arbre. Et je voulais profiter de cette occasion pour évoquer ici l’une de mes lectures du moment. J’ai finalement choisi le cliché qui me paraissait le mieux illustrer une citation d’Yves Bonnefoy en exergue du livre d’Alain Corbin, « La douceur de l’ombre » et sur laquelle peut-être, comme moi, vous méditerez un moment:
L’arbre existe sans moi. La vie sous cette forme est pure de moi, sans subjectivité, sans projection. Devant l’arbre, ma chance est d’entrer directement en contact avec l’inconnu, le pas moi. Yves Bonnefoy.
J’aurais pu aussi choisir - puisqu’il s’agit de photographie - de recopier la première ligne de l’introduction Il savait voir l’arbre », écrit Péguy à propos de Victor Hugo. Où bien encore de reproduire quelques lignes de la quatrième de couverture : Ils ont été sidérés par la présence de l'arbre. Ils ont éprouvé l'admiration, mais aussi l'horreur, inspirées par ce végétal souverain. Presque tous ont guetté, écouté, la parole de l'arbre. Certains ont espéré profiter de ses messages, en faire leur mentor. D'autres, plus rares lui ont déclaré leur amour.(…) S'étendre sous les ombrages, s'y délasser, y méditer, s'enfouir dans le végétal, s'y réfugier, y grimper... À l'époque contemporaine, certains ont tenté d'incruster leur corps dans l'écorce, en espérant que le végétal ferait croître l'empreinte…(…) Ils, pour Alain Corbin, ce sont donc ceux qui depuis l’Antiquité ont su «voir l'arbre» et il nous invite à une longue promenade à la rencontre de l'arbre champêtre, de l'arbre haie, de l'arbre isolé et sauvage comme de l'arbre domestique.
Je me suis souvenu de tous ces arbres qui depuis mes premiers pas m’accompagnent sans que
vraiment je ne perçoive toute la place qu’ils occupent dans mon inconscient.
Les marronniers de mes premiers pas nantais, les grands pins des forêts de l’Aude près du châlet familial, les châtaigniers du pays d’Annot pour n’en citer que quelques uns… Les arbres mais aussi l’arbre, seul, et que je photographie sans jamais me lasser à Cagnes ou à Méailles…
J’ai acheté ce livre après avoir écouté son auteur à La Grande Librairie. "Historien et spécialiste du XIXe siècle en France, Alain Corbin est connu pour son approche novatrice de l’historicité des sens et du sensible." (Extrait de la 4ème de couverture).
« Il s'agit ici de l'histoire des émotions éprouvées par des individus qui, au fil des siècles, possédaient les mots pour les dire. » Le livre est passionnant même s’il n’est pas –pour moi du moins- de lecture toujours facile. Les Notes et le Glossaire de fin d’ouvrage me seront utiles, elles invitent le lecteur à poursuivre ses lectures vers d’autres découvertes.
J’ai choisi de vous présenter un extrait du chapitre IX, « L’arbre sensitif et l’empathie humaine » et qui correspond bien à mon état d’âme et d’esprit du moment, tel que vous avez pu le découvrir dans mes dernières Notes.
Extrait des pages 167 et 168, chapitre IX:
"L’arbre qui ressent est loin d’être condamné à la seule souffrance, lui qui pense, s’émeut, se réjouît, s’exalte jouit. Les arbres, rappellent Horace et Ovide, ont été émus par Orphée dont la lyre caressante entraînait sur ses pas les chênes envoûtés, avant que ceux-ci, pour marquer leur deuil du poète, ne se dépouillent de leur chevelure de feuillage. Il semble à Henri David Thoreau que les mélèzes du cap Cod sont heureux de décorer les flancs des montagnes rocailleuses. Dans une lettre à sa femme, Victor Hugo décrit les ormes qui s’amusent ; mais c’est Marcel Proust qui s’arrête le plus souvent sur le « bien-être » et le « sourire de l’arbre ». (…) Paul Claudel, quant à lui, évoque « l’extase heureuse » du cocotier, qui écarte ses palmes dans « le jour chaud et le long midi ». Bernardin de Saint-Pierre avait poussé plus loin l’anthropomorphisme dans ses descriptions des paysages de la nature. Chaque arbre, écrivait-il, porte avec lui un caractère particulier qui varie les scènes, et y exprime, pour ainsi dire, une passion."
Alain Corbin, LA DOUCEUR DE L’OMBRE L’arbre, source d’émotions, de l’Antiquité à nos jours © Librairie Arthème Fayard, 2013. ISBN : 978-2-213-66165-0
Illustrations:
Photographies Louis-Paul Fallot, arbres
2013, Haute-Provence et Cagnes sur Mer
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27.08.2013
Entre fuite et espoir (Nouvelles et Poèmes d’Antoine Vissuzaine)
C’est au Festival du Livre de Nice qu’Antoine est venu me présenter son livre. Un premier livre dont je ne doutais pas que l’écriture serait belle, connaissant d’autres récits publiés sur son blogue.
Le livre d’Antoine Vissuzaine a pour titre « entre fuite et espoir », déjà toute une évocation pour celui qui écrit ce billet et certains passages m’ont d’ailleurs ramené à des années pas si lointaines.
L’ouvrage comporte deux parties, l’une faite de Nouvelles, l’autre de Poèmes. J’ai commencé par les poèmes ; j’ai commencé par un poème et cela n’étonnera pas celles et ceux qui me connaissent un peu :
Je n’ai pas choisi de quitter les marais salants
Pour les massifs du Mercantour
De m’éloigner de mon pays d’enfant
Mais d’où je suis, j’ai retrouvé l’Amour (…)
Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : entre fuite et espoir, antoine vissuzaine, livre, poèmes, nouvelles | 17:22 | Facebook | Imprimer